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20/12/2011

Entretien avec Olivier Kourilsky

Après avoir chroniqué le dernier roman d'Olivier Kourilsky dernier homicide connu, Cassiopée  a eu un entretien avec l'auteur.

Cassiopée. Merci d’accepter de répondre aux questions pour le blog collectif « un polar ».
Vous êtes professeur de médecine, comment êtes-vous venu à l’écriture et pourquoi ? Depuis quand écrivez-vous ?

Olivier Kourilsky. Je suis d'une génération où on s'écrivait plus qu'on se téléphonait. J'ai toujours pris plaisir à écrire, et aussi à raconter des histoires qui tenaient mes étudiants en haleine.. . J'avais depuis quelque temps l'envie de passer des livres "techniques" à la fiction. Le polar me plaisait bien : l'établissement d'un diagnostic a bien des points communs avec une enquête policière, et placer les intrigues dans l'univers hospitalier que je connais bien, permettait aussi de témoigner de certains aspects humains, ou de glisser certaines opinions qui me tenaient à cœur. J'ai en effet commencé ma médecine avant la loi sur l'interruption de grossesse et l'abolition de la peine de mort. Période maintenant oubliée de beaucoup, qui considèrent ces avancées comme naturelles. C'est pourquoi mon premier roman se déroule dans les années 60.

Le déclic s'est fait lors d'un stage informatique ( dont j'avais grand besoin car j'étais nullissime dans ce domaine...) à la Faculté de médecine des Saints Pères en 1999. J'en ai profité pour visiter les salles de dissection, qui n'avaient guère changé depuis mes années d'études (c'est à dire qu'elles étaient toujours aussi sinistres !).

J'y ai placé la première scène d'un roman sans avoir aucune idée de l'intrigue, puis j'ai bâti le scénario, continué à écrire sur plusieurs années, puis cherché un éditeur... Meurtre à la morgue est sorti en 2005. Ensuite, le rythme s'est accéléré et maintenu.. Meurtre avec préméditation en 2007, Meurtre pour de bonnes raisons en 2009 (prix Littré 2010), Homicide par précaution en 2010, et Dernier homicide connu qui sort aujourd'hui.

 C. Dans chacun de vos romans, des références musicales sont évoquées, que représente la musique classique pour vous, comment est-elle entrée dans votre vie ? Pourquoi est-il important de la « glisser » dans chaque opus ?

Ol. K. J'ai toujours baigné dans la musique classique depuis mon plus jeune âge. Mon père était très musicien et nous a fait partager sa passion. j'ai commencé le piano à l'âge de 8 ans et je continue à pratiquer, malheureusement pas aussi bien que je voudrais. Il est donc naturel pour moi d'en parler dans mes livres, tant elle fait partie de ma vie (à l'hôpital, nous avons créé avec deux amis une association, l'Offrande musicale, qui a pour but d'apporter les bienfaits de la musique aux patients hospitalisés ou en institution). Cela dit, je ne me cantonne pas à la musique classique, j'écoute de tout suivant l'humeur du moment, jazz , rock, etc.

 C. Vos personnages sont bien campés mais vous ne creusez jamais leur personnalité, est-ce un choix pour que vos écrits restent à la portée de tous ou pensez-vous qu’une « étude psychologique » des protagonistes alourdit un roman ?

Ol. K. C'est vrai que j'ai tendance à privilégier l'intrigue, sur laquelle mes romans reposent davantage que sur la personnalité des protagonistes. Je pense la décrire suffisamment pour que le lecteur se fasse une idée, sans disséquer à l'extrême leurs traits de caractère. Bien sûr, cela pourrait évoluer dans l'avenir en fonction du sujet traité.

C. Votre dernier livre est bien documenté. Comment vous organisez-vous ? Allez-vous à la pêche aux renseignements au fur et à mesure de l’écriture ou avez-vous tous les documents en amont de votre ouvrage ?

Ol. K. Je me documente bien sûr largement avant de commencer à écrire suivant le sujet que j'ai choisi, mais je continue en cours de route en fonction des développements de l'histoire.

 C. La couverture de votre livre est remarquable, avez-vous eu votre mot à dire ou pas ?

Ol. K. Absolument, comme pour chacun des livres précédents. Je donne quelques indications "d'ambiance", la graphiste fait plusieurs propositions, et nous choisissons en commun avec l'éditeur et son équipe.

 C. A l’heure où l’on parle de fabriquer français, d’acheter français…votre livre est imprimé en Bulgarie…. Choix de l’éditeur sans doute ? Ce choix vous dérange-t-il ?

Ol. K. La Bulgarie, c'est l'Europe, pas la Chine... et il me paraît normal, dans la situation délicate que connaît l'édition actuellement, que l'éditeur cherche la prestation la mieux adaptée à ses besoins, au meilleur coût, et à qualité égale.

C. Avez-vous un autre livre en chantier ? Avez-vous quelque chose d’autre à dire à nos lecteurs ?

Ol. K.
Pour l'instant, je réfléchis.. je n'ai pas encore de synopsis en tête, seulement quelques idées générales. J'essaie de ne pas utiliser à chaque fois les mêmes recettes (ce qu'on retrouve chez certains auteurs illustres !), même si cela me fait prendre des risques. Pour moi, l'écriture doit rester un plaisir. On m'a évidemment demandé une fois si écrire était un exutoire à mon métier de médecin. Certes, j'ai inséré dans mes écrits des témoignages et des descriptions humaines qui m'étaient chers, et écrire des polars m'a sans doute évité d'assassiner la moitié des membres de l'administration hospitalière dans mes dernières années d'activité ...! Mais ma plus grande joie, c'est d'apprendre que les lecteurs ont été pris par l'histoire et n'ont pu refermer le livre avant de l'avoir terminé.