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28/03/2013

Nid de guêpes, de Inger Wolf

nid_de_guepes.jpgUne chronique de Jacques.

Inger Wolf est une auteur danoise encore inconnue en France, publiée par une nouvelle maison d’édition : Mirobole Éditions. Cette maison, située à Bordeaux et créée par deux jeunes femmes, est spécialisée dans la publication d’auteurs non francophones. Elle démarre avec deux collections, « Horizons noirs » pour la littérature policière et « Horizons pourpres » pour la littérature fantastique, « qui formeront à terme un catalogue de 8 à 10 titres par an », nous disent les deux responsables. Nid de guêpes est donc le premier titre de la collection Horizons noirs et le quatrième livre de son auteur mais le premier publié en France.

Quelle est l’originalité de ce roman ? Le petit quelque chose qui fait qu’on ne pourra pas l’oublier aussi vite que la plupart des autres, de tous ceux qui semblent sortis des mêmes moules préfabriqués ?

Pour les lecteurs français, l’originalité pourrait être suscitée par le léger décalage culturel franco-danois, une immersion littéraire dans un pays que nous pourrions connaitre mieux qu’en passant quelques jours dans un hôtel d’Arhus, la ville portuaire dans laquelle se déroule le récit. Mais nous devons nous faire une raison : la vie au Danemark ressemble étrangement à la vie en France, et la vision du Monde des danois, leur mentalité, ne sont pas si différentes de la nôtre. C’est même à croire que l’Europe existe réellement, autrement que par la crise économique qui la secoue !

Donc, dépaysement et exotisme non garantis par la lecture. Mais, lecteurs friands d’histoires policières que vous êtes, sans doute vous dites-vous « peu m’importe l’exotisme, ça n’est pas pour ça que je lis des polars » : c’est, ma foi, un point de vue qui se défend !

Qu’en est-il donc de l’intrigue et des personnages de ce Nid de guêpes ?

Un adolescent a été retrouvé mort dans des conditions suffisamment étranges pour éveiller l’intérêt du lecteur : tout autour du corps se trouve un amas de guêpes mortes, enduites de laque, de plus les lèvres du jeune garçon ont été découpées. Rien de gratuit dans ces actes, tout s’éclairera à la fin du roman et fera sens, mais en attendant les révélations finales, le lecteur gambergera dur pour tenter de comprendre les motivations du tueur.

Premier point positif : Inger Wolf a réussi le subtil et délicat alliage entre polar pur et dur et thriller. Une enquête policière solide, que ne renieraient pas Kurt Wallander ou Hieronymus Bosch, mêlée à un suspense d’enfer digne des Lehane, Coben ou Grange.

Naturellement, pour réussir ce savant dosage, il nous faut un tueur à la hauteur, assez tordu pour être intéressant, mais tout de même pas trop pour ne pas gâcher la crédibilité de l’histoire. Nous l’avons : l’auteur a en effet imaginé une histoire familiale sordide et terrible, dans laquelle deux jeunes enfants sont les victimes innocentes d’un père fortement perturbé, ce qui aura sur leur développement psychique les conséquences que l’on imagine... et qui seront à la source des meurtres.

Il nous faut aussi un enquêteur à la personnalité suffisamment forte pour accrocher l’intérêt du lecteur. Il se nomme Daniel Trokic et il est un danois d’origine croate, dont la famille a connu les horreurs de la guerre dans les Balkans des années 90. Rappelé en urgence de Zagreb où il passait des vacances en famille, le commissaire Trokic dirige l’équipe chargée de retrouver le meurtrier, et avec lui nous suivons plus particulièrement deux des flics : Lisa Kornelius et Jasper Taurus, aussi bien dans leur vie personnelle que dans leur enquête, celle-ci étant tout de même largement privilégiée. Autre personnage du roman particulièrement bien décrit, celui de Sander (Alexander Heiberg), jeune homme hospitalisé dans un service de psychiatrie, qui va jouer un rôle central dans l’histoire.

Deux points forts pour ce roman : une intrigue solide et des personnages bien campés. Si le nom du tueur est connu assez rapidement, l’auteur a l’habileté de masquer sa véritable identité jusqu’au dénouement de l’histoire. Et il est, pour le lecteur, difficile à démasquer ! Quant aux personnages, ils sont suffisamment analysés et fouillés dans leurs ressorts psychologiques pour que nous puissions trouver de l’intérêt à leur compagnie. Enfin, le suspense est présent jusqu’aux dernières pages, sans artifice ni exagération grand-guignolesque.

C’est donc du bon polar, solide, bien ficelé et qui devrait plaire à un large public que nous proposent Mirobole Éditions pour ce premier livre.

 Jacques, lectures et chroniques

 

Nid de Guêpes
Inger Wolf
Traduit du danois par Alex Fouillet
Mirobole Editions (mars 2013)
Collection Horizons noirs
380 pages ; 21,50 €

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