08/12/2024
Perdue dans les Bois-Noirs, d'Erika Navilles
Le COVID est encore présent, non seulement dans les esprits, mais encore dans le quotidien des protagonistes de cette histoire. Christophe Roche, lieutenant de police, ancien plongeur subaquatique, fatigué par la forme longue du virus, est affecté dans une petite brigade, à Morages. Lorsqu’il prend son poste, beaucoup se demandent ce qu’il vient faire dans ce coin perdu. C’est le village de son enfance, là où réside encore son père, un homme bourru mais il n’a encore rien dit de ses origines.
Christophe Roche tient un peu de son père, il est peu causant et n’en dit pas trop sur ce qu’il fait. Sa fille est en vacances chez lui (il est divorcé) mais elle préfère passer du temps avec son grand-père. On sent bien que la relation entre Lucie et lui est compliquée. Il veut la protéger mais il est très maladroit. Elle veut dessiner, elle aime ça, elle réussit plutôt bien mais pour lui, ce n’est pas la meilleure façon d’avoir un avenir professionnel stable. Le dialogue est chaotique entre ces deux-là.
La vie pourrait s’écouler paisiblement, avec ses hauts et ses bas. Mais ce n’est pas le cas. Dans l’étang situé au milieu des Bois Noirs, une jeune fille est découverte, noyée. Il ne sembla pas y avoir de traces de violence mais ça ne veut rien dire bien entendu. Suicide, meurtre ? Ce n’est pas sans rappeler un drame qui s’est déroulé il y a longtemps. Coïncidence ou pas ? La police enquête, Christophe et ses hommes doivent élucider cette affaire. Lui, il essaie d’avancer, d’observer mais reste soucieux par rapport à sa fille, qui lui échappe, lui tient tête. Est-ce que cela joue sur ses compétences au travail ? Je ne pense pas mais tout cela reste présent dans son esprit en permanence, il préférerait un lien plus fluide. Cela le rend très humain et attachant.
À Morages, on imagine qu’habituellement tout se déroule dans le calme, à part de rares conflits de voisinage, dus aux caractères ombrageux de quelques anciens, des agriculteurs au franc-parler, comme on peut en rencontrer dans le Forez (région évoquée dans ce livre). Finalement, tout n’est pas si simple. Christophe s’aperçoit vite que quelques habitants ne sont pas clairs, ni dans leur vie de tous les jours, ni par rapport à leurs actes passés. Lui qui a vécu ici ne risque-t-il pas d’être concerné par certains faits ?
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Je trouve intéressant qu’Erika Navilles ait donné une bonne place à la nature et qu’elle ne se soit pas contentée de l’enquête et des ressentis du lieutenant. Dans son texte, les Bois-Noirs ont une place prépondérante. On les sent presque vibrer, vivre, bruisser autour de nous. Tous ceux qui y ont élu domicile sont là, avec leur part de mystère, échappant à l’œil acéré de ceux qui s’approchent trop près. Que cachent-ils ?
La tension monte au fil des chapitres, on sent l’angoisse nous nouer les tripes. On veut comprendre, on essaie de relier les indices et d’avoir des réponses. L’écriture est plaisante, bien dosée dans différents aspects : investigations, sentiments, relations humaines, passé qui ressurgit. C’est un bel équilibre qui permet au lecteur de se plonger dans ce recueil et de passer un excellent moment !
Éditions : du Mot passant (21 septembre 2023)
ISBN : 978-2357922310
254 pages
Quatrième de couverture
Un étang au milieu des Bois-Noirs. Le corps d’une jeune fille noyée. Un tatouage de nénuphar rouge sur l’épaule. Diminué par un Covid long, le lieutenant Christophe Roche vient d’être affecté à la brigade de Morages, le village de son enfance. Il a la charge de l’enquête. Depuis qu’elle est arrivée chez lui pour les vacances de la Toussaint, Lucie, sa fille de dix-sept ans, l’ignore. Cette affaire va faire remonter un secret familial enfoui depuis plus de trente ans.
19:20 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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