04/03/2020
"Chez nous", de Louise Candlish (Our House)
Une chronique de Cassiopée
Machiavélique
« Chez nous », c’est « la » maison, celle de Fiona et Bram, le lieu où ils vivent avec leurs deux enfants. Un endroit où on construit une vie de famille, avec des racines profondes, faites pour durer. Cette demeure sera au centre de ce roman, presque en tant que personnage principal et c’est déjà une façon de faire très originale. Malheureusement Bram a « dérapé » et la séparation est inévitable, Fiona ne souhaite pas continuer la route avec lui. En bons parents, ils décident de préserver leurs fils, Harry et Leo qui sont encore jeunes. Pour cela, ils garderont leur belle résidence dans Trinity Avenue, un quartier plutôt chic de Londres. Ainsi, pour les garçons seront maintenus dans leurs habitudes :leur chambre, l’école, les copains, et Papa / Maman vivront avec eux à tour de rôle. Le reste du temps, les parents résideront dans un petit logement qu’ils partageront. Solution idéale sur le papier mais dans la réalité….
Les premières pages du livre nous plongent dans le quotidien de Fiona qui revient chez eux (alors que ce n’est pas son tour de garde) parce qu’elle a besoin de son ordinateur. Le lecteur entre de plain-pied dans l’angoisse que ressent cette femme : les pièces ont été vidées de leurs meubles, père et enfants ont disparu et un couple est en train de s’installer, disant avoir acheté et être propriétaire. Fiona ne comprend rien, n’arrive pas à joindre son époux. Que s’est-il passé ?
Le lecteur est tout de suite accroché par cette entrée en matière. Il se trouve au cœur des événements et se pose autant de questions que la pauvre Fiona, totalement désarçonnée, déstabilisée, en pleine confusion. Bram est-il un salaud qui a vendu sans son accord, a-t-il été manipulé à son insu, s’est-il enfui, a-t-il été kidnappé, a-t-il monté avec d’autres une méchante combine contre sa conjointe ? Difficile de savoir. Les acheteurs semblent sûrs de leurs droits et demandent à Fiona de regarder ses comptes pour constater qu’un versement a été fait mais rien….
A partir de ce moment-là, le récit avance pas à pas selon plusieurs aspects. Un site « La Victime », podcast consacré aux affaire criminelles auquel participe l’épouse avec « L’histoire de Fi » en plusieurs épisodes (en Mars 2017) assorti de commentaires des auditeurs pas forcément impartiaux, un document word écrit par Bram en marge des événements, et le présent en Janvier 2017 avec Fiona face à une maison qui n’est plus la sienne. Par bribes, nous croisons les regards des uns et des autres sur ce qui s’est passé et c’est édifiant !
Ce thriller domestique nous prend dans ses rets et ne nous lâche plus, on veut comprendre quel rôle a joué chaque protagoniste car rien n’est tout blanc ou tout noir n’est-ce pas ? L’écriture est fluide (merci à la traductrice), le style addictif, avec régulièrement des indices supplémentaires qui donnent envie de poursuivre la lecture. On découvre le caractère des deux époux, de leurs amis et on s’aperçoit qu’on ne connaît jamais vraiment quelqu’un à fond. Bien sûr, avoir un jardin secret n’est pas une faute en soi mais encore faut-il avoir le bon dosage dans ce qu’on tait et ce qu’on partage pour que la confiance ne disparaisse pas. Ce qui est représentatif dans ce recueil, c’est de voir comment des petites choses, prises séparément dans un autre contexte, n’auraient rien enclenché alors que là, elles ont un effet tsunami. Ce qui est marquant aussi c’est la force de l’engrenage : une réponse « mal choisie », un geste moins réfléchi etc et toute une suite de faits, de plus en plus imprévisibles, incontrôlables se met en place.
Est-ce que le couple Fiona/ Bram ne tenait que par « leur maison » et ses prétendues racines, avait-il déjà été fragilisé ? Peut-il se relever d’un tel traumatisme ? Louise Candlish offre là une véritable réflexion sur la vie à deux, et à la toute fin, le lecteur est totalement surpris !
Traduit de l’anglais par Caroline Nicolas
Éditions : Sonatine (5 Mars 2020)
485 pages
Quatrième de couverture
Fiona et Bram Lawson pensaient s'être séparés " intelligemment ". Ils avaient, en tout cas, trouvé un accord : ils habiteraient à tour de rôle avec leurs enfants dans leur maison. Un jour d'hiver, en rentrant chez elle, Fiona tombe sur des déménageurs. Tous ses meubles ont disparu, il y a des gens dans sa maison – un couple qu'elle n'a jamais vu lui annonce qu'il en est le nouveau propriétaire. Cauchemar éveillé ? Cela ne fait que commencer !
10:36 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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