17/06/2011
Havre des morts, de Patricia Cornwell
Une chronique de Cassiopée
Non geek s’abstenir …
Si les mots : drone, flybot, neuroterrorisme, nanotechnologies, biologie synthétique et leurs proches ne vous parlent pas, je ne suis pas certaine que ce livre soit fait pour vous ….
« Quelle que soit l’invention la plus tirée par les cheveux que tu puisses imaginer, il y a probablement quelque part quelqu’un en train de la mettre en œuvre, et sans doute est-elle déjà dépassée. »
Effectivement, beaucoup de termes techniques, d’explications scientifiques dans ce nouvel opus de Patricia Cornwell. Il faut parfois s’accrocher pour suivre et montrer de l’intérêt pour tous ces progrès (progrès souhaités (souhaitables ?) ou pas …. Certains font très peur ….) pour avoir du plaisir à la lecture …
La dernière apparition, en tant que « rôle principal » (qui dit « je ») du personnage récurrent, Kay Scarpetta, médecin légiste, remonte à dix ans en arrière.
L’auteur s’est attachée à faire évoluer son héroïne et les relations qu’elle entretient avec les uns et les autres, Benton, son mari, Lucy, sa nièce et Marino pour nommer les plus présents …
La première partie du livre va être consacrée au retour (après plusieurs mois de formation) de Kay sur son lieu de travail et parmi les siens.
Comme tout un chacun, elle a changé avec le temps passé et les six mois loin de ses « bases » (surtout parmi des militaires donc en vase clos) ont sans doute laissé quelques traces. Il lui faut ré apprivoiser son quotidien, sa vie, retrouver ses habitudes. Elle s’aperçoit ainsi qu’un collègue s’est installé dans ses « meubles » (de bureau pas à la maison ;-) et qu’on lui cache pas mal de choses. Elle s’en rend compte et ne supporte pas ces cachotteries.
Dans cette première moitié de livre, les discussions sont lourdes de non-dits, de sens cachés, les phrases sont longues. Ceux qui sont, comme moi, attachée aux pas de Scarpetta depuis sa « création », s’y retrouveront, les autres, je n’en suis pas persuadée. En effet, dans ces pages, on va découvrir l’évolution de son caractère, et comme c’est une femme, et bien … vous connaissez l’adage « La femmes est compliquée mais l’homme difficile à satisfaire » ? Kay a donc des relations complexes avec les personnes qui l’entourent. Elle analyse, elle subodore, elle pressent ce qu’elle ne voit pas, ce qu’elle n’entend pas …. Et de ce fait l’action est lente, lente … Il se passe peu d’événements dans cette partie-là et il faudra attendre pour obtenir un éclairage sur certaines allusions troublantes. (phrases de son mari, menus faits ….)
Puis arrive la seconde partie où, tenace, pugnace, entêtée comme seules les femmes savent l’être, elle va entrevoir puis savoir ce qu’on lui cache depuis son retour.
Il y aura, de fait, plus d’actions, de mouvements; de réflexions liées à l’enquête elle-même.
Son passé va ressurgir, avec tout ce qu’elle a soigneusement caché mais qu’elle porte en elle.
« Monsieur mon passé, Voulez-vous passer ? J'ai comme une envie. D'oublier ma vie. » Léo Ferré
Ce passé, « lourd de casseroles », qu’elle traîne, dont elle n’a pas parlé à son mari, dont elle voudrait tant se libérer … « Mais ressasser, tenter d’élaborer plus avant est inutile et complaisant, improductif et paralysant. Si mes sentiments prennent le dessus, je ne suis d’aucune utilité à personne. »
L’enquête avancera, les faits s’emboîteront comme dans un puzzle et nous comprendront quelques incidents des premières pages (qu’il aura fallu garder en mémoire).
J’ai été littéralement « scotchée » par certaines références scientifiques évoquées par l’auteur. Ayant acheté le dernier magazine « Géo », j’y ai lu un long reportage sur les drones et robots de l’armée française qui m’a fascinée. Cet article a parfaitement complété la lecture de « Havre des morts » où certains objets tout aussi sophistiqués sont exposés. J’en conclus que Patricia Cornwell se documente sérieusement lorsqu’elle écrit.
Par contre, cela signifie qu’elle prend le risque de perdre des lecteurs qui penseront que ces démonstrations scientifiques desservent l’intrigue. Qui plus est, s’ils n’ont pas le souhait de voir autant décortiqué les rapports entre les protagonistes, ils diront « qu’il ne se passe rien. ».
En conclusion, une lecture faite pour ceux et celles qui apprécient Scarpetta !
Cassiopée
Titre : Havre des morts
Auteur : Patricia Cornwell
Nombre de pages: 512 pages
Editeur : Editions des deux terres (16 mars 2011)
Une enquête de Kay Scarpetta
Quatrième de couverture :
À Dover, sur l unique base aérienne militaire US qui reçoit les soldats morts au combat, Kay Scarpetta se forme aux techniques révolutionnaires de l autopsie virtuelle. Elle est très vite mise à l épreuve : un jeune homme a été trouvé mort près de chez elle, à Cambridge. Crise cardiaque, selon les premières constatations. Mais comment expliquer qu il ait saigné après son arrivée à la morgue, sinon parce qu il était encore vivant ? Une radiographie en 3D révèle des blessures que Scarpetta n a jamais vues. Elle se trouve dès lors confrontée à un passé qu elle croyait enfoui et à un dilemme plus que complexe. Déterminée à conclure avant qu il ne soit trop tard, Dr. Scarpetta utilise les techniques de pointe apprises au Havre des morts pour confirmer ses suspicions.
16:52 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | |