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16/06/2013

Et la mort se lèvera, de Jacques Olivier Bosco (chronique 2)

et_la_mort_poche.jpgUne chronique d’Albertine.

 

Si un bon auteur est celui qui mène son lecteur par le bout du nez, même contre son gré, alors Jacques Olivier Bosco en est un… !

 Aimez-vous la violence, vous serez aux anges. Même  si vous ne l’aimez pas, persistez un peu dans votre lecture de ce roman de JOB, et voici pourquoi.

 La Famille Ranzotti laisse peu de choix aux observateurs : elle est armée pour tuer lorsque le meurtre s’inscrit dans la logique des évènements, et elle tue, froidement ou non. Car la faiblesse des Ranzotti, c’est l’exaltation de la Famille, de la famille à la calabraise ; et lorsqu’on y touche, alors, pas de quartier. La mort par overdose de Maria, fille du patriarche Franco lève la vengeance. Les Ranzotti ont pourtant enquêté ; mais les prémisses de leur raisonnement étaient trop étroites.  Ils n’ont pas envisagé certaine hypothèse et de plus, la maladresse et la lâcheté de l’un de ses membres va ouvrir la série noire. Les Ranzotti se lâchent et font n’importe quoi : « Ils n’avaient pas trouvé le gars mais il y avait quand même eu du grabuge. C’était ça le problème quand les histoires de truand devenaient des histoires de famille. Cela tournait à la tragédie. Et ce n’était que le début. »

Lorsque la série noire se refermera pour eux, sans qu’ils sachent la vérité, Lucas entrera en scène. Et là, il s’agit aussi d’un tueur professionnel, solitaire, implacable et efficace, terriblement professionnel. Il est beau, il est dur, il est tout et il nous embarque dans sa folie, encore mieux que les Ranzotti, qui sont trop nombreux pour qu’on s’identifie vraiment à leurs actes. Lucas dit « le  Maudit » va tramer une vengeance qui sera terrible : comment laisser impunis les meurtres de sa fille et de sa petite fille, elles  qu’il allait enfin rencontrer, connaître et forcément, aimer après des années de solitude ?

 Au moment où le Maudit pourrait s’humaniser, son  destin s’accomplira : «  Il ouvrira son carnet d’adresse, celui fourni par son ami l’avocat, et il ira faire ses petites courses : armes, voitures et planques mais surtout renseignements. Et il les aura ses informations, quoi qu’il en coûte. Puis, comme à son habitude, il préparera minutieusement son plan. Et la mort se lèvera, pour aller faire son travail ».

 Le plus terrible dans cette histoire, ce ne sont pas ces traques sanglantes, ces hommes explosés, dégoulinants de sueur, de pisse,  de merde et de sang, et surtout de terreur. Non, le plus terrible c’est que JOB oblige le lecteur à avoir envie que s’accomplisse cette horreur. Et moi lectrice qui ai horreur de l’horreur, il m’a fait me vautrer dedans.

A ma décharge, il a donné à son héros tous les traits de l’héroïsme (Cf ci dessus) ainsi que le regard du tueur, longuement décrit, regard froid de la mort ; mais il lui a donné aussi du cœur ! Lucas le Maudit aime et souffre, ainsi s’élabore sa vengeance. Comment ne pas le comprendre même s’il nous plonge dans un bain de sang ?

L’histoire finira peut être par la mort des protagonistes mais ce sera une mort digne, assumée, une « belle mort » qui se couchera sur ces héros que nous ne sommes pas.

Mais grâce à Jacques Olivier Bosco, nous savons qu’il y a bien en nous une petite part qui frémit lorsque de tels montres se déchaînent, et lorsqu’ils s’abattent comme ils ont vécu : froidement.

 

Albertine, Marseille le 16 juin 2013 

 

Une autre chronique sur ce livre, celle de Paco.

 

Et la mort se lèvera
Jacques Olivier Bosco

Editions Jigal,
mai 2013 352 pages ; 9,50 €