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28/08/2012

La canne à tête de chien, de Boris Clément (chronique 2)

  CANNE_A_TETE_DE_CHIEN.jpgUne chronique de Jacques. 

Au départ de l’enquête, un évènement banal, comme l’actualité nous en  pourvoit  si fréquemment avec sa générosité coutumière : un transporteur de fonds de la société Scandisafe  prend la fuite au volant de son camion blindé en emportant  douze millions d’euros au nez et à la barbe de ses deux collègues.  Six millions d’euros sont rapidement récupérés avant que  l’avide convoyeur  ne soit   emprisonné, puis jugé et condamné à une peine de prison relativement courte, sans (naturellement) dire mot de l’endroit où le restant de la cagnotte est planqué.  

Bref, une affaire qui semble rondement menée et bouclée. Mais qui en réalité  ne fait que  commencer, car Di Natale pressent derrière ce banal détournement de fonds une affaire plus complexe. Naturellement il ne se trompe pas  car – ainsi que vous l’avez sans doute remarqué –  l’intuition des flics héros de nos polars préférés est autrement plus redoutable que celle des  flics authentiques, ceux  qui vaquent dans notre triviale réalité quotidienne.  L’auteur va donc nous entrainer dans les méandres tortueux d’une enquête dans laquelle nous croiserons des truands albanais, de mystérieux  militaires russes, des hommes d’affaires suédois et quelques autres personnages aussi redoutables que  plaisants ou étranges, selon le cas. L’intrigue est suffisamment complexe et bien agencée pour faire travailler les neurones d’un lecteur de polar exigeant et attentif, ce qui est le principal objectif  à atteindre dans ce genre littéraire.

Cependant, l'intrigue ne fait pas tout. L’originalité et la force des personnages sont aussi (en tout cas pour moi) une des clés de la réussite d’un bon polar. Je dois avouer qu'après avoir lu le premier chapitre de La canne à tête de chien, j’ai été particulièrement accroché par les personnages, qui sont une vraie réussite du livre. Boris Clément a particulièrement soigné les détails de leur vie passée ainsi que les traits marquants de leur personnalité et il leur confère ainsi une épaisseur très plaisante. Ainsi du lieutenant de police Eli Di Natale, trentenaire claudiquant et propriétaire de la canne éponyme du livre, ado attardé pour qui la vie est un jeu perpétuel et qui passe d’ailleurs l’essentiel de son temps libre sur des jeux vidéo. Ainsi son son copain d’enfance Zihzivic, dit H., victime du syndrome de Peter Pan et incapable lui aussi d’abandonner son adolescence.  H. que les hasards de la vie a fait rejoindre le camp des hors-la-loi mais qui tient à conserver avec Eli leur vieille amitié de cour d’école. Ainsi encore de la belle et sulfureuse Tabatha Stevens née d’une mère suédo-antillaise et d’un père anglo-iranien qui, avec ses capacités aussi grandes que diverses va aider Eli à progresser dans son enquête. Tous sont aussi originaux que surprenants.

La particularité (rare) de ce roman est l’étalement de l’histoire dans le temps. Dans pas mal de polars contemporains, l’enquêteur est toujours pressé :  sa hiérarchie piaffe, elle demande des résultats rapides et il y a une urgence à terminer l’enquête. Naturellement, cette urgence coïncide le plus souvent avec le désir de l’auteur de maintenir à sa narration un rythme haletant. Ici au contraire, l’enquête s’étale sur plusieurs années sans que le lecteur en soit le moins du monde gêné : le suspense demeure toujours présent même si au détour d’un paragraphe ce sont six mois qui se sont écoulés.

La tonalité générale du roman est fluide et légère, aux antipodes de celle des romans d’un Indridason ou d’un Mankell (que j’apprécie beaucoup par ailleurs).  L’humour ou l’ironie sont souvent au rendez-vous, en particulier dans les relations entre Eli et son truand de copain, et l’écriture de Boris Clément est plaisante, efficace, sans graisse superflue.

  A l’attention de l’éditeur (Kirographaires), je voudrais tout de même relever quelques coquilles qui mériteraient d’être corrigées dans de futures réimpressions. Plusieurs  mots (sept ou huit dans le livre)  sont écrits de façon surprenantes comme rĔliée ou rĔligion au lieu de reliée ou religion. J’ai pensé au début qu’il s’agissait d’un indice laissé par l’auteur pour donner au lecteur une piste, hélas je penche plutôt  maintenant pour une simple erreur de typographie.  

Une erreur qui ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : La canne à tête de chien est  un  bon  premier roman, aux  personnages solides et originaux, à l’intrigue bien ficelée et à l’écriture agréable.  Attendons la suite… le deuxième roman, le plus difficile !

 Jacques, (lectures et chroniques)

Une autre chronique sur ce roman : celle d'Albertine.

Présentation de l'éditeur.

Un convoyeur de fonds prend la fuite avec le contenu de son fourgon blindé, quelque 12 millions d’euros. Le commissaire Eli Di Natale, ex-étoile montante de la police judiciaire de retour en service après une année d’arrêt maladie, est chargé de le traquer à travers la France. Mais quand le braqueur se rend sans son butin, Di Natale comprend que l’enquête ne fait que commencer, que ces millions attisent bien des convoitises…

La canne à tête de chien
Boris Clément
Editions Kirographaires
21,45 €

Commentaires

Merci pour cette entrée en matière qui m'a donné envie de me procurer ce livre !
Au plaisir de vous lire à nouveau.

Écrit par : Du chien | 10/09/2012

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