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05/10/2017

La Reine Noire, de Pascal Martin

la_reine_noire.jpgUne chronique de Cassiopée

Et à la fin, c’est le gentil qui gagne ?

 C’est un polar noir ancré dans le tissu social et les relations humaines que Pascal Martin a écrit.   Pourtant la Reine Noire, c’est une raffinerie de sucre….. avec une grande et belle cheminée qui dominait le village de Chanterelle. Elle apportait la vie, le mouvement, du travail aux gens du coin, cette entreprise, et les habitants se consacraient à la tâche, d’autant plus que Monsieur Durand, le patron de l’époque, était plutôt bien vu, épaulé par un maire qui le soutenait. Et puis, un jour, Spätz, qui ne mérite pas qu’on lui donne du Monsieur, a tout détruit… Il a éjecté Monsieur Durand de son poste de directeur, s’est mis en tête de devenir maire à la place de Monsieur Coutadeur, et a tendu un piège pour que ce dernier soit obligé de renoncer à son poste. Spätz obtient donc le fauteuil convoité et pour compléter son travail de sape, il délocalise la raffinerie en Indonésie….. Alors la bourgade se meurt. Il reste quelques commerces, quelques couples, des gens qui ne sont jamais partis mais qui auraient parfois bien voulu…..mais de là à passer à l’acte….. Comme souvent dans ce genre d’endroits où tout le monde se connaît, on parle sous le manteau ou dans le dos, on interprète les sourires, les gestes, on critique (mais on n’a rien dit hein ou alors, moi ce que j’en dis…), on observe, on surveille (même pas vrai, c’est juste que je m’intéresse diraient certains), on s’ennuie peut-être un peu aussi, surtout la jeunesse qui aspire à autre chose….

Mais voilà, de l’animation et de quoi faire parler et délier les langues !!! Ce n’est pas un homme mais bien deux qui débarquent. L’un, habillé de noir, comme un croque mort, avec des lunettes foncées qui empêche de croiser son regard. L’autre, pipe à la bouche, paraît moins ténébreux…. Hasard ou coïncidence que ces deux présences simultanées ? Y-a-t-il un méchant et un gentil ? Et puis d’abord qui sont-ils et que viennent-ils faire dans ce coin perdu de Lorraine ? Le premier s’installe dans la maison « du fada », le second à l’auberge où une chambre a toujours été réservée à certaines parties de jambes en l’air….  De fil en aiguille ou plutôt d’observations en surveillances, les deux hommes seront identifiés par les villageois. La jeune serveuse du principal bar sera même très attirée par l’homme au regard caché, qui promène avec lui une aura de mystère…. Il faut bien vivre dangereusement ….. Et les événements bizarres vont commencer…..seraient-ils liés à la présence des visiteurs ?

Quels buts poursuivent ces deux individus ? Que sont-ils venus faire et pourquoi ne répondent-ils pas franchement lorsqu’on leur pose des questions ? Sont-ils bien ceux qu’ils prétendent être ? C’est sans doute cette totale ambivalence qui m’a captivée (et séduite). Même habillé de noir, on ne peut pas dire que l’un est noir et l’autre blanc…. Leur relation va être complexe, installant un jeu de chassé-croisé, de chat et de souris où sans cesse les rôles s’inversent, maintenant le lecteur dans le flou….

Avec une écriture ciblée, incisive, une atmosphère au cordeau et des protagonistes atypiques, l’auteur nous offre une « peinture » sociale obscure où chaque fait peut déstabiliser l’idée générale que vous aviez de l’intrigue. Les phrases sont courtes et donnent un rythme vif à l’ensemble. Les relations humaines finement décrites en quelques mots. On sent les non-dits, les suspicions, il y a toujours quelqu’un pour lancer une remarque, une supposition, une allusion et finalement cela sème le trouble….Les « Chanterellois » (euh…) ne savent pas trop qui croire, qui est dans le vrai…. Ils se méfient de ces voyageurs qui sont certainement venus se venger du passé …. L’un et l’autre ont souffert et chacun a des comptes à régler, avec qui, pourquoi, et comment se fait-il qu’ils soient là en même temps ?

J’ai beaucoup apprécié le style de ce roman noir, vraiment noir. L’auteur a réussi avec ce qui pouvait ressembler à un thème connu de querelle de clocher et de tensions dans une petite ville, à me surprendre.

La Reine Noire
Auteur : Pascal Martin
Éditions : Jigal (Septembre 2017)
ISBN : 978-2-37722-014-4
248 pages

Quatrième de couverture

En ce temps-là, il y avait une raffinerie de sucre dont la grande cheminée dominait le village de Chanterelle. On l'appelait la Reine Noire. Tous les habitants y travaillaient. Ou presque... Mais depuis qu'elle a fermé ses portes, le village est mort. Et puis un jour débarque un homme vêtu de noir, effrayant et fascinant à la fois... Wotjeck est parti d'ici il y a bien longtemps, il a fait fortune ailleurs, on ne sait trop comment... Le même jour, un autre homme est arrivé. Lui porte un costume plutôt chic. L'un est tueur professionnel, l'autre flic. Depuis, tout semble aller de travers : poules égorgées, cimetière profané, suicide, meurtre... Alors que le village gronde et exige au plus vite un coupable, dans l'ombre se prépare un affrontement entre deux hommes que tout oppose : leur origine, leur classe sociale, et surtout leur passé... La Reine Noire est peut-être morte, mais sa mémoire, c'est une autre histoire...