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01/01/2014

Le chat Ponsard, d'André Fortin (chronique 3)

chat_ponsard.jpgUne chronique de Cassiopée 

 Je suis un peu naïve, j’avoue…Quand je lis des histoires de fausses factures dans les journaux, je pense toujours que les tricheurs seront pris un jour et qu’ils rembourseront. Et bien, ce n’est pas du tout comme ça ! ? Ni dans la vraie vie, ni dans les livres… Je n’avais jamais réalisé d’ailleurs comment étaient établies ces fausses factures (heureusement, Ali, un des personnages du roman, n’est pas plus dégourdi que moi sur ce sujet et page 161, quelqu’un lui explique avec des mots simples ; et j‘en ai bien profité (merci !))

C’est donc toute une histoire de « jeux de dominos » et de sociétés écrans que j’ai découverte. Il fallait y penser. « A partir de dorénavant » je vais regarder mon comptable d’un autre œil, des fois que…dans mon dos…

 C’est donc dans une ville et une entreprise à taille humaine que les « magouilleurs » se sont installés. Tout aurait pu passer inaperçu sans une erreur minime qui sera remarquée par un employé scrupuleux, lequel va voir le grand chef pour lui faire part de ses questions. Il aurait peut-être dû se taire… Comment se débarrasser de ce brave gars, tout dévoué « à la maison », lui qui a vu le nouveau patron grandir sous ses yeux ?

 A l’image du chat Ponsard, qui illustre la couverture, comme s’il allait jouer un rôle important, les événements avancent pas à pas à pattes de velours, le coussinet étouffant de temps à autre le scandale qui pourrait jaillir. Le matou va d’ailleurs être le catalyseur, l’élément déclencheur qui entrainera un de nos protagonistes sur une nouvelle voie.

 Pas de rebondissements incessants « à l’américaine », pas de sang à outrance, de courses poursuites épuisantes et d’angoisse terrible. L’auteur instille un climat, décortique les faits pour que nous soyons au courant de tout, à la manière d’un observateur extérieur qui examine, analyse, prend des notes, les transmet en rédigeant. Est-ce le félin, silencieux, aux yeux verts et au regard aigu qui nous expose par le menu tout ce qui fait le quotidien de ceux qu’on croise dans le livre ? Toujours est-il que l’écriture est posée, fluide, complète et qu’il faut bien tout ce qu’on lit pour comprendre les tenants et les aboutissants. Pour autant, ce n’est pas « lourd » à lire, ni compliqué, encore moins fastidieux. Au contraire, on se délecte de ces détails qui arrivent à un rythme soutenu mais sans inutilités. J’ai bien apprécié cette façon de procéder qui change des livres où il y a une action à chaque page. (Pour autant, je n’en lirai pas dix de ce style à la suite). Cela instaure un climat d’échanges avec le lecteur, car les éléments arrivent les uns après les autres apportant un éclairage différent sur les personnes qui habitent les pages.

 Les acteurs, tous très réalistes dans leur vie de papier, sont attachants, ils ont une belle part d’humanité pour la plupart. J’ai beaucoup apprécié Mademoiselle Louise, on n’a pas du tout envie de se moquer, de la tourner en dérision, au contraire. Il émane d’elle un délicieux parfum un peu suranné mais elle est tellement « vrai » dans sa façon d’être, ses pensées …. on aimerait que le meilleur lui arrive. Ali aussi, m’a beaucoup intéressé. Balloté de droite à gauche, il ne sait pas trop où est sa vie. Il admire Léonard et lui obéit plus car il se sent « son obligé », pas parce qu’il pense qu’il a raison. L’évolution de sa personnalité n’est pas négligeable. Certains jugent qu’il y a toujours, même enfoui très profond (et ce doit vraiment être très enseveli pour certains ;-), une part de bonté en l’homme, si minime soit elle. La spirale infernale et négative dans laquelle s’est enfermée Ali, s’inverse petit à petit, peut-être par la grâce d’un chat. Une rencontre improbable qui lui permet d’aimer…. Je ne dis pas qu’aimer est le remède à tous les maux mais un peu de tendresse ne fait pas de mal.

 Cette lecture m’a agréablement surprise, l’auteur a l’air de bien connaître les situations qu’ils évoquent : enfants en foyer, fausses factures, justice…Et cela donne un ton juste à son écrit.

 Cassiopée

Sur ce roman, lire aussi les chroniques d’Oncle Paul et de  Jacques

Le chat Ponsard
André Fortin
Editions Jigal,
collection Jigal Polar.
Parution septembre 2013.
248 pages. 18,00€.