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05/12/2013

Le syndrome de Croyde, de Marc Welinski

syndrome_croyde.jpgUne chronique de Jacques.

 Paranoïaques s’abstenir !

 Quelqu’un semble vous en vouloir, rôder autour de vous comme une ombre menaçante. Il ne vous vise pas directement, mais partout où vous passez, une personne meurt, poussée sous une rame de métro ou du sommet d’un lieu élevé. Les deux premières fois, vous pouvez croire à une coïncidence, mais quand celle-ci se répète, votre rationalisme prend le dessus et vous devez vous faire une raison : quelqu’un vous en veut et vous menace par ces meurtres de façon indirecte... à moins qu’il ne cherche à vous déstabiliser, mais qui ? Il y a de quoi devenir paranoïaque, d’autant plus que vous ne vous connaissez pas d’ennemi... sauf, peut-être...  

 C’est Agnès qui est la témoin de ces drames successifs, c’est elle dont la vie va être bouleversée, ainsi que le couple pourtant uni qu’elle forme avec Dany. Agnès, la femme forte, qui mène une carrière brillante comme directrice générale d’une maison de parfums mondialement connue, la séduisante Agnès qui va peut-être être nommée femme d’affaires de l’année par un magazine américain. Se pourrait-il que son apparent équilibre cache une faille psychologique ? Qu’elle n’ait pas tout dit de son passé à son mari ? 

 Il se trouve qu’Agnès et Dany ont deux amis de longue date, Anne et Franck, qui sont tous les deux psychiatres. Deux amis jadis mariés, dont le couple a éclaté quand le mari s’est emmouraché d’une étudiante russe. Or la psychiatrie pourrait expliquer ces coïncidences. Le syndrome de Croyde, selon Anne qui va bientôt partager sa connaissance du sujet avec Dany, est une pathologie psychiatrique qui touche des individus fascinés par le vide. Ils peuvent soit se suicider en se jetant du haut d’une falaise où d’un bâtiment, soit avoir des pulsions meurtrières qui les poussent au contraire à balancer dans le vide des personnes qu’ils ne connaissent pas, sans aucune motivation apparente.

 La quête du roman se situe là : quelle est la personne, victime du syndrome de Croyde, qui est responsable de ces meurtres ? Un ancien amant d’Agnès, qu’elle a plaqué quelques années plus tôt et qui semble resurgir opportunément ? Son mari ? Agnès elle-même ? Ou bien... ?

 Le roman est construit en deux parties, chacune ayant un narrateur différent. Dany, le mari, nous fait découvrir de découvrir les différents protagonistes et installe l’histoire dans la première partie. Agnès, dans la deuxième partie, permet au lecteur de résoudre cette énigme policière, qui marie avec bonheur la psychologie des personnages, les problèmes psychiatriques liés au syndrome de Croyde et une intrigue qui balade le lecteur avec une habileté consommée. 

Que le syndrome de Croyde soit une réalité psychiatrique ou une pure invention n’a aucune importance : l’auteur rend son histoire suffisamment crédible pour que le lecteur se prenne au jeu, échafaude des hypothèses, tente de comprendre les rouages de l’intrigue et vibre avec certains personnages. Il réussit cela par une grande concision de style, une écriture sobre et claire, des personnages fouillés et cohérents, et surtout une intrigue superbement ciselée qui surprend le lecteur jusque dans les dernières pages : ce roman de Marc Welinski  est, de ce point de vue, une réussite !

 

Jacques, lectures et chroniques

  

Le syndrome de Croyde
Marc Welinski
Editeur :
Editions Daphnis et Chloé (5 décembre 2013)
Broché: 513 pages ; 18 €

 



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