31/10/2012
Sacrifices, de Pierre Lemaitre (chronique 2)
Une chronique de Paul.
Tandis qu’elle flâne dans le bas des Champs-Elysées, près d’une galerie marchande refuge des commerces de luxes, Anne Forestier, en farfouillant dans son sac à main, se barbouille la main avec l’encre de son stylo qui fuit. Elle avise des toilettes et tombe nez à nez avec deux hommes habillés de combinaisons noires, cagoules baissées et armés de fusils à pompe. Tout le monde est surpris mais l’un des deux individus se sert de son arme pour frapper Anne au visage, pour la molester (les policiers aiment bien ce verbe paraît-il), pour la frapper violemment à coups de pieds alors qu’elle gît à terre, puis il traine le corps sur une trentaine de mètres, juste à l’entrée d’une joaillerie avant de s’engouffrer dans la boutique. Les malfrats dévalisent la bijouterie en brutalisant l’employée et la propriétaire. Anne qui était dans les vapes parvient à se trainer péniblement sur le trottoir. Des coups de feu sont échangés, pourtant Anne se relève, titube et marche comme un zombie. Les truands sont récupérés par un troisième homme qui conduit une voiture et s’échappent en arrosant les environs à l’aide de leurs armes à feu.
Ce braquage a été enregistré par des caméras de surveillance et Camille Verhœven visionne le film avec stupeur et angoisse. Car la quadragénaire qui a été pris à partie par les voleurs n’est autre qu’Anne Forestier, celle qui partage sa vie depuis quelques mois. Et quoiqu’il fasse partie de la Criminelle et que cette affaire n’est pas de son ressort, il s’en empare en avertissant succinctement la commissaire divisionnaire Michard, qui a remplacé dans le service Le Guen, son ami Le Guen qui vient d’être promu à un poste supérieur. Il argue qu’il ne s’agit pas que d’un banal hold-up mais qu’il y a eu présomption de tentative de meurtre aggravé. Et il invente une histoire invraisemblable d’indic qui pourrait, éventuellement, peut-être, lui donner, lui fournir un début de piste, etc. Il affirme ensuite au juge Pereira que la divisionnaire accepte que l’enquête lui soit confiée et vice versa.
Camille va mal. Sa femme Irène, décédée cela fait quelques années mais à laquelle il se réfère toujours, est toujours présente dans ses pensées. Son adjoint et ami Armand vient de mourir d’un cancer et il assiste le jour même à son enterrement. Et maintenant Anne passée à tabac par des voyous. Si Le Guen autorise mollement son implication dans cette affaire, il ne lui dit pas tout, ni à son ami et adjoint Louis. Il leur cache sa liaison avec Anne, on se demande pourquoi.
Anne est transportée dans un hôpital et Camille lui rend visite. Elle peut à peine parler et les médecins restent sceptiques sur l’évolution de sa guérison. Camille, et Louis, pensent que ce braquage est lié à ceux qui ont été perpétrés quelques mois auparavant, et pensent à un certain Hafner. Une infirmière aperçoit un homme déambulant dans les couloirs de l’hôpital et croit distinguer sous son vêtement un fusil. Mais elle n’est sûre de rien. Toutefois elle en informe Camille qui prend la menace au sérieux.
Cette histoire se déroule sur trois jours, et peu à peu la tension monte. Si le final est sous pression, il en reste toutefois une impression de préfabriqué. Le machiavélisme, le diabolisme dont avait fait preuve Pierre Lemaitre dans Robe de Marié ou dans Alex sont moins convaincants dans ce roman dont certains passages donnent un sentiment de remplissage. Ce n’est plus de la haute couture comme nous avait habitué l’auteur, ni même du sur-mesure, mais du prêt à porter, ou plutôt du prêt à lire. Plaisant mais sans plus, comme un roman formaté issu d’un atelier d’écriture américain. Mais comme il s’agit du troisième tome d’une trilogie consacrée à Camille Verhœven, peut-être Pierre Lemaitre en le rédigeant pensait à un nouvel opus plus en adéquation avec son style et son inspiration.
Paul (Les lectures de l'oncle Paul)
Une autre chronique sur ce roman : celle de Jacques.
Sacrifices
Pierre Lemaitre
Editions Albin-Michel (3 octobre 2012)
362 pages, 20 €
15:07 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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