04/06/2020
Trouver l'enfant, de Rene Denfeld (The Child Finder)
Une chronique de Cassiopée
Une écriture qui sublime le contenu
Elle s’appelle Naomi Cottle. Petite, elle a été « trouvée » et recueillie par une femme qui l’a apprivoisée, élevée, aimée, acceptée avec sa part d’ombre, ses réactions parfois surprenantes. Elle l’a aidée à devenir femme. Maintenant Naomi est une détective, elle est « la femme qui retrouve les enfants. » Elle a vécu l’abandon (que ce soit dû à un kidnapping ou autre…), la peur, le désespoir. Est-ce que cela lui a donné une force particulière pour chercher les gamins disparus lors des enquêtes qu’on lui confie ? Elle sait, elle « sent » les choses …. un peu comme si elle établissait une connexion avec celui ou celle qu’elle espère ramener à sa famille. Elle est en chasse pour les autres mais aussi pour elle-même. Peut-être a-t-elle le sentiment de vivre une partie de son histoire ?
Cette fois-ci, c’est Madison qui n’est plus avec ses parents. Trois ans déjà et pourtant ils espèrent toujours qu’ils finiront par la serrer à nouveau dans leurs bras. Naomi les prévient d’entrée. Elle ne peut pas garantir la réussite et si toutefois, leur fille rentrait, elle ne serait plus la même. Mais elle accepte la mission et part dans la forêt de Skoolum, là où ils l’ont « perdue » en voulant couper un sapin pour Noël. C’est un lieu froid, perdu, enneigé avec des coins difficiles d’accès. La jeune femme s’installe dans un motel et au rythme de la neige qui tombe calmement, elle se déplace en voiture ou à pied, rencontre quelques habitants, commerçants, garde-forestier ou autre.
Tout cela peut paraître assez classique, une disparition, une enquête, une détective atypique …. Mais l’écriture (et une superbe traduction), le style, la construction, les personnages, l’atmosphère transcendent ce récit et le rendent inoubliable. L’ambiance est feutrée, peu bruyante. Il y a peu de protagonistes, et ils ne sont pas très clairs. On sent que certains ne disent pas tout. Naomi observe, questionne, furète, recoupe les quelques indices qu’elle a récupérés. Elle est mystérieuse, intelligente, opiniâtre, intuitive, elle ne lâche rien et fédère autour d’elle, obligeant quelques personnes à lui donner des informations.
La construction de ce recueil est une pure réussite. Je suis séduite, envoûtée. Il y a un subtil et délicat mélange entre contes, investigations, retours en arrière, profils psychologiques. L’auteur a su mettre en place un équilibre soigneusement dosé entre tous ces éléments. Son phrasé aux mots choisis sublime chaque description, chaque scène, chaque passage. Ce récit m’a immédiatement pris dans ses rets, j’ai été happée. Captivée par la façon dont Naomi mène ses recherches, par son approche des autres, par sa force silencieuse. Charmée par les mini-contes, par la poésie, parfois douloureuse, qu’ils dégagent. Aimantée par la « musique » qui se dégage des phrases et qui a résonné en moi tout au long de ma lecture. Le texte puissant, oscille entre noirceur, espoir, ode à l’amour…. Il vous parle à la tête et au cœur, il laisse une trace durable.
Je ne suis pas près d’oublier cet opus, j’ai envie de découvrir un peu plus Naomi, de savoir ce qu’elle devient, comment évolue sa situation personnelle. Je voudrais qu’elle soit en paix avec elle-même. Elle fait partie de ces héros de roman qui semblent appartenir à la vie réelle …..tellement vrais, palpables….
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil
Éditions : Payot & Rivages (27 Mai 2020)
418 pages
Quatrième de couverture
L’héroïne de ce roman est une détective privée de l’Oregon spécialisée dans la recherche d’enfants disparus, surnommée « La femme qui retrouvait les enfants ». Elle-même rescapée d’un kidnapping, elle a développé une intuition et un instinct de survie hors-norme. On la suit dans ses recherches à travers les patelins et les forêts mystérieuses du Pacific Northwest pour retrouver une fillette disparue depuis trois ans.
23:01 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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