03/11/2012
Le message du pendu, de Pieter Aspe
Une chronique de Cassiopée.
Pieter Aspe a un style bien à lui, un mélange de clins d’œil coquins avec des allusions aux bonnes choses de la vie: une bière fraîche, une compagne en nuisette affriolante, de belles femmes à regarder (uniquement du bout des yeux !!), des enfants câlins, des amis complices ….mais aussi un aperçu pas si superficiel qu’il en a l’air sur la société belge, la ville de Bruges et les requins dans le monde de l’économie…
Panachez les deux, avec intelligence et discernement et vous obtiendrez un livre agréable à lire, pas compliqué (malgré les noms flamands aux consonances particulières qu’il faut repérer, ingurgiter et digérer) mais pas non plus totalement dépourvu de réflexions.
Pour ceux qui connaissent les protagonistes, nous retrouvons le commissaire Van In et son épouse Madame la Juge: Hannelore, l’adjoint Versavel (qui préfère les hommes) et une petite nouvelle, préposée pour aider Van In. Elle s’appelle Carine, elle a envie de faire « un bébé toute seule » (mais elle a une idée bien précise du futur géniteur) et elle est experte pour rater le café (même moi, qui ne bois que du thé, je suis capable d’en faire un acceptable, c’est dire si elle est nulle dans ce domaine !).Elle a un autre trait de caractère qui peut la définir, elle a « le sang chaud » et ne rate (ce n’est pas comme le café ;-) aucune occasion de le démontrer.
Elle va donc mettre son grain de sel (ou de sable c’est selon) dans le couple que forment nos deux héros et cela pimentera un peu plus leurs relations, qui sont déjà loin d’être lisses comme une eau calme. L’union juge/ commissaire (je la mets en premier car elle me semble porter « la culotte » malgré ses robes courtes….) est singulière et ne manque pas de piment, de rebondissements, d’anecdotes, qui apportent un plus à l’enquête menée de front par chacun d’eux.
Qu’en est-il cette fois ci de l’écheveau qu’il faut démêler ?
Une famille est retrouvée morte, décimée, le père semble s’être suicidé après avoir tué femme et enfants. C’est terrible mais que dire, que faire, les faits sont là. Sauf que Van In, malgré la chaleur qui l’épuise, remarque un petit détail…Fruit de son imagination ? Idée saugrenue à cause de la canicule qui fatigue ? Réalité à approfondir ? Il décide, malgré les airs goguenards de quelques uns autour de lui de creuser (il vaut mieux pour le lecteur …. dans le cas contraire, le roman se serait résumé à barbecue, galipettes et Duvel…) et d’aller plus loin à la découverte du mari et de sa belle-famille. Un témoignage d’une call (ou escort) girl apportera un autre éclairage, la rencontre avec d’anciens camarades d’études (dont le mort faisait partie) aussi.
Il fait chaud, très chaud et de Duvel en Duvel, notre commissaire avancera.
« Les oiseaux migrateurs parcourent chaque année de longues distances pour répondre aux forces de la nature, les touristes font la même chose pour tuer le temps et lui, eh bien, il se déplaçait là où l’attirait la robe ambrée de la Duvel. »
Je ferai ici un petit aparté: Pieter Aspe reçoit-il autant de Duvel que de fois où il écrit le nom dans ses livres ? C’est impressionnant… De plus, cette incitation à boire de la bière… Un bon thé ou une eau gazeuse, c’est meilleur pour la santé et ça n’altère pas la perception des événements (on ne se retrouve pas au petit matin à se demander si …pendant la nuit….). Je termine ma parenthèse.
En progressant dans l’enquête, la société bien pensante brugeoise sera écornée, les groupes financiers mondiaux aussi …. mais tout cela par petites touches, cet opus restant malgré tout une lecture qui « coule » toute seule.
C’est le style Pieter Aspe et il faut le prendre pour ce qu’il est : un récit agréable, avec quelques touches sérieuses assez discrètes, de l’humour et un ensemble qui tient la route.
Amateurs de romans policiers apportant une réflexion profonde, passez votre chemin.
Titre: Le message du pendu
Auteur: Pieter Aspe
Éditions: Albin Michel (31 Octobre 2012)
Genre: polar
Nombre de pages: 300
ISBN: 9782226244383
Quatrième de couverture
La canicule frappe Bruges. Van In et Hannelore aspirent au farniente et aux barbecues, mais la découverte d'un véritable carnage dans une villa huppée à proximité d'un canal coupe court à leur programme. Une femme et ses deux enfants ont été sauvagement assassinés. Le mari, principal suspect, est retrouvé pendu. Suicide ? Le cerveau de Van In est en ébullition : la chaleur lui jouerait-elle des tours ? L'assassinat d'une prostituée de luxe, les finances louches du pendu, ainsi que l'étonnante implication de la CIA ne tardent pas à compliquer ce qui semblait être, à première vue, un simple drame familial. Humour, intrigue complexe où se mêlent monde de l'entreprise, milieux politiques, critique sociale et regard acéré sur Bruges et la côte belge : Aspe fait du Aspe, mais de mieux en mieux !
21:15 Publié dans 04. autres polars | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.