04/03/2012
Double hélice, de Kleinmann et Vinson (chronique 3)
Une chronique de Cassiopée
Si vous visitez le château de Chambord, vous serez certainement admiratif de l’escalier à double révolution qui se trouve là-bas. Double révolution ou double hélice …
Et si vous vous demandez pourquoi Léonard de Vinci a dessiné un escalier comme ça ; vous pouvez lire le roman de Philippe Kleinmann et Sigolène Vinson. Vous aurez une réponse …
J’ai bien écrit « une » réponse pas « la » réponse ….
En effet, dans ce roman, les auteurs vont habilement mélanger : des vérités historiques et des faits d’histoire revisités à leur manière pour réécrire l’Histoire avec un grand H ainsi que la saga d’une famille, des notions scientifiques (la double hélice de l’ADN), et une enquête policière, le tout sur fond de fiction puisque tout le monde le sait, on ne peut pas encore partir en excursion dans les années écoulées...
Tout ceci avec une construction qui sort de l’ordinaire puisqu’à travers un voyage dans le passé, raconté par le biais d’un journal intime, (remis aux héritiers en 2018), nous aurons un éclairage sur les événements du présent qui sont ainsi parce que le passé « a été ».
Il est d’ailleurs amusant de constater que le voyageur du passé connaissant l’avenir (qui est aussi son passé et son présent (vous suivez ?) pour quand il vivait encore en 2018), se donne les moyens de ne pas transformer ce qu’il sait des situations futures. C’est une gymnastique mentale assez amusante et si vous cherchez des erreurs, sachez que tout est bien pensé, enchaîné, réfléchi. C’est assez impressionnant.
L’alternance présent/Moyen-âge donne un rythme incontestable à ce livre et entraîne le lecteur dans une envie d’avancer au plus vite « pour savoir ». Les personnages sont attachants et leur quête de vérité touchante.
Tous les apports scientifiques sont assez recherchés, sans être trop « poussés », ce qui permet une connaissance correcte de ce qui est présenté. On croise Ambroise Paré et quelques autres qui se trouvent mêler à l’histoire de façon originale.
Les situations historiques où l’on rencontre le « voyageur » ne sont pas toutes vraies mais intelligemment amenées dans un contexte qui, lui, est tout à fait authentique (maladies de l’époque, vie quotidienne etc.) et qui apporte un plus à la lecture.
L’enquête policière est bien menée, mais elle m’a semblé un peu rapide sur la fin. Tout s’est précipité et on pouvait commencer à deviner certaines choses, mais ce n’est qu’un petit défaut.
L’intrigue bâtie sur plusieurs siècles (de la Renaissance à 2018) ainsi que les nombreux protagonistes pourraient par certains côtés, rebuter quelques lecteurs, se disant « Diantre, où m’emmènent-ils ? » ou « Zut, qu’est ce qu’ils veulent ? » suivant l’époque où on se place ;-) Mais les auteurs sont habiles et le nombre de personnages, introduits petit à petit pour ceux du passé, ne gêne en rien la lecture.
L’écriture, à deux mains, (je voudrais bien savoir comment ils s’y prennent) est de très bonne qualité. Pas de temps morts, pas de longueurs, les mots glissent de façon limpide.
De plus, pour ne pas alourdir le contexte (histoire, science suffisent à donner du « sens » au roman), les auteurs ne se sont pas attardés sur une longue étude psychologique des individus présents dans ce livre. C’est une bonne chose. Chacun d’eux se « découvre » au fil des pages, donnant un peu plus de soi pour qu’on apprenne à le connaître sans description inutile maintenant ainsi une vivacité agréable dans le texte.
En conclusion, une très bonne lecture qui ne vous décevra pas.
Cassiopée
Deux autres chroniques publiées par un polar collectif sur ce roman :
ainsi que l'entretien que nous avons eu avec les auteurs.
Double hélice, de Kleinmann et Vinson
Poche: 414 pages
Editeur : Le Masque (20 avril 2011)
Prix : 17,50 €
Présentation de l'éditeur
Le lendemain de ses vingt-trois ans, Samuel, étudiant en biotechnologie, reçoit un pli en provenance d’une étude de notaires italiens. A l’intérieur, une lettre de son père, le docteur Joshua Adam Lenostre, qui lui donne rendez-vous dans les bureaux de Maître Ricci à Venise.
Premier signe de vie de ce chirurgien, mort devant ses yeux d’enfant, onze ans plus tôt lors de l’incendie de son laboratoire de recherche de l’Institut Curie. Le laboratoire était alors à l’aube d’une découverte thérapeutique majeure. Samuel Lenostre, intrigué, se rend à Venise où Maître Ricci lui remet un opuscule intitulé « Voyage à Gênes ». Son père semble être l’auteur de ce journal intime qui relate le quotidien d’un médecin du 21ème siècle projeté à la fin du Moyen Âge, à l’époque d’Ambroise Paré et de Paracelse.
Comment survivre à l’aube de la Renaissance avec simplement ses connaissances et ses deux mains ? Comment protéger sa famille d’un criminel prêt à tuer pour un brevet ? Comment aimer ses enfants de si loin ? Comment faire quand le temps presse et que l’on n’a que cinq siècles devant soi…
Entre les lignes de ce texte incongru et auquel personne ne donne foi, Samuel Lenostre, épaulé par sa sœur Julie et le policier Hugo Gottlieb, va suivre la piste qui mènera à son père, au traitement révolutionnaire du cancer et au criminel à l’origine du drame.
L’enquête se révélera particulièrement ardue car le mal et la cupidité suivent évidemment le même chemin.
11:08 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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