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29/03/2013

« 41 », de Rogelio Guedea (chronique 2)

41.jpgUne chronique de Cassiopée.

Procès verbal numéro 37 (trente-sept)

St E, France, le 27 (vingt-sept) mars 2013 (deux mille treize). Ce jour, à 21 heures, a comparu devant le greffier et le responsable de transmission, un individu de sexe féminin, qui après avoir promis de donner son avis en toute sincérité, a dit s’appeler :

CASSIOPÉE, de nationalité française, âgée d’une cinquantaine d’années, état civil: lectrice boulimique, niveau de lectures: polars et thrillers.

A fourni sa pièce d’identité (la photo correspond à la personne que nous écoutons) et a déclaré à la lettre ce qui suit:

L’auteur de cet opus (ex fonctionnaire fédéral mexicain) a fui son pays suite à de nombreuses menaces de mort. Il a mis sans doute beaucoup de ce qu’il a vécu dans les pages qui composent le roman dont on parle. Cassiopée reconnaît que la présentation est originale. L’histoire linéaire à la troisième personne avec deux entrées (l’enquête d’une part et le « suivi » du Japonais d’autre part), étant entrecoupée de procès verbaux et annexes. Ces derniers étant retranscrits au mot près, dans un style oral, alourdissent le texte et ont emporté Cassiopée sur des chemins de traverse qu’elle ne voyait pas toujours aboutir… Dommage, l’idée était bonne a-t-elle attesté mais la forme trop pesante. L’équilibre (moitié histoire, moitié procès verbaux et annexes) n’était peut-être pas le meilleur a jugé Cassiopée, mais elle a souligné, que cela restait son avis et qu’il était possible de penser autrement. De plus, quelques repères temporels auraient été les bienvenus pour situer, entre autres, le Japonais at-elle insisté.

Cassiopée a souligné que l’ambiance de corruption (la drogue, le sexe…) était très bien décrite dans un style réaliste, parfois trop à son goût. Le vocabulaire grossier et les scènes « sauvages » l’ont dérangée, elle n’a pas pensé qu’il était nécessaire d’insister autant pour comprendre le mal-être des personnages. Il aurait peut-être été préférable de partager un peu plus leurs pensées…

D’après elle, les policiers ne sont en rien attachants, obligés d’obéir à leurs supérieurs, sans réfléchir, pour ne pas perdre leur travail. Ils ne semblent guère humains, sont « bruts de décoffrage » et réfléchissent peu…

Le Japonais, le Métallo et autres individus croisés ça et là sont plus dans l’action que dans la réflexion. Un complément sur leur parcours personnel aurait été intéressant.

Les pages sont dominées par les faits, comme dans un film et seuls les procès verbaux apportant un autre éclairage, permettent d’accrocher le lecteur.

D’ailleurs, cette lecture est froide, glauque, décrivant un univers sombre, triste aussi. On est loin du Mexique ensoleillé. Un peu de « fond » manque aux personnages qui semblent très superficiels, seulement intéressés par le sexe, la drogue, la violence pour certains …

La fin a bluffé la lectrice, remontant ainsi son appréciation globale du livre. Pour cela, il serait bon dans l’avenir, de relire cet écrivain, qui n’utilisera peut-être pas tout le temps le même procédé de narration.

N’ayant rien de plus à ajouter, je confirme ce qui est exposé ci-dessus de ce procès verbal que je signe dans la marge devant le greffier et le responsable. Cassiopée

Le greffier                                Le responsable de la retransmission

NB: Pourquoi « 41 »?

Le scandale le plus éclatant des XIXe et XXe siècles fut le dénommé « Bal des quarante et un » ou « Bal des quarante et un maricones » (insulte désignant les homosexuels)17,18. Il fait référence à une descente de police effectuée le 18 novembre 1901, sous la présidence de Porfirio Díaz. La descente, réalisée dans la rue de la Paix (aujourd'hui rue Ezequiel Montes), était dirigée contre un bal d'hommes qui se déroulait dans une habitation de particuliers, où 22 étaient habillés en hommes et 19 étaient habillés en femmes. La presse mexicaine s'est repue de la nouvelle, malgré les efforts du gouvernement pour étouffer l'affaire, en raison de l'appartenance des hommes arrêtés aux classes élevées de la société porfirienne.

 

Cassiopée

A lire : la chronique d'Albertine sur ce roman.


Titre: 41
Auteur: Rogelio Guedea
traduit de l’espagnol (Mexique) par Florence Olivier
Éditions Ombres Noires, octobre 2012
Nombre de pages: 224
ISBN: 978 2 0812 7795 3

L'auteur

Rogelio Guedea est né au Mexique en 1974, où il a exercé la profession de fonctionnaire fédéral. Il a quitté le Mexique avec sa famille à la suite de nombreuses menaces de mort. Aujourd’hui, il vit en Nouvelle-Zélande où il enseigne la littérature hispanique. Il est considéré comme l’une des nouvelles voix du polar mexicain. 41 a reçu le Premio Interamericano de Literatura Carlos Montemayor. Il s’agit de son premier roman traduit en France.
Quatrième de couverture


Tiré d’un fait divers réel, ce roman sans concession montre jusqu’où peut aller la perversion des plus vils personnages politiques dans un pays rongé par la corruption.
Des traces de sang sur le pare-choc arrière d’une voiture. Dans le coffre, le cadavre de Ramiro Hernández Montes, tué par balles. Situation pour le moins embarrassante pour le frère de la victime qui espère son élection au poste de gouverneur de l’État de Colima. Quatre flics sont chargés de l’enquête avec pour consigne de l’étouffer. L’enquête révèle une série d’assassinats d’homosexuels, tous abattus avec un calibre .41, mais aussi les orgies organisées dans des villas luxueuses et le goût de certains notables pour les enfants.
Ailleurs dans la ville, un gamin livré à lui-même se lie d’amitié avec un adulte qui ne tarde pas à l’initier à la drogue et au sexe. Un jour, on le présente à un couple, Roi Camilo et Reine Sofía…

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