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25/03/2013

Serial Killers, de Stephane Bourgoin (chronique 2)

serial_killers.jpgUne chronique de France

 Serial killers…Enquête mondiale sur les tueurs en série

Peut-on écrire, sans se faire taxer d’individu étrange, que l’on a dévoré un essai de 873 pages traitant des « serial killers » et ce, sans avoir sauté une seule page? Cet aveu me mènera-t-il dans des méandres d’explications psychologiques, voire même vers un diagnostic psychiatrique? Vivons dangereusement et assumons-nous!

La jaquette du livre est rouge (sang, évidemment…) et les polices de caractère varient. Le sous-titre, «Enquête mondiale sur les tueurs en série» ainsi que la mention « nouvelle édition revue et augmentée » sont imprimés en Times New Roman. Le titre, Serial Killers, met l’emphase sur le mot « killers » écrit en cursive, comme une signature sur une scène de crime. C’est tape-à-l’œil mais efficace!

En quatrième de couverture, Stéphane Bourgoin est présenté comme une sommité mondiale en matière de « serial killers ». Son livre en est d’ailleurs à sa troisième réédition et compte de nombreuses traductions. Libraire parisien et conférencier à la Gendarmerie nationale, Stéphane Bourgoin a commencé à s’intéresser aux tueurs en série en 1979 après le viol, la torture et le meurtre de sa compagne par un tueur récidiviste. Il voulait comprendre pourquoi une personne en vient à tuer de façon répétitive. À ce jour, il a rencontré près de 50 « serial killers » à travers le monde pour tenter une incursion dans leur esprit troublé.

La table des matières balise le contenu de l’ouvrage : naissance d’un criminel sexuel; tueuses en série; « tueurs de la route »; profit psychologie du tueur; le « profiler »; 20 exemples de tueurs en série; témoignages de trois psychiatres. On se rend compte que le propos du livre est d’informer, de former et non pas de tabler sur le sensationnalisme. D’ailleurs, les pages 723 à 872 offrent une bibliographie des « serial killers ». Stéphane Bourgoin y répertorie 320 tueurs en série (à partir de 1888 à 2011), avec une bibliographie étoffée d’ouvrages français et anglo-saxons. Il complète avec des cassettes audio, des DVD et des documentaires sur le sujet. Il offre également une nomenclature des émissions de télévision en France et à l’étranger; les sites Internet et même les gadgets produits par les tueurs (peintures, œuvres littéraires, etc.).

Peut-on résumer un tel ouvrage? Je vous offre plutôt, pêle-mêle, mes découvertes et commentaires sur cette lecture dérangeante mais fascinante pour quiconque est passionné par le comportement humain, fût-il déviant.

Selon la base de données du FBI, 70% des victimes sont des femmes. Le tueur en série est âgé de 27 ans lors de son premier meurtre.

Le tueur en série inspire confiance et il a souvent un QI élevé ou supérieur. Capturer un tel tueur est donc très difficile car ses crimes ont un motif caché, de nature sexuelle, qui prend naissance dans ses obsessions personnelles.

Par rapport au tueur en général, qui utilise une arme à feu, le tueur en série utilise plutôt un couteau, il étrangle, il frappe avec un objet.

On pourrait croire que la pauvreté économique et sociale engendre de tels monstres. Il n’en est rien. Deux facteurs favorisent la naissance d’un tueur en série : négligence grave ou abus durant l’enfance qui amène l’enfant à percevoir la société comme une entité hostile; fuite de la réalité dans une vie fantasmatique. Ces fantasmes sont toujours à connotation sexuelle.

Chez les femmes, le motif sexuel n’est pas le moteur de leurs crimes. On retrouve chez elle, un passé médiocre avec des contacts négatifs au sein de leur famille. Elles ont souvent tenté de se suicider pour échapper à leur vie. Il y a peu d’études sur les femmes tueuses en série : les meurtrières en général représentent 10 à 13% des assassins. La proportion est encore moindre pour les tueuses en série. Les cas les plus célèbres sont les « veuves noires », femmes qui tuent leur époux pour un gain financier; on retrouve également les «infirmières de la mort» qui éprouvent un sentiment de puissance en décidant de la mort des patients qui leur sont confiés. Enfin, certaines mères infanticides tuent leurs enfants et il faut beaucoup de temps pour les démasquer, les morts des enfants semblant naturelles.

Établir un profil psychologique n’est pas une mince affaire et le FBI reconnaît environ 23% de taux d’échec. Toutefois c’est un outil précieux et il s’élabore en 5 étapes précises que Bourgoin détaille dans son livre. Il existe plusieurs « traqueurs » de tueurs en série. Une femme parmi eux, Micki Pistorius, a résolu plus d’une trentaine d’affaires. Ses profils psychologiques comportent plus d’une cinquantaine de pages!

La lecture des cas particuliers de vingt tueurs en série est particulièrement éprouvante car Bourgoin leur cède la parole (transcriptions d’aveux ou de rencontres). Je dois reconnaître que cette partie est la plus dérangeante car les révélations crues dépassent toute imagination (en tout cas, la mienne …) dans l’expression de la cruauté. Enfin, la section qui répertorie 320 tueurs en série et donne un aperçu de leur crime m’a rappelé plusieurs émissions d’ «Esprits criminels» dont je suis une spectatrice assidue.

J’encourage toute personne intéressée par les tueurs en série à lire Stéphane Bourgoin!

Bonne lecture !

 

France

 

A lire : la chronique de Paco sur ce livre

 

Serial Killers
Stéphane Bourgoin

Grasset
2011
875 pages