22/06/2011
Double hélice, de Kleinmann et Vinson
Une chronique de Christine
Sur la longue route qui vous a amenés exactement ici, et tels que vous êtes, il y a, en y regardant bien, foule de petits détails en forme de commutateur. Position « on » ou « off », ou « pile « ou « face » si vous voulez.
Pourquoi telle décision ? Qu’auriez vous pu faire d’autre ?
Avouez, mes chatons, qu’il vous arrivé au moins une fois dans votre merveilleuse vie pleine de rebondissements de penser « Que ce serait-il passé si… ? »
Si vous pouviez retourner sur vos pas, ou même plus en arrière dans le temps, sachant ce que vous savez… Aucune tentation ?
Même pas celle d’acheter toutes les actions « Pomme » le jour de leur lancement sur le marché ?
Ou d’aller, juste pour rire, juste pour le plaisir, dire à Christophe Colomb que « Non, non, par-là, c’est pas la bonne direction » ?
11 ans. Cela fait 11 ans que Joshua Lenostre, chirurgien brillant et membre de l’équipe « Cancer et génétique » a disparu dans l’incendie qui a ravagé son laboratoire à l’Institut Curie. Dans cet incendie criminel, un de ses collaborateurs a également péri après une blessure par balle, et tous les éléments permettant de reproduire l’expérience débouchant sur une avancée majeure dans le traitement du cancer ont été cambriolés.
Samuel Lenostre, son fils, reçoit le 23 juin, lendemain du jour de son 23ème anniversaire et peu de temps avant la soutenance de sa thèse en biotechnologie un courrier de Maître Elsa Ricci, notaire à Venise. Elle l’invite à venir chercher des documents importants déposés à son attention, pour cette date très précise, depuis plusieurs centaines d’années !
Accompagné d’une lettre bien étrange, apparemment aussi ancienne, dont tous les détails semblent indiquer que l’auteur pourrait être Joshua…
Comment cela pourrait-il être possible ?
Samuel se fait agresser alors qu’il est en route pour Venise, et les documents sont remis à quelqu’un ayant usurpé son identité.
La capitaine Hugo Gottlieb est chargé d’enquêter sur l’agression, et il ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un lien entre celle-ci et les travaux de Samuel, dans la droite lignée de ceux de son père. Travaux qui ont fait et font donc encore l’objet de convoitises féroces. Ce qui va l’amener très rapidement à se replonger dans un dossier classé : celui de la mort de Joshua Lenostre.
Samuel, quant à lui, rencontre Elsa Ricci. Tout a été prévu, il y a des centaines d’années, au cas où un incident se produirait, et Samuel va pouvoir tenir entre ses mains un opuscule titré « Voyage à Gène », un journal intime rédigé entre 1512 et 1566.
Tandis que l’enquête contemporaine progresse peu à peu, Samuel se plonge dans la lecture de l’histoire d’un homme parti de rien, et qui a côtoyé les grands noms de son époque, avant d’en devenir un lui-même.
Un homme ayant laissé à son intention un héritage sous forme de jeu de piste.
« Le hasard n’existe pas ».
"Tu sais, remarqua Arthur, c'est en de tels moments (...) que je regrette de ne pas avoir écouté ce que me disait ma mère quand j'étais petit.
- Eh bien, que te disait-elle ?
- Je ne sais pas. J'ai pas écouté. »
Voilà un livre qui ne manque pas d’arguments pour séduire !
Tout d’abord, une intrigue policière, plutôt réussie. Un homme qui disparaît, un fils en quête du père, et en quête d’un héritage dont on comprend vite la capacité à déchaîner les passions : la possibilité, grâce aux biotechnologies, d’insérer dans les chromosomes humains des séquences de gènes pouvant modifier l’expression de cellules cancéreuses. La possibilité de guérison ! Le capitaine Gottlieb, personnage atypique et attachant, mène son enquête auprès des anciens collaborateurs de Joshua Lenostre et sa curiosité permet au lecteur de le suivre pas à pas.
Une partie historique passionnante ! Le journal de cet inconnu permet une incursion dans la France du XVIe siècle, époque où l’on guérissait les malades avec forces saignées ou prières. Avec des personnages fascinants tels que Copernic, Rabelais, Leonardo da Vinci, entre autres ! croisés le long de sa route.
Oui, une histoire d’amitiés, de passions, d’amour de la science et de la transmission de celle-ci. C’est terriblement prenant, instructif sans jamais être pesant, et très astucieux !
À signaler tout de même car c’est un point qui ne peut me laisser indifférente : la partie scientifique comme la partie historique sont remarquables de précision.
De ces deux récits en alternance, monte une tension qui va crescendo car la curiosité est doublement titillée : qui est ce mystérieux narrateur semant des indices destinés à un jeune homme du 21e siècle ? Et Samuel retrouvera-t-il son père, ou au moins, l’héritage de ce dernier ?
Les personnages sont nombreux, bien décrits, vivants.
C’est un roman à la construction précise, foisonnant, prenant du début jusqu'à l'ultime et savoureuse pirouette historique, vraiment très agréable, et que je recommande vivement.
La culture, c’est la base… *
*« L’art du bon bouillon » ; Alex & Sander Fleming
** « Le guide (du routard) galactique » ; Douglas Adams
Christine, (Blog : Bibliofractale )
Double hélice
Philippe KLEINMANN et Sigolène VINSON
Éditions du Masque
411 pages ; 17,50 euros
Pour lire un entretien avec les auteurs, et l’excellente chronique de Jacques qui m’a donné envie de lire « Double hélice » à mon tour :
http://unpolar.hautetfort.com/archive/2011/04/21/entretie...
15:39 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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