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17/06/2011

Momentum, de Patrick de Friberg

Momentum.jpgUne chronique de Richard

Je n’ai jamais été un amateur de romans d’espionnage. Je n’ai jamais terminé un livre de John Le Carré et Robert Ludlum m’ennuie profondément (surtout depuis qu’il écrit des romans même après sa mort, il y a 10 ans !). Alors quand j’ai commencé le dernier roman de Patrick de Friberg, je savais que ma tiédeur pour ce genre ne lui rendrait pas service.

Cependant, quelques critiques positives, glanées ici et là, me donnait l’espoir de pouvoir, enfin, apprécier un roman où s’entremêlent politique, relations internationales, complots, magouilles, rebondissements, meurtres, tractations et amours débridées. Et comme de fait, j’ai retrouvé tout cela dans Momentum et bien plus! mais je n’ai pas trouvé la flamme qui m’aurait converti au genre. Je suis tout de même convaincu que les amateurs de romans d’espionnage apprécieront grandement ce roman touffu, imaginatif et iconoclaste.

L’histoire est complexe (c’est sûrement une caractéristique du genre ... ! ) et comporte plusieurs éléments :

•un jeune soviétique est envoyé  pour infiltrer le Québec;

•le KGB prépare un complot pour prendre le contrôle du Canada;

•Gilles Drouin, nouvelle vedette montante de la politique québécoise sera bientôt élu premier ministre du Québec; derrière sa carrière truffée de magouilles financières, se cache un passé trouble de formation d’agent du pouvoir soviétique;

•les services secrets français et canadiens participent également à la danse;

•et enfin, quelque part, un «bateau-fantôme» ressurgit dans les eaux territoriales russes, près de la Sibérie.

Alors, le lecteur est entrainé dans ce tourbillon politique qui prend «racines» à des époques différentes et par des personnages qui traversent le temps, en nous laissant l’impression qu’ils sont un peu dilués dans l’histoire. Les élections approchent, l’objectif sera atteint dans quelques mois, il reste à tout faire pour que rien ne cloche, pour que tout se passe, comme prévu, il y a quelques 30 ans.

Mais deux personnages viennent troubler les rouages bien huilés du scénario établi.

Un journaliste français reconnait un joueur important de cette partie et se pose LA bonne question: pourquoi cet échange d’enveloppe brune (tiens tiens !!!) entre cette personne influente de l’entourage du futur premier ministre et un homme au complet foncé ???

Une femme, désœuvrée, alcoolique, regarde la télévision; c’est sa principale activité ... en buvant, évidemment. Une belle journaliste raconte la vie d‘un homme. Cet homme, un maçon, supporte Gilles Drouin dans sa campagne électorale. L’homme simple, l’humble artisan qui croit à ce nouveau politicien ? Peut-être ! Mais elle, du fond de sa roulotte au Nouveau-Brunswick, elle reconnaît le seul homme qui l’a demandée en mariage et qui pourrait être le père de sa fille.

Ces deux intrus, non invités dans cette pièce de théâtre écrite il y a trente ans par un auteur russe, viennent compliquer la réalisation du dernier acte de la représentation. Qui se cachent derrière ces acteurs ? Qui sont les vrais et qui sont les faux ? Quelles sont les véritables motivations de chacun des acteurs de cette pièce ?

Beaucoup de mystères pour le lecteur empressé de se laisser porter par l’intrigue.

J’avoue que j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver le fil qui me permettrait d’accrocher à l’histoire et à y rattacher toutes les intrigues. La multitude de personnages, les allers-retours entre trois époques, les narrateurs différents et surtout, la complexité des différents maillons de l’affaire ont donné un dur coup au non-amateur de romans d’espionnage que je suis. Nul doute que l’amateur s’en régalera.

On ne peut pas dire que l’auteur manque d’imagination. Les multiples rebondissements, les «changements de costumes» de quelques personnages et la fin surprenante, atténuent, quelques fois, l’impression que l’on est un peu perdu dans l’histoire. Était-ce prévu par l’auteur ? Ou est-ce plutôt mon manque d’habiletés de lecteur pour ce genre de romans ? Et voilà, un autre mystère !

En dernier lieu, je tiens à souligner, quand même, le plaisir que j’ai eu à voir le Québec au centre d’un grand complot mondial ! Habitués que nous sommes à être une «quantité négligeable» sur la scène politique internationale, je trouvais ce choix assez audacieux.

 

Alors, amateurs de romans d’espionnage et d’intrigues internationales complexes, ce roman est tout à fait pour vous. En ce qui me concerne, malgré le fait que l’auteur m’ait fait travailler, je peux quand même dire que j’ai apprécié quelques moments de lecture, surtout en appréciant la qualité de la langue et le style «punché» de l’auteur.

Voici donc quelques extraits qui illustrent mon propos:

«Les deux jeunes garçons couraient ensemble les forêts et les rivières. Ils étaient les meilleurs élèves de l’école buissonnière, trappaient, chassaient, cavalaient devant l'ours des terres du presbytère ou s’aspergeaient de l’urine d’orignaux femelles pour avoir le plaisir de se faire charger par un grand mâle en rut.»

«Il l'aimait comme son propre enfant. Il le détestait, aussi, comme la meilleure de ses amantes ou le plus lointain de ses souvenirs.»

«Sur le pont du navire, tout était rouillé et marqué par la lèpre de l’abandon.»

«Je croyais autant aux coïncidences qu’au bon cœur des américains ...»

Bonne lecture !

Richard, Polar Noir et blanc : http://lecturederichard.over-blog.com/

Momentum
Patrick de Friberg
Les Éditions Goélette
2011
312 pages