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22/04/2017

Au nom des pères, d’ Oliver Bottini

au_nom_des_peres.jpgUne chronique de Cassiopée

Victime ou coupable ?

Deux hommes immobiles…Un dans la maison, l’autre à l’extérieur… Rien ne les relie en apparence et pourtant, leurs routes se croisent. Le premier est chez lui, le second lui dit que cette maison est sa maison, qu’il la veut… Que comprendre, que croire, qu’imaginer ? Quelle est la part d’ombre de chacun, que cachent, que taisent ces deux là ?

Louise, policière atypique, va mener l’enquête. Sortant parfois des sentiers battus, elle va marcher sur les traces de ces êtres blessés, cabossés par la vie, qui ont subi plus qu’ils n’ont choisi et qui se retrouvent face à leur destin.  Ce sont toutes les étapes de la douleur que nous allons revisiter. Tout un passé lourd de sens, de non-dits, de secrets qui pèsent sur une vie, imprègnent tout jusqu’à devenir obsessionnels…. Qu’ont-ils vécu, vu, entendu, décidé, supporté sans pouvoir aller contre pour devenir ce qu’ils sont ? Et surtout sont-ils victimes ou coupables ?

C’est toute cette ambivalence, omniprésente dans le roman, à laquelle s’attache Oliver Bottini et ce qui est très fort, c’est qu’il distille petit à petit des éléments importants pour nous permettre de nous faire une opinion…Si on y arrive, car la situation est tellement complexe qu’il est difficile de se prononcer. D’ailleurs, à aucun moment, l’auteur ne juge, ne donne une réponse, il énonce des faits, de plus en plus graves et nous laisse décider. Evoquant des événements dont je n’avais jamais entendu parler (et je me suis demandée si les lecteurs allemands étaient plus au courant que moi, sans doute, mais pas si sûr puisque Louise, notamment découvre ces années antérieures) notamment les « Allemands de Yougoslavie », le camp Valpovo et bien d’autres choses encore ; il a su m’intéresser à l’Histoire (avec un grand H) d’un pays proche de nous.

C’est avec une écriture dense, épaisse, sombre comme l’atmosphère et la météo de ce livre qu’Oliver Bottini nous livre ses réflexions, parce qu’au-delà de l’intrigue, il offre un panel de pensées sur les relations humaines, sur les conséquences des choix du passé. En nous présentant Louise, qui a été addict à l’alcool, qui ne sait pas très bien où elle est de sa vie sentimentale, qui se pose un certain nombre de questions, il nous offre le portrait d’une femme forte et fragile à la fois, toute en ambivalence mais également toute en retenue. Sa façon de mener ses investigations m’a bien plu. Elle a su être opiniâtre et discrète, obstiné jusqu’au bout. Je dirai qu’elle a l’ambition de sa volonté et cela a énormément d’importance. On la sent concernée (et je ne parle pas seulement de ses recherches) par tout ce qu’elle vit. Peut-être que le côté « humain » prend trop de place dans sa vie professionnelle, mais c’est aussi cela qui la rend solide car elle en a besoin pour avancer. Elle ne peut pas rester à distance, si elle s’investit, c’est à fond tant dans son métier qu’auprès de ses amis (et pourtant, parfois, sa copine Jenny la « saoule » ;-)

Au départ ce style, à la  Henning Mankell, qui -prend -son -temps -et –qui- décortique, analyse et fait quelques digressions, m’a un peu désarçonnée, moi, qui préfère que les choses bougent vite. Et puis, je me suis totalement imprégnée de cette cadence, j’ai adhéré corps et âme à ce faux rythme et j’ai alors pu me plonger dans l’histoire. J’ai aimé l’approche psychologique des personnages, par petites touches, dessinant au fur et à mesure leur personnalité tourmentée, j’ai apprécié cette ambiance brumeuse, laissant régner un flou qui convient à merveille au contenu tout en ambiguïté.  Un auteur que je relirai avec grand plaisir.

Au nom des pères
Auteur : Oliver Bottini
Traduit de l’allemand par Didier Debord
Éditions : de l’Aube (Avril 2017)
Collection : L’Aube noire
400 pages
ISBN : 978-2-8159-1228-0


Quatrième de couverture

Fin de semaine automnale et triste. Alors que Paul Niemann regarde la télévision dans son salon, l’homme lui murmure un étrange ultimatum : « Cette ­maison sera à moi dans sept jours. » Puis il ­disparaît aussi mystérieusement qu’il est ­apparu. De fait, au septième jour, la maison brûle… Qui est cet homme ? Pourquoi s’en prendre à cette famille, d’apparence tranquille ? Il faudra toute la perspicacité de Louise Bonì, son infaillible instinct et son manque total de ­respect envers la hiérarchie et les procédures, pour trouver le début de l’écheveau – qui la conduira jusqu’en ­Croatie pour un face-à-face tenant du suicide.