11/09/2011
Désert barbare, de Maud Tabachnik
Une chronique de Bruno
Sonara. Un nom mélodieux à l’accent latino, gorgé de poésie. Mais derrière ce nom suave et sucré comme un fruit bien mûr, se cache l’enfer des hommes. Un endroit oublié de dieu, où l’individu se déshabille de son humanité pour sombrer dans la folie la plus pure, où la mort est ce que la vie a de plus beau à offrir : une délivrance.
C’est dans cet endroit, où la loi des hommes s’évapore au soleil, où leur destin se plante dans le sable chaud comme un insecte clouté à une planche que nous allons retrouver des personnages récurrents de l’œuvre de Maud Tabachnik.
Sandra Khan, tout d’abord, journaliste au San Francisco Chronicle , qui pour avoir accepté d’aider un riche couple californien à ramener leur fille partie brutalement du giron familial pour voler de ses propres ailes, se retrouve en Arizona sur les traces de la disparue.
Mais sur place l’affaire se corse. Il semblerait en effet que la jeune fille ait trouvé une « Famille » de substitution, sous l’aile protectrice d’un certain Fox, à la fois « Père » et gouroud’un agglomérat de paumés et de drogués qui aliènent leur liberté à la folie dévastatrice d’un homme , et annihilent leur humanité dans le sexe , la défonce et le meurtre. Car dans cette famille, la violence et la perversité ne sont pas les moindres de ses valeurs.
Sandra prendra toute la mesure du mal qui personnifie cette « Famille » quand elle croisera sa route en compagnie de Brad, un banquier qui a vu sa femme et son enfant massacré à l’issue de braquage de sa banque par cette bande de dégénérés.
Sam Goodman lui, est flic à Boston. C’est le meilleur ami de Sandra. Après avoir manqué l’arrestation de Mercadier, un caïd haïtien trafiquant d’enfants, échec qui se traduira par la mort d’un officier de police, celui-ci se voit contraint d’abattre quelques heures plus tard un black qui menaçait de son arme des commerçants asiatiques. L’affaire risquant de prendre une tournure raciale, il est envoyé en Arizona, sur la piste de Mercadier où celui-ci est parti se planquer.
Au déchaînement des hommes va venir se rajouter celui de la nature, dans une tempête de sable qui va prendre tous les protagonistes de ce roman au dépourvu et croiser leurs destins dans une farandole de sang et de démence. Entre les scorpions et les crotales, les balles et les poignards, le désert va prélever son dû, quand l’homme offrira son tribu à la folie. Car si le désert pour guérir du désespoir, on peut aussi y perdre son âme.
Maud Tabachnik aime à enfoncer ses personnages dans une sale histoire. Dans un style sec et sans fioritures, cassant comme un bois mort, elle aime à les tourmenter. C’est un auteur rare qui va au bout de la logique de la violence. Pas de bons sentiments chrétiens pour épargner la veuve et l’orphelin. Mais en même temps, pas de voyeurisme, pas de violence gratuite. Pour elle cette violence n’est pas un spectacle, mais porte en elle un questionnement.
J’ai été surpris de voir que la revue « Elle » la comparait à Michael Connelly. Personnellement je ne vois pas en quoi elle s’en rapproche, et quand on voit la médiocrité des derniers romans de Connelly ce n’est pas forcément le meilleur compliment qu’on pouvait lui faire. Personnellement je rapprocherai davantage Maud Tabachnik d’un Teran Boston par exemple ! D’ailleurs, « Désert Barbare » n’a pas été sans me rappeler « Satan dans le désert », un livre culte pour moi.
J’ai donc pris un vrai plaisir à lire « Désert barbare » , et j’attendrai donc le prochain avec impatience, dont je me suis laisser dire qu’il aurait un lien avec l’Exodus.
Alors si votre été vous semble morose, un poil trop pluvieux, prenez donc la direction du Sonara à la suite de Maud TABACHNIK, un vrai coup chaud vous y attend ! Mais je vous aurai prévenu.
Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/
A lire également :
- Une chronique de Jacques sur le même roman.
- Un entretien de Un Polar avec Maud Tabachnik.
Désert barbare
Maud Tabachnik
Albin-Michel
19,80 €
10:51 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |