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19/04/2020

Pièces détachées, de Phoebe Morgan (The Doll House)

pièces-détachées-de-Phoebe-Morgan.jpgUne chronique de Cassiopée

Elles sont deux sœurs. Ashley, mariée jeune, trois enfants dont une adolescente (avec les problématiques liées à cet âge) et une petite dernière qui pleure beaucoup. Cela joue sur ses nerfs et sur son couple car les soirées et les nuits sont difficiles. Son mari passe énormément de temps au travail (trop ?). Sa sœur, c’est Corinne, en couple sans enfant alors qu’elle ne rêve que d’être enceinte. Elle fait des FIV, travaille dans une galerie d’art et son compagnon est journaliste. Les deux frangines habitent Londres, s’entendent bien et ont une mère, veuve depuis peu. Cette dernière a quitté la grande demeure familiale pour s’installer dans quelque chose de plus petit et s’isoler comme si la mort de son époux l’avait un peu « éteinte ».

Lorsque le roman commence, Corinne est prête à tenter une dernière insémination, elle est nerveuse, pleine d’espoir mais extrêmement tendue par l’enjeu. Ashley, de son côté, est au bout du rouleau, un bébé pleureur, un conjoint peu présent, une ado en pleine crise … C’est lourd, d’autant plus qu’elle sent bien que les deux derniers ne lui disent pas tout. Sa fille aurait-elle de mauvaises fréquentations ? Son tendre et cher commencerait-il une liaison ? En outre, ça va être l’anniversaire de la mort de son Papa, période douloureuse en souvenirs qu’elle va partager avec sa mère et sa sœur.

En commençant ce roman, on s’attache très vite à ses deux femmes et on suit leur quotidien dans la capitale londonienne en 2017. On passe de l’une à l’autre dans les différents chapitres. Lorsque c’est Corinne, la narration se fait à la première personne et c’est elle qui s’exprime. Pour Ashley, c’est avec un regard extérieur en mode discours. Il y a également quelques passages en italiques où une personne s’exprime. On ne sait pas de qui il s’agit, on ressent sa souffrance, son aigreur … 

Les journées s’écoulent entre impondérables et routines. Corinne repart à la clinique et attend les résultats, crispée, n’osant espérer… Ashley est épuisée, elle reçoit des appels anonymes qui la font douter de James, l’homme de sa vie… Soudain, une éclaircie, le test de grossesse de la première fait apparaître deux petits traits bleus. La fin d’un long combat, le début d’une autre vie ? Plutôt le commencement d’un cauchemar…. En effet, Corinne commence à trouver chez elle ou au travail, des morceaux infimes d’une magnifique maison de poupée que son père avait construite. Or, ce jouet est censé être chez sa génitrice. Que se passe-t-il ? Est-elle en train de se faire des films ? Ses hormones qui « travaillent » dérèglent-elles son équilibre ?  A partir de ce moment-là, la tension est palpable et monte crescendo au fils des pages. Dans l’un ou l’autre des deux ménages, des événements bizarres se produisent, parfois minimes, d’autres plus dérangeants. Faut-il y accorder de l’importance ?  Les compagnons de Corinne et Ashley ont tendance à minimiser. Les femmes s’affolent vite, c’est bien connu. Le lecteur, lui, ne sait plus que croire, que penser.  Et puis les choses s’accélèrent, l’atmosphère est de plus en plus anxiogène. Les non-dits familiaux paraissent assez nombreux. Les secrets enfouis, voire totalement tus, vont-ils être dévoilés ? Par qui, pour quoi ? Comment sont liés les différents protagonistes ? Certains sont-ils aussi honnêtes et « lisses » qu’ils en ont l’air ? Ne cachent-ils pas une part d’eux-mêmes, de leur vie ?

J’ai particulièrement apprécié ce recueil. D’abord, parce que la traductrice a fait un travail remarquable. Elle a maintenu une écriture fluide, prenante, un suspense captivant et a utilisé un vocabulaire de qualité (j’ai même découvert trois nouveaux mots). Cela contribue beaucoup au plaisir de lecture et il me semble important de le souligner. En outre, l’intrigue est parfaitement construite, les corrélations entre les uns et les autres s’éclaircissent petit à petit et on comprend les volontés de chacun.  Les personnages sont suffisamment étoffés et ont de la profondeur. C’est un premier titre pour cet auteur et c’est absolument maîtrisé, une belle réussite !

Traduit de l’anglais par Danièle Momont
Éditions : L’Archipel (2 Avril 2020)
386 pages

Quatrième de couverture

Corinne a déjà eu recours à des FIV. Mais cette fois, elle en est sûre, c’est la bonne. Cette cheminée miniature, qu’elle découvre un matin sur le pas de sa porte, n’est-elle pas un signe du destin ? Cette cheminée coiffait le toit de la maison de poupée que son père adoré avait construite pour elle et sa sœur Ashley. Bientôt, d’autres éléments de cette maison de poupée font leur apparition. Corinne prend peur. Qui s’introduit chez elle ? Qui l’espionne ?

 

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