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18/11/2011

Entretien avec Mikaël Ollivier

Après avoir chroniqué son dernier roman quelque chose dans la nuit, Cassiopée a eu un entretien avec Mikaël Ollivier.

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Cassiopée.  Bonjour, pouvez-vous présenter en donnant une réponse à chacune des propositions  suivantes ?  Une couleur ; un lieu ; une date ; un objet.

 Mikaël Ollivier.
Une couleur : le vert
Un lieu : le bassin de Neptune, dans le parc du château de Versailles
Une date : 9 février 1999 (c’est perso, vous ne pouvez pas comprendre !!)
Un objet : un marque-page

 C.  Votre roman « Quelque chose dans la nuit » vous a permis de relier deux de vos passions : l’écriture et Bruce Springsteen. Pouvez-vous nous dire comment ces passions vous sont venues ?

 M.O. Enfant, je n’aimais pas les livres, et n’écrivais que sous la menace de mes profs et de mes parents. Au début du lycée, à l’occasion d’un cycle Alfred Hitchcock dans le ciné club de ma ville, je suis devenu dingue de ciné. Une passion, une obsession. La même année, mon frère aîné à ramené l’album Born In The USA à la maison. Je ne connaissais rien au rock. Rien. Je suivais des études poussées de musique classique. Ça été un choc, comme les films d’Hitchcock. Par le rock et le cinéma, le monde s’ouvrait à moi. La possibilité d’une vie plus grande. Je n’ai jamais cessé de suivre la carrière de Springsteen et ma passion du cinéma m’a donné l’envie de raconter des histoires, de devenir ce que je suis aujourd’hui, un romancier et un scénariste.

 C.    Depuis quand écrivez vous, privilégiez vous un moment dans la journée, comment vous attelez vous à l’écrit ?

M.O. J’ai commencé à écrire réellement, avec le projet d’être publié et produit, à l’âge de 25 ans. Aujourd’hui, j’écris à peu près tout le temps parce que j’ai trop de travail ! Mais c’est le matin, de bonne heure, qui est mon moment privilégié. Je me lève à 5 heures et j’écris tout de suite, quand le monde, dehors, dort encore. Je ne suis « bon » que tant que le soleil monte dans le ciel. Très peu efficace quand il décline.

C.   Dans votre roman, vous décrivez avec précision le phénomène du fanatisme chez les adeptes d’une même idole, pensez-vous que les gens puissent devenir déraisonnables par passion ?

M.O. Oui, mille fois oui, et quelle que soit la passion. Quelque chose dans la nuit est une plongée dans le monde des fans, dans un monde déraisonnable et excessif, sans aucun doute. J’aurais pu choisir n’importe quelle rock star, idole, en inventer une. Mais choisir le décor réaliste d’une tournée de Bruce Springsteen était aussi pour moi le moyen de m’interroger sur mon rapport à cet artiste. Je me tiens pour quelqu’un de très raisonnable, sérieux, parfois trop, et cela depuis l’enfance. Je paye mes impôts, je rends mes manuscrits en temps et en heure, je fais faire leurs devoirs à mes enfants, je me couche de bonne heure, ne bois pas, ne fume pas… mais j’ai vu Springsteen plus de 70 fois en concert à travers le monde entier !

C.   Vous écrivez pour la jeunesse, pour les adultes, parfois pour des collectifs. Y a-t-il un genre que vous affectionnez plus particulièrement ? Menez-vous plusieurs ouvrages de front ?

M.O. Je n’arrive pas à écrire plusieurs romans en même temps, en revanche, je peux (et le fait souvent), écrire dans une même période un scénario et un roman, ce n’est pas du tout le même investissement émotionnel. Je n’ai pas de genre préféré, je me laisse guider par mes idées, vers un genre, un lectorat… Et que ce soit pour les jeunes ou pour « les vieux », du polar ou un récit intimiste (mes polars sont de toute façon très intimistes), quand je suis au cœur de l’écriture, c’est exactement la même chose, la même intensité, la même immersion.

C.   « Noces de glace » a été adapté à la télévision, quelles ont été vos exigences, vos souhaits (réalisés ou non), comment s’est passée la collaboration avec l’équipe de tournage ?

M.O. Plusieurs de mes romans ont été portés à l’écran : Trois souris aveugles, au cinéma (Une souris verte, de Mathias Ledoux), Noces de glace, La vie en gros, Maldonne et bientôt Tout doit disparaître à la télé. J’ai chaque fois écrit moi-même l’adaptation. Mais une fois le scénario terminé, en collaboration avec des producteurs et une chaîne, le film devient celui d’un réalisateur, qu’il doit s’approprier, et en tant que scénariste et auteur du roman adapté, je dois savoir lâcher prise. Un film est une œuvre collective, et chaque intervenant (et Dieu sait qu’ils sont nombreux) apporte sa sensibilité propre, son vécu, ses désirs. A l’arrivée, le film ne ressemble jamais à ce que j’avais imaginé, pour le meilleur et pour le pire. Mais c’est toujours une aventure humaine passionnante.

C.   Écrire pour la télé (« Insoupçonnables » va passer le 2 Décembre sur France 2) et écrire un roman, quels points communs, quelles différences ?

M.O. Beaucoup de différences. Le romancier est totalement libre et seul maître à bord. Le scénariste pas du tout ! Le scénariste travaille avec de nombreuses contraintes, les exigences de ceux qui financent le film, celles du réalisateur, des comédiens, il doit tenir compte de l’aspect financier du projet, doit écrire des choses réalisables, doit sans cesse corriger ce qu’il a fait pour satisfaire à toutes ces limites obligatoires. Il doit, à chaque instant, se rappeler que son travail n’est qu’une étape dans la construction d’un film. Une étape essentielle, mais seulement une étape. Un scénario n’est pas une œuvre en soit, c’est un outil de travail pour une équipe. Le seul vrai point commun est la construction d’une histoire, sa « mise en scène », et la vie à donner à des personnages. Et quand je suis seul dans mon bureau, au cœur d’une scène, que ce soit un roman ou un film n’a plus d’importance quand il s’agit de « sonner vrai. »

C.   Pour ce téléfilm, vous avez écrit avec Franck Thilliez, comment s’est déroulé votre travail d’écriture à deux ?

M.O. Un bonheur. Franck est un auteur talentueux et « facile », dans le sens où il travaille pour le bien d’un projet, pas pour son propre égo. J’espère qu’il pense la même chose de moi ! Il n’est pas facile d’écrire à quatre mains, j’en ai déjà fait l’expérience, mais avec Franck, tout a été simple. Il se lève tôt comme moi, travaille vite comme moi, et je crois que nous avons formé une équipe efficace. De plus, nous avons été complémentaires, avec chacun un univers différent, un rythme de narration différent qui se sont complétés avec naturel. Si nous avions écrit cette histoire chacun de notre côté, nous n’aurions pas du tout fait le même film je pense. Ensemble, nous avons fait de cette histoire le scénario qu’il fallait.

C.   Avez-vous des projets en route ? Acceptez-vous de nous en dire quelques mots ?

M.O. Je suis en train de terminer un roman pour adultes qui ne sera pas du polar. J’enchaîne ensuite sur un nouveau thriller pour la jeunesse, ados et jeunes adultes, dont la sortie est prévue fin 2012. Puis je reviens à mes frères Le Guen, les enquêteurs de La promesse du feu (Albin Michel) et de Quelque chose dans la nuit (Le Passage) qui se sont imposés à moi, avec qui j’ai envie de poursuivre la route. J’ai aussi des projets de films, mais dont l’aboutissement de dépend pas de moi, mais de producteurs, de distributeurs. Je préfère donc ne rien en dire !

C.   Auriez-vous d’autres choses à communiquer à vos lecteurs ?

 M.O. Ce lien vers une version de Something In the Night, de Springsteen, datant de 2009. C’est la chanson qui donne son titre à mon roman, et qui joue un rôle essentiel dans mon intrigue :

http://www.youtube.com/watch?v=4oaGsxfGoVY