Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/02/2012

Cadres Noirs, de Pierre Lemaître

cadres_noirs.jpgUne chronique de Wanda

 

Voici Alain Delambre, cadre senior au chômage depuis 4 ans, et prêt à tout pour retrouver du travail, son statut social et sa dignité.

Et voici la question que l’auteur pose dès le démarrage et tout au long de ce livre très noir : c’est quoi être prêt à tout ? accepter de voler ? de tricher ? de mentir à ceux que l’on aime ? de les trahir ? de perdre le respect de soi et des autres ?

 

Les thèmes sont passionnants :

C’est le thème du chômage et de la manière dont une personne peut se sentir humiliée par sa situation de chômeur et par ce qu’elle entraîne dans son quotidien.

C’est le thème de certains employeurs qui en profitent et celui des recruteurs cyniques et malveillants, dans l’allégeance envers leurs clients. 

C’est aussi le thème de la vengeance des humiliés, vengeance effroyable et destructrice.

C’est enfin le thème de notre côté noir, de ce que nous sommes capables de faire quand les limites sont franchies et que nous allons au bout de notre « part de l’ombre ».

 L’intrigue est formidable :

L’auteur maintient un suspense du début à la fin du livre. On s’attend à des situations classiques liées au chômage, mais on est vite, et puis sans cesse, surpris par le personnage principal et par le déroulement de son auto destruction, qui va crescendo. Malgré le tragique de la situation, tout paraît crédible.

 

Le contexte, c’est le nôtre aujourd’hui :

L’auteur décrit un contexte socio-économique qui rend chacun, par peur de perdre son emploi ou son statut, « otage » de persécuteurs, petits et grands : un chef d’équipe qui joue au petit chef, un entrepreneur sans scrupule qui a besoin de trouver le meilleur cadre pour préparer et assurer un licenciement important, des cadres pris au piège de leur peur de ne plus avoir de travail, un recruteur en proie à sa peur de ne plus avoir de clients importants.

 

Les personnages :

Le personnage principal, Alain Delambre, est étonnant de souffrance, d’intelligence et de bassesse. On se demande sans cesse jusqu’où il va aller, pour sortir de son humiliation. On est surpris de sa pugnacité, alors qu’on le croyait fini. C’est sans doute celui qui décrit le mieux les dangers que court notre société à humilier, et les dangers que courent ceux que l’on humilie.

Sa femme le soutient et l’encourage. Mais malgré son amour, elle ne pourra pas accepter ses mensonges et de le voir sombrer dans le mal.

Ses filles, l’une mariée à un cadre aux dents longues, l’autre avocate, sont décrites avec une lucidité rare, jusque dans leurs plus infimes complexités.

  

L’entrepreneur et le recruteur, tous deux cyniques et sans scrupules, nous font découvrir un univers effrayant, où la peur domine. Leur description psychologique est tellement fine qu’on se demande sans cesse où est la part de réalité et de fiction.

Et parmi les autres personnages, très nombreux, on retient de Charles « l’idiot » (dans le sens de Dostoïevski) si humain et attachant.

 

Lisez vite ce livre, j’en suis sortie épuisée, effrayée, mais aussi passionnée par la complexité  des personnages, du contexte, des forces qui s’affrontent en nous.

 

 Wanda, le 8 février 2012

 

Cadres noirs

Pierre Lemaitre

Poche: 448 pages

Editeur : Le Livre de Poche (2 mars 2011)

Collection : Policier / Thriller

 

 

 

Présentation de l'éditeur

Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans complètement usé par quatre années de chômage. Ancien DRH, il accepte des petits jobs qui le démoralisent. Au sentiment d’échec s'ajoute bientôt l'humiliation de se faire botter les fesses pour cinq cents euros par mois... Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d'étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l'argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme et de ses filles, et même à participer à l'ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d'une prise d'otages. Il s'engage corps et âme dans cette lutte pour retrouver sa dignité. S'il se rendait compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite. Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre…