27/05/2019
Entretien avec Céline Denjean
Après la lecture du dernier roman de Céline Denjean Double amnésie, Cassiopée a posé quelques questions à l'auteur.
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Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’écriture ? Pourquoi des romans noirs ? Est-ce que votre métier vous a influencée ?
J’ai toujours écrit (cahiers, poèmes, lettres, nouvelles…) : j’aimais chercher, jouer avec les mots, inventer des histoires.
Mais il m’a fallu de nombreuses années pour décider de me lancer dans l’écriture d’une fiction destinée à être lue par les autres.
Au final, le besoin d’écrire et d’être lue a pris le dessus sur mon manque de confiance et j’ai décidé de tenter ma chance vers l’âge de 30 ans. Il m’a fallu trois ans pour terminer mon tout premier thriller (non publié à ce jour). Parallèlement, j’ai intégré une formation supérieure dans le cadre de mon travail dans le secteur médico-social. J’ai donc passé les années suivantes à concilier formation (durant deux ans), postes à responsabilité et travail d’écriture. Je jonglais entre tous ces impératifs. Ce n’était pas évident mais le virus de l’écriture m’avait gagnée et il ne m’a jamais traversé l’esprit de mettre l’écriture entre parenthèses !
Le roman noir s’est imposé à moi naturellement : à la maison, ma mère laissait traîner ses romans noirs partout ! Très tôt, je me suis plongée dans les littératures noires : j’avais un attrait majeur pour les intrigues policières, le suspense, les profils criminels… Je trouvais aussi très intéressant d’aborder la société, ses travers, ses injustices, ses dangers, ses problématiques… au travers d’une fiction noire.
Mes formations et mon parcours professionnel m’ont énormément apporté en termes de psychologie clinique, de psychosociologie, d’héritage culturel, de transmission et de réflexion sur l’Humain et ses comportements.
Comment vous organisez-vous pour construire un roman ? Vous avez un plan, des notes, une idée de la fin, la trame générale ? Combien de temps de recherches, de réflexions en amont avant d’écrire ?
Je pars d’un thème qui m’intrigue et dont je pense qu’il peut faire un bon sujet de roman. Généralement, ce sont des faits divers ou des sujets de société qui m’interpellent et m’incitent à m’arrêter sur ce thème.
Pour le Cheptel, par exemple, le thème de départ pour moi était celui de la manipulation mentale de groupes. J’ai commencé à imaginer un « cheptel » humain dirigé par une grande prêtresse. De là, j’ai tricoté les grands axes de ma fiction : d’où venaient ces gens sous emprise et coupés du monde ? Quels étaient la motivation et les intérêts de cette grande prêtresse ?...
Le canevas a pris forme et j’ai créé les personnages au travers desquels l’histoire allait être racontée. Ensuite, je me suis lancée. J’aime assez me laisser du champ parce que l’expérience m’a montré que certaines idées, certains rebondissements viennent en cours de route. Donc je n’ai pas de plan détaillé quand je démarre l’écriture. J’ai un point de départ, une destination approximative et quelques points d’amarrage qui doivent jalonner mon récit. Le reste du voyage s’opère jour après jour.
Je passe effectivement beaucoup de temps à effectuer des recherches pour alimenter la crédibilité de mes fictions. Je pense que tous les auteurs « sérieux » se documentent parce qu’ils ont le souci de rendre leur histoire la plus réaliste possible.
Quels auteurs vous ont donné envie d’écrire ? Y-en-a-t-il que vous lisez systématiquement ?
La question est difficile ! Je pense que tous les écrivains que j’ai pris plaisir à lire m’ont donné envie d’écrire. Ça démarre donc très tôt, cette affaire ! Avec la bibliothèque rose, puis la bibliothèque verte, puis les classiques de la littérature, puis les romans contemporains…
Bref, tous les auteurs qui ont su m’embarquer dans une histoire, susciter des émotions m’ont donné en vie de faire pareil avec des lecteurs.
Si je devais citer un nom, je citerais Brassens qui, s’il n’est pas romancier, n’en demeure pas moins un Maître incontestable du maniement des mots. J’ai grandi avec son répertoire dans les oreilles (mes parents étaient des fans) et c’est certainement Georges Brassens qui m’a le premier émue, fait rire ou fait réfléchir… Certains de ses textes sont de vrais bijoux littéraires plein d’humanité et de sensibilité.
Je ne lis personne systématiquement. J’ai bien-entendu des auteurs favoris mais j’ai tellement de lectures en retard que je ne m’impose pas l’achat de leurs bouquins. En plus, j’aime bien essayer de découvrir de nouveaux talents !
Aimez-vous rencontrer vos lecteurs ? Lisez-vous leurs avis sur vos écrits ?
C’est toujours sympa de rencontrer ses lecteurs. Il y a des moments de partage, d’échanges, de complicité (certains lecteurs très fidèles deviennent même des familiers !) et je trouve intéressant d’être à l’écoute des impressions de lecture. Dans ce sens, oui, je lis les avis des lecteurs/blogueurs… et je peux prendre ceux qui me semblent pertinents en compte.
Si je vous demande : un lieu / une couleur / un objet pour vous définir, quelles sont vos trois réponses ?
Une falaise surplombant l’océan. Le rouge. Un stylo.
Avez-vous besoin d’une pause lorsque votre livre paraît ou vous lancez-vous de suite dans une autre intrigue ?
C’est très variable. Parfois, j’ai besoin de m’extraire émotionnellement du livre que je viens de terminer et si j’ai le temps, j’écris un petit bouquin qui n’a rien à voir pour me « rincer » le cerveau ! J’ai produit une novella blanche, un road-movie burlesque entre deux romans noirs. D’autres fois, je laisse filer quelques semaines, j’attends de trouver un thème qui me percute et me donne envie de m’y consacrer. D’autres fois encore, j’ai déjà en tête ce que je veux traiter dans mon futur bouquin avant même d’avoir fini mon livre en cours. Dans ces cas, j’enchaîne directement…
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Dans la réalité. Autour de moi, dans la société, les faits divers, les sujets d’actualité… La littérature noire colle à la peau du réel.
L’aspect psychologique et la part d’ombre de vos personnages sont toujours très fouillés. En définissez-vous les grandes lignes avant d’écrire ?
Les grandes lignes, seulement. J’ai un profil en tête, les ressorts psychologiques majeurs de mes personnages. En revanche, les détails plus fouillés, plus pointus qui vont définir leurs portraits précis se dessinent au fur et à mesure. Les personnages prennent corps, vie et épaisseur au fil des pages.
Aimeriez-vous que vos romans soient adaptés en films ?
Oui, absolument ! J’adore les films et les séries de bonne facture. Ce serait une expérience extraordinaire que de voir porter à l’écran une de mes histoires !
Vous souriez peu sur les photos. Rassurez moi, vous aimez rire aussi ?
Je ris beaucoup dans la vie ! Les lecteurs qui viennent me rencontrer en salons peuvent en témoigner : je fais le pitre sans arrêt, j’adore m’amuser, blaguer et j’ai un vrai côté fofolle !
En revanche, je déteste les photos… Ceci explique certainement cela.
Avez-vous autre chose à partager avec nos lecteurs ?
Un verre de vin et un bon petit repas, pourquoi pas ?!
14:26 Publié dans 07. Les plus récents entretiens avec des auteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, céline denjean | Facebook | |