26/02/2025
Mourir en Juin, d'Alan Parks (To Die in June)
J’ai fait connaissance de l'inspecteur Harry McCoy avec Janvier noir, qui se déroule en 1970 à Glasgow. De mois en mois, me voici en Juin, à la moitié de la série qui monte en puissance. Cette fois-ci, c’est en 1975 que se déroule cette nouvelle aventure mettant en scène Harry et son collègue et ami Wattie.
C’est sans doute le tome le plus sombre, le plus noir, celui qui m’a serré le cœur au-delà du raisonnable parce que Harry va mal et que je me suis attachée à lui comme s’il existait vraiment. Il perd pied, se perd lui-même, l’espoir semble le déserter. Il mange mal, boit trop, ne fréquente pas toujours les bonnes personnes. Son passé difficile le hante, il ne prend pas soin de lui comme s’il ne s’autorisait pas à être heureux. Pourtant des personnes lui témoignent leur amour ou leur affection : Margo, Murray etc. Il semble ne pas en tenir compte…
Wattie et Harry viennent d’être « relocalisés » au commissariat de Possil, dans un autre quartier de la ville, officiellement pour une restructuration. Wattie est persuadé qu’il y a une raison précise pour ce « déplacement » et que son camarade le sait et ne lui dit rien… Alors, parfois, les relations sont un peu compliquées entre les deux hommes qui pourtant s’apprécient.
Un jour, une femme débarque au bureau en disant que son fils a disparu. En creusant, il s’avère que ce n’est pas clair et que l’enfant n’existe pas. Elle fait partie d’une communauté religieuse où les gens semblent un peu « illuminés ». En parallèle des sans-abris sont retrouvés morts. Mort naturelle ou alcool frelaté par leurs soins ? Ou autre chose ? D’ailleurs qui pourrait regretter ces gens-là ?
Nos deux policiers ont du travail. En outre, la guerre des gangs est ouverte en continu. De ce fait, l’atmosphère est particulièrement lourde, tendue. McCoy est sur tous les fronts, souvent seul car collaborer, se confier, tout cela n’est pas naturel chez lui. C’est un électron libre, qui détourne les règles. Il a un sens aigu de la justice. On peut lui faire confiance mais il a ses propres idées, ses propres méthodes. Il est impulsif et ça lui joue des tours, le mettant dans des situations qu’il ne maîtrise pas. C’est un personnage intéressant, il a besoin de solitude, navigue entre deux eaux, entre le bien et le mal. Il hésite pour ses choix, se trompe quelques fois et ne sait plus que faire…
Alan Parks retranscrit bien l’ambiance de cette ville, aux quartiers abîmés, qu’il faudrait rénover, gangrénés par la pègre mais pas que … Il nous envoie sur des fausses pistes. Il montre parfaitement les conditions de travail de la police, les mensonges, les « arrangements » avec la vérité.
L’écriture est forte, fluide (merci à Olivier Deparis, le fidèle traducteur). Le vocabulaire est bien choisi, que ce soit pour présenter les événements ou les émotions et pensées des individus. C’est une force de l’auteur, il partage avec nous le quotidien, sous toutes ses formes, de ceux qui « habitent » son récit.
J’ai beaucoup aimé les différentes problématiques abordées, notamment sur la place de la religion, ses dérives ainsi que tout ce qui concerne l’influence que ce soit au commissariat, dans la rue ou ailleurs. Ce n’est pas évident de dire non lorsque ceux qui sont face à vous semblent avoir raison et ne vous laissent pas le choix.
Vivement le roman de Juillet pour voir ce que devient Harry !
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Rivages (12 février 2025)
ISBN : 978-2743665524
370 pages
Quatrième de couverture
Une femme vient signaler à la police que son fils a disparu mais on ne trouve aucune trace de l’existence du jeune garçon. L’inspecteur Harry McCoy ne tarde pas à découvrir que la famille est membre d’une secte chrétienne, ce qui jette une tout autre lumière sur cette disparition. Par ailleurs, des vieillards esseulés et marginaux sont victimes d’empoisonnements et parmi ces hommes considérés comme des rebuts de la société se trouve le propre père d’Harry.
23:23 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |