01/05/2013
Entretien avec Eric Maneval
A ce jour, Eric Maneval a publié deux romans : Retour à la nuit, aux Éditions Écorce, et Rennes-le-Château. Tome Sang, aux Éditions Polars & Grimoires.
Voici l'entretien que Cassiopée, qui a chroniqué Retour à la nuit, a eu avec l'auteur.
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Cassiopée. J’ai lu que vous aviez quitté l’Ardèche pour Marseille… Qu’est-ce qu’il vous manque chez l’une, qu’est ce qui vous attire chez l’autre ?
Eric Maneval. Ce qui m’attire à Marseille, c’est que rien ne m’y manque vraiment. Tout y est.
Cassiopée. Votre roman « Retour à la nuit » est sombre, les personnages sont cabossés, diriez vous que « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » ?
Eric Maneval. Oui, le roman est sombre mais ne revêt aucune portée philosophique ou morale. Il s’agit d’une recherche esthétique. Le projet était d’écrire quelque chose de noir et d’oppressant. Afin d’être crédible et d’entrainer le lecteur, il me fallait utiliser le moins d’artifices possibles et tâcher de faire perdre au lecteur tous ses repères. La nuit, la solitude, le foyer et ses constantes réminiscences enfantines et nocturnes, le style minimaliste sont juste là pour servir ce projet esthétique. Si je dois commenter la formule de Johnny, je dirais que du moment que « noir c’est noir », c'est-à-dire que le noir est affirmé, il y a de l’espoir. Je ne sais plus ou j’ai lu ou entendu ça, dans un film je crois, « tout ce qui existe dans l’obscurité existe dans la lumière ». C'est-à-dire que l’idée esthétique est de considérer la nuit non pas comme le contraire du jour mais comme un jour noir. Ce qu’il s’y passe dans le roman n’est pas tellement différent de ce qui pourrait se passer le jour, c’est juste une différence d’éclairage. Les personnages ne sont pas plus désespérés que la journée, c’est juste que l’obscurité, le silence et la solitude parviennent à enluminer des instants, à les rendre éblouissants. Je joue beaucoup avec cette sorte de lumière noire dans le livre.
Cassiopée. Vous dites écrire la nuit, le faites vous pendant que vous travaillez ? Est-ce un moyen de vous occuper l’esprit, d’évacuer l’obscurité qui nous envahit à cette période de la journée, d’écrire en étant presque sûr de ne pas être dérangé, parce que l’inspiration vient à vous à ce moment-là, ou pour tout autre raison?
Eric Maneval. Pour ce roman, j’ai effectivement écrit la nuit, en situation puisque j’exerce le même métier que le narrateur. Mais ca n’a pas plus d’importance que cela, on peut écrire des choses très obscures en plein soleil.
Cassiopée. Antoine, le personnage principal de « Retour à la nuit » est très souvent sur le « fil du rasoir », ambigüité de ses relations, de ses sentiments (attirance et rejet pour Ouria par exemple), pensez-vous que ses rapports seraient différents s’il travaillait le jour ? La nuit influence t elle nos comportements ?
Eric Maneval. Un des ressorts de l’intrigue est que le lecteur, qui s’identifie au personnage, en vienne à lui aussi à croire détenir une vérité nocturne, vérité qui s’avérera totalement trompeuse. La nuit est propice à l’intimité, aux confessions et sans doute à l’émergence de vérités diverses et relatives. Ce qu’il se passe entre le narrateur et la jeune fille est qu’ils s’identifient par leur failles et leurs traumatismes et cela semble possible que parce que tous les autres dorment.
Dans la réalité, les gens qui travaillent la nuit (mis à part ceux du spectacle ou de la fête) sont juste plus fatigués, hébétés et généralement, supportent de moins en moins les bruits de la journée et la vacuité des activités diurnes, D’après une étude lue je ne sais plus ou, les gens qui travaillent la nuit vivent 10 ans de moins que les autres. Récemment, j’ai été invité à discourir sur la symbolique de la nuit face à un public de professionnel du milieu médico-social intervenants la nuit, ils avaient lu mon livre, ca été une expérience d’une grande richesse, ils avaient compris immédiatement beaucoup de choses dites dans le livre.
Cassiopée. Je vous offre la possibilité de rencontrer un auteur vivant ou décédé, qui choisissez-vous et pourquoi ?
Eric Maneval. Je me suis rendu compte que rencontrer un auteur que l’on aime n’est pas toujours une bonne idée. Parfois, il y a toute une magie qui s’écroule. Ces rencontres devraient justement peut-être s’opérer la nuit bien plus propice à la confrontation de deux imaginaires, celui de l’auteur et celui, souvent bien plus puissant du lecteur. C’est pour ça que les salons ou les séances de dédicaces sont extrêmement frustrants. Néanmoins, offrez moi la possibilité de rencontrer Charles Willeford, à mes yeux, un des auteurs les plus importants du domaine noir ainsi que parmi de nombreux autres, Richard Lortz, Claude Seignolle, G.J. Arnaud, Scerbanenco, Jim Thompson …
Cassiopée. Si vous deviez choisir une couleur pour vous définir, prendriez vous le noir ?
Eric Maneval. Je ne sais pas.
Cassiopée. Etes-vous en train d’écrire un nouveau roman, voulez vous nous dire en quelques mots ?
Eric Maneval. Depuis « Retour à la nuit » , j’ai écrit et publié un autre roman « Rennes le château tome sang » aux éditions « polar et grimoire », c’est un roman qui s’attaque au mythe de Rennes-le-Château, a la vie extraordinaire de l’abbé Béranger Saunière et à l’apocalypse de Bugarach. Ce qu’il démontre entre autre, c’est que l’apocalypse du 21 décembre2012 a bien eu lieu et pour l’instant, personne ne s’en est rendu compte, pour l’instant.
Sinon, je n’ai rien écrit de probant depuis, j’ai une dizaine de manuscrits en route mais il se peut qu’aucun ne voit le jour.
18:13 Publié dans 07. Les plus récents entretiens avec des auteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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