08/03/2016
La misère des laissés-pour-compte, de Maxime Houde
Une chronique de Bruno
Pour celles et ceux qui aiment les privés.
[...] Quand une jolie fille en détresse crie au secours ...
Sympathique polar que celui du québecois Maxime Houde : La misère des laissés-pour-compte qui nous emmène à Montréal au tout début des années cinquante pour un double dépaysement.
Avec tout d'abord celui de la langue fleurie de nos cousins d'outre-Atlantique qui moppent le plancher ou qui sont parfois dans le trouble lorsque la brunante envahit le quartier.
Et puis avec l'ambiance des polars de ces années-là où fleurissaient les personnages de 'privés' comme on les aime. Des beaux gosses durs à cuire qui n'ont peur de rien, même pas des flics et encore moins des méchants, qui se font régulièrement cogner (parfois par les flics et plus souvent par les méchants) mais qui se relèvent sans cesse et parviennent presque toujours à faire triompher la cause du bien, de la jolie fille et de l'orphelin.
« [...] Il ne me restait plus qu’à attendre que la veuve ou l’orphelin fasse appel à mes services.
[...] Quand une jolie fille en détresse crie au secours, c’est dans l’habitude des privés d’accourir. »
Maxime Houde n'a pas soixante-dix ans (il en est loin !) mais il s'y entend à merveille pour faire revivre ces bons vieux polars aux situations et aux dialogues ultra-codifiés.
Son détective Stan Coveleski (dont c'est quand même la septième aventure) ne loupe pas une seule de ces figures imposées.
Le voici dérangé un beau soir (alors que la brunante a déjà envahi le quartier) par l'un de ses indics, un laissé-pour-compte : Fernand Dubois est dans le trouble, il s'est mis dans de sales draps et appelle son seul ami au secours.
[...] Quand le téléphone sonne aux alentours de minuit, ce sont rarement de bonnes nouvelles.
On n'aura évidemment guère le temps de faire connaissance avec le susnommé Dubois et c'est très vite au tour de Stan Coveleski de se retrouver pris dans l'engrenage d'une sale histoire où il sera question de drogue (et oui déjà), de spéculations foncières (et oui toujours), de chantage, de jeu, de corruption, bref de tout ce qu'il faut pour faire un bon polar.
« [...] Il n’y avait aucune raison pour que je déprime. Après tout, les choses ne pouvaient que s’améliorer.
[...] J’avais l’impression désagréable qu’on m’avait roulé dans la farine. Certaines questions demeuraient sans réponse. »
Même s'il s'agit avant tout d'un roman d'atmosphère, l'histoire est rondement menée grâce notamment à de savoureux dialogues, juste voyous lorsqu'il le faut mais sans exagération, une bonne dose d'humour un peu noir et l'autodérision qui sied à ce genre 'à la manière de ...'.
« [...] — Tu sais ce que je pense, Coveleski ?
— Vous avez cette faculté-là, vous ?
— T’as la réplique facile ... »
L'intrigue policière (oui, y'en a une !) laissera même quelques surprises originales et intéressantes.
Le lecteur français, même s'il connait le Montréal d'aujourd'hui, regrette juste de passer à côté des évocations du passé montréalais qu'il devine savoureuses mais sans pouvoir les apprécier vraiment.
Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR
07:19 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la misère des laissés-pour-compte, maxime houde | Facebook | |
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