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28/03/2011

L'ironie du short, de Max Obione

lironiedushort.jpgUne chronique de Jacques

 Tous les polardeux connaissent Max Obione. Auteur de six romans et de plusieurs recueils de nouvelles, il est aussi le responsable de   Krakoen, une maison d’édition qui s’est  taillée en quelques années une belle place dans le monde du polar francophone.

Collectif d’auteurs organisés en coopérative de productions, Krakoen a publié en quelques années une vingtaine d’auteurs de styles  divers  (dont Hervé Sard, Jeanne Desaubry, Franck Membribe, Elisa Vix) et compte plus de 40 titres à son catalogue. Le succès de la "maison" est tel que le collectif a décidé de ne plus publier de nouveaux auteurs afin de mieux promouvoir les talents aindi révélés. Belle aventure, donc.  

Max Obione, qui  parvient (mais dans quel état ?) à tenir le coup entre son travail d’éditeur et celui d’auteur, ce qui  en soi est déjà un exploit, nous propose ici un nouveau recueil de 18 nouvelles : L’ironie du short.

Certaines d’entre elles ont déjà été publiées dans des recueils collectifs ou sur des sites Internet. Cette diversité des lieux et des objectifs de publication  a pour conséquence  une grande variété des thèmes abordés, qui vont de l’histoire d’un tueur fou de jalousie  massacrant toutes les femmes qu’il croise, jusqu’à la rencontre imaginaire entre Walt Disney et un de ses scénaristes souhaitant ajouter  trois nains ( Flemmard, Branleur et Tapette) dans le scénario de Blanche-Neige,  en passant par  la rivalité de deux  anciennes copines d’école, devenues flic pour l’une d’entre elles et truande pour l’autre,  ou encore la vie tragique d’un peintre américain psychotique recherchant le « secret de l’œil » auprès d’un peintre impressionniste réputé.

Comme souvent chez les bons auteurs de nouvelles,  l’absence d’homogénéité  des thèmes n’est pas un obstacle pour le lecteur, car une autre homogénéité est ici présente, plus forte et plus  déterminante  : celle du style, du langage, du ton. Et c’est là que Max Obione donne toute la mesure de son talent.

 Il est capable de raconter la pire histoire de tueur en série avec une allégresse joyeuse et hilarante. C’est le cas de la première nouvelles, qui est aussi la plus longue : Marcel Bovary.

« L’heure passant, les sens assouvis, elle le renvoyait sans un mot. Tandis qu’alanguie, nue, elle  regardait ses longues mains manucurées de rouge sang, aussi rouge que le cuir de ses escarpins, Marcel ramassait ses habits et ses chaussures et quittait la chambre du manoir, les oreilles bourdonnantes, les genoux tremblants et la tête dans un étau, envahi du  souvenir des figures extravagantes dessinées dans les spasmes. »  

Dans tout le recueil, transpire le plaisir qu’a eu Max Obione de raconter une histoire, de décrire ses personnages avec concision et efficacité, de créer en quelques mots bien sentis un univers fait de dérision, d’humour et de sentiments si humains. Chacune des histoires nous montre un univers radicalement original,  chacune va jusqu’au bout d’une situation extrême, de rapports conflictuels, d’accidents stupides, comme si Max Obione se lançait chaque fois un défi.

Celui de la nouvelle « les micochonnes » pourrait être : je vais scotcher le lecteur en lui racontant une histoire basée sur un mot, mal interprété par un ado banalement obsédé par le cul (Max Obione jeune, peut être ?).  Ainsi que vous pourrez le vérifier (je me garderai de vous donner la clé de l’énigme),  ça marche !

 Ce recueil sera une référence pour tous ceux qui se piquent d’écrire des nouvelles et  une bible pour les ateliers d’écriture : comment  bâtir une histoire qui se tient à partir d’un événement infime ; comment mettre en place des personnages forts,  truculents et vrais ; comment enfin lâcher son écriture, tout en lui gardant son efficacité,  pour parvenir à des pages que ne renierait pas un San Antonio (qui donnerait dans le noir) dans ses meilleurs jours…vous en aurez une idée en lisant ces nouvelles.

nouvelles noires

collection "Court-lettrages"


254 pages

Prix TTC : 15 €