08/03/2016
Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, de L.C. Tyler
Une chronique de Bruno
Pour celles et ceux qui aiment la campagne anglaise et monotone.
[...] Je sais repérer les fausses pistes, crois-moi, je suis le roi du polar de bas étage.
On aurait dû se méfier des amateurs de titres à rallonge, ça sentait l'effet de mode.
Ce bouquin de l'anglais L. C. Tyler commençait plutôt bien avec un humour vachard et une mort mystérieuse.
Celle d'une salope (je cite, je cite !) en tailleur italien rouge et escarpins assortis. Une de celles qui croquent les hommes et leurs millions. Personne ne semble vraiment regretter sa disparition.
Surtout pas son ex-mari que pourtant, quelques indices accusent, soigneusement disséminés. Ça sent la mise en scène.
Oui mais de qui elle est, cette mise en scène ?
La morte ? Un ou une complice ? L'ex-mari ?
Voire même pourquoi pas, Elsie, accro au chocolat qui se met à jouer les détectives amateurs et qui n'est autre que l'agent littéraire de l'ex-mari ? Car l'ex se pique d'écrire des romans policiers justement, voyez : le roman dans le roman ?
Pfffiouuu !
« [...] Elsie avait choisi de porter pour l’occasion une jupe moulante très courte et une veste assortie qui auraient pu être très seyantes sur un tas de gens. Il y avait incontestablement au fond d’elle une femme menue et raffinée qui luttait pour se faire entendre et dont on ne pouvait qu’admirer la ténacité.
[...] – Donc, si je comprends bien, on nous demande de croire que ta femme…
– Ex-femme.
– … est venue en voiture jusqu’à West Wittering avec l’intention soit de simuler un suicide, soit de se tuer pour de vrai.
Qu’ensuite elle s’est mise à marcher, sapée comme une pute, et qu’elle est tombée par hasard sur l’Étrangleur de Cissbury en sortant du parking. C’est ça, la thèse des flics, ou quoi ?
[...] C’est une erreur très répandue que de croire que les auteurs de polars ont la moindre idée de la façon dont on résout une véritable énigme.
D’ailleurs, à l’inverse, la plupart des inspecteurs de police seraient bien incapables d’écrire un best-seller. Dans ce cas-là comme dans bien d’autres, il vaut mieux laisser ça aux professionnels. »
Mais voilà, cet humour ravageur et souvent bienvenu ne cache vraiment pas grand chose d'autre.
L'intrigue n'est guère palpitante ni même très surprenante (très tôt la scène de la morgue lève un coin du drap beaucoup trop haut)
.
Au fil des pages, l'humour devient répétitif et somme toute très convenu.
Et l'ami L. C. Tyler est finalement bien le seul à s'amuser, à délayer son histoire, à en rajouter des tonnes (le roman dans le roman dans le roman ...).
« [...] On ne peut pas s’amuser à perdre le lecteur en brouillant les pistes au maximum.
[...] Si j’avais voulu m’amuser à jouer les détectives, ce qui n’était absolument pas le cas. »
Titre et bouquin à rallonges.
Une fois n'est pas coutume, on va se montrer injustement méchant avec ce pauvre Tyler en le citant lui-même, tant pis pour lui :
« [...] Je suis le roi du polar de bas étage. »
Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR
07:03 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etrange suicide, fiat, kilométrage, tyler | Facebook | |
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