17/06/2011
Le crépuscule des hyènes, de John C. Patrick
Une chronique de Cassiopée
Le crépuscule des hyènes est un de ces romans où l’on découvre certains événements du passé sous un autre angle, où l’histoire est « revisitée » avec un autre éclairage.
Je me suis tout de suite posée la question du titre le crépuscule des hyènes mais l’explication est donnée en fin de livre …
Un chapitre en France, dans une abbaye en 1945, deux chapitres à Santiago du Chili en 1973 puis nous basculons dans un présent situé en 1992 et 1993. Jean-Paul II est encore Pape ...
Nous allons suivre un agent secret, Raúl, venu dans une propriété pour se reposer. Il va être finalement embarqué dans une sombre histoire et, malgré sa vigilance, il se fera en partie manipuler.
Il n’est pas question de raconter le roman et de nommer tous les éléments historiques qui y sont évoqués. Ce n’est pas le but.
Il est important de connaître malgré tout la construction du livre. Les trois chapitres en « amont » éclaireront les faits sur la fin. Un sujet principal est traité (en lien avec le Vatican) mais beaucoup d’autres sont présentés et donnent lieu à l’ouverture de pistes de réflexions. L’auteur semble bien documenté et ça sonne « vrai ».
Le héros a vécu deux drames : un sous Pinochet, l’autre plus récent, en ex-Yougsolavie. C’est un homme marqué, blessé, avide de ne pas laisser passer la chance d’être heureux à nouveau, avide de comprendre comment le présent est « gouverné » par le passé, avide de vivre ….
« Un jour on se dit : assez ! Et l’on enferme le passé dans un placard. Puis on l’oublie ; des années plus tard on ouvre la porte et c’est un chat sauvage qui se rue sur vous, toutes griffes dehors. Le passé est dangereux pour l’avenir ! »
Je mets toujours très longtemps pour lire ce style de roman. J’ai le besoin viscéral de comprendre, de vérifier, donc à chaque information « historique » glissée entre les pages, je prends une encyclopédie et je vais lire ce qu’il en est. C’est donc, forcément, une lecture très riche. La seule difficulté étant, pour moi, de savoir où s’arrête l’Histoire (avec un H majuscule) et où commence le roman…
On pourrait penser qu’avec tout ce que l’auteur a choisi d’évoquer, la trame va être compliquée et les événements difficiles à suivre. Et bien, ce n’est pas le cas. John C. Patrick a réussi avec brio à nous entraîner à la suite de son héros. Il n’hésite pas à « déterrer » des sujets un peu délicats concernant la seconde guerre mondiale.
Un agent secret ordinaire (s’il est possible d’être quelqu’un d’«ordinaire» lorsqu’on fait un tel métier.) va se reposer dans le Sud de la France.
On va le suivre dans son quotidien, qui ne sera finalement, pas aussi simple qu’il l’avait prévu. Un homme dans l’ombre, des hommes de l’ombre vont intervenir tour à tour et Raúl aura besoin d’un certain temps pour comprendre ce qu’il se passe, savoir à qui faire confiance, quand et comment.
Il y a donc une intrigue « linéaire » (la vie de Raúl) et à travers ses rencontres, ses découvertes, des « ramifications » nous amenant à découvrir d’autres pages de l’Histoire. C’est très bien agencé et nous avons ainsi le plaisir d’un roman un peu policier, un peu historique, un peu politique sans risque d’overdose ni dans un sens, ni dans l’autre.
L’écriture est soignée, avec un vocabulaire recherché. Un petit bémol, malgré tout, quelques phrases m’ont semblé trop « lisses », trop bien écrites, trop sophistiquées, comme si l’auteur avait fait appel au dictionnaire des synonymes en langage soutenu. De ce fait, pour moi, elles manquaient un peu de naturel et détonnaient avec le reste du livre.
Une fois encore, les Editions Kyklos ont réussi à me captiver et à me donner envie d’aller plus loin dans la connaissance de la période présentée. N’est-ce pas là, l’essence même d’un bon roman ?
Cassiopée
Titre : Le crépuscule des hyènes
Auteur : John C Patrick
Editeur : Kyklos
Nombre de pages : 218
Quatrième de couverture :
Raúl da Silva, taupe du contre-espionnage infiltrée dans le gouvernement d'Allende, n'aura pas su protéger sa compagne chilienne lors du coup d État de Pinochet. En 1992, lorsqu'il se retrouve au coeur de la guerre en Bosnie-Herzégovine, le destin frappe à nouveau, manquant lui arracher pour la seconde fois la femme qu'il aime. De retour en France, Raúl est amené à enquêter sur les séquelles des réseaux d'exfiltration des criminels de guerre mis en place par le Vatican après la Seconde Guerre mondiale. Manipulé par Mathieu Sombart, un homme de l'ombre qui fut en 1944 aux prises avec les scories de l'Occupation, traqué par des tueurs liés à une organisation intégriste catholique et les services secrets serbes et croates, Raúl voit se profiler le fantôme de Szkolnikoff, maître du marché noir, à l'origine d'un gigantesque pillage savamment organisé par les nazis. « Le crépuscule des hyènes » projette une lumière crue sur un aspect méconnu de l'Histoire du XXe siècle.
16:30 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |