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04/06/2020

Le jour où Kennedy n’est pas mort, de R.J Ellory (Three Bullets)

Kennedy.jpgUne chronique de Cassiopée

Le jour d’après…

Le jour d’après Kennedy n’est pas mort, il n’a pas été assassiné. C’est en partant de ce non-fait que Roger Jon Ellory construit son uchronie. Si ce récit n’a pas la noirceur et le côté très sombre des précédents textes de l’auteur, il n’en est pas moins intéressant, abouti et riche en informations et hypothèses diverses.

En Juillet 1964, Mitch Newman, un journaliste-photographe, apprend le suicide de Jean, son ex-fiancée, qu’il n’a pas revue depuis plus de dix ans. C’était une jeune femme dynamique, qui aimait la vie et il ne peut pas croire qu’elle ait fait une chose pareille. Il se rapproche de la mère de Jean, qui, elle aussi, se pose beaucoup de questions. Pour la rassurer et parce qu’il n’a rien de mieux à faire, il va creuser l’affaire. Il va vite s’apercevoir que Jean avait été « remerciée » par le journal pour lequel elle travaillait et que, sans doute, elle enquêtait sur un sujet sensible. Il découvre qu’elle s’apprêtait à soulever un lièvre concernant JFK, son élection, son équipe, sa famille, ses relations. Jean a-t-elle vraiment pris la décision de mourir ou a-t-elle été « assistée » ?

Mitch avait abandonné Jean pour « couvrir » la guerre de Corée. Il avait le souhait de devenir quelqu’un, d’être « reconnu » pour ses photos, de se faire une place. Et puis, là-bas, rien ne s’est déroulé comme il l’avait imaginé et c’est un homme marqué, blessé intérieurement, qui est rentré au pays. Profondément meurtri, il sombre régulièrement, se redresse, s’effondre à nouveau. Essayer de comprendre le geste de Jean, c’est retrouver un souffle, une envie d’avancer, un désir d’exister, peut-être même une forme d’expiation. […sa mort m’a forcé à me regarder en face…]

Le roman se partage entre des scènes de la vie quotidienne du président et l’enquête de Mitch. C’est surtout les investigations de ce dernier qui nous captivent. Il marche sur les traces de son amie, il tisse des liens là où elle est passée, il lit les quelques notes qu’elle a laissées. Il ne lui faut pas longtemps pour réaliser qu’il dérange (comme elle a dérangé lorsqu’elle faisait la même chose ?) et certains lui font comprendre qu’il ferait mieux de s’abstenir d’approfondir ce qu’il met au jour. C’est mal le connaître. Il est opiniâtre, obsédé par la soif de vérité et par son instinct qui lui souffle que ce suicide n’est pas clair. Il ne lâchera rien, cheminant en pensant à sa vie, faisant ainsi une vraie introspection sur lui, un bilan de ce qui l’a amené ici et maintenant.

Pour John F. Kennedy, c’est sa part d’ombre qui se dévoile sous nos yeux. Ses addictions aux femmes, aux médicaments, ses décisions pas toujours bonnes, une élection peut être truquée, des manipulations, la place de ses conseillers, de son épouse, de son frère, de la mafia …. Bien sûr, tout n’est que supposition, mais il y a probablement un peu de vrai dans tout ça et c’est ce qui est stupéfiant. R.J. Ellory a réussi à partir de situations réelles (il y a des allusions à Jimmy Hoffa  dont j’ai lu l’histoire il y a quelque temps) à nous concocter une intrigue des plus plausibles avec un contexte fort, riche, complet, car les Kennedy (et la période évoquée) ont (et font encore) fait parler d’eux….

Je reste une inconditionnelle de cet auteur. Son écriture est puissante, (merci au fidèle traducteur), agréable. Son texte est parfait car il y a tout : de l’action, du suspense, une approche psychologique des différents protagonistes, de la cohérence….. Ce qui me plaît également, c’est que dès les premières lignes, il embarque le lecteur.  Dès qu’on commence, on veut lire et encore lire sans s’arrêter…. Les mots sont choisis, ciblés, porteurs de sens et l’ensemble est un recueil très réussi !

 

Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (4 Juin 2020)
432 pages

Quatrième de couverture

Le 22 novembre 1963, le cortège présidentiel de John F. Kennedy traverse Dealey Plaza. Lui et son épouse Jackie saluent la foule, quand soudain... Quand soudain, rien : le président ne mourra pas ce jour-là. En revanche, peu après, le photojournaliste Mitch Newman apprend le suicide de son ex-fiancée, dans des circonstances inexpliquées. Le souvenir de cet amour chevillé au corps, Mitch tente de comprendre ce qui s'est passé. Découvrant que Jean enquêtait sur la famille Kennedy, il s'aventure peu à peu dans un monde aussi dangereux que complexe : le cœur sombre de la politique américaine.

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