23/04/2021
Pleine balle, de James Holin
Une chronique de Cassiopée
Je ne sais pas si c’est à cause de la bataille de Camerone (combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le 30 avril 1863 lors de l'expédition du Mexique) mais c’est ainsi qu’on nomme ce commissaire de la Police Judicaire de Creil. D’origine kabyle, né dans une famille très modeste, rien ne le destinait à être flic. Est-ce que c’est pour ça qu’il s’affranchit de ses supérieurs, des ordres de réunions qu’on lui donne ? Ou tout simplement parce qu’abîmé par la vie, vivant seul (sa femme a préféré partir devant son caractère plus que tourmenté), il n’a, comme on dit, plus rien à perdre ? Alors me direz-vous, pourquoi il continue ? Probablement à cause d’une vengeance qui l’habite, le fait avancer dans les journées noires et sombres qui se ressemblent toutes. Son idée fixe ? Le Blond. Un manouche, violent, voleur, qui passe toujours entre les mailles du filet. Pourquoi lui ? Il faudra, au fil des pages, remonter dans le passé de Camerone, pour comprendre.
Un passé douloureux, dont il joue un peu en ne le partageant que par bribes et en ne dévoilant qu’une partie de la vérité. Il est limite asocial ce gars et de ce fait, pas très attachant. Il ne traite pas de façon agréable ses collègues, encore mois la femme avec qui il entretient des relations épisodiques et sans véritable affection. Comme si son histoire personnelle était tellement dure à digérer, à vivre, qu’il ne pouvait pas donner de lui, restant à distance, indifférent en apparence.
Convoqué pour une réunion avec quelques huiles, il y va en traînant les pieds, simplement parce qu’il n’a pas le choix et bien entendu, sans aucune envie. Comme les autres fois, il ne se montre pas à son avantage et écoute d’une oreille distraite jusqu’à ce qu’une information fasse tilt. Des distributeurs de billets ont été attaqués et le mode opératoire lui rappelle celui du Blond dont il n’a pas entendu parler depuis de longues années. En outre, une voiture brûlée vient d’être découverte, elle a été volée, pas très loin de là. Une enquête rapide via les caméras de surveillance lui donne confirmation de ce qu’il pense, un des hommes cagoulés semble être le Blond !
Il réunit en hâte une équipe, se renseigne auprès d’indicateurs et la course poursuite s’engage. Obnubilé par son désir d’attraper le Blond, il ne calcule pas le danger, il fonce, entraînant ses coéquipiers dans sa folie. Car ses actions sont débridées, brutes de décoffrage, réfléchies rapidement (trop quelques fois). Il est dans l’action, pas dans la réflexion et pour cela il est un peu énervant. On a envie de lui dire de se poser, de réfléchir avant de se lancer aux trousses de celui qu’il traque. Mais bon, rien à battre, ni du lecteur, ni des collègues, ni de la hiérarchie…. Un électron libre….
C’est avec une écriture sèche, âpre, sans aucun pathos, que James Holin tisse son histoire. Les femmes sont quasiment inexistantes dans son intrigue, elles ont sans aucun doute des difficultés à se faire une place auprès de Camerone, tant ses relations aux autres sont complexes. Il est épuisant et s’épuise lui-même je pense car il n’arrive pas à vivre pour la vie tout simplement. Tout au long des chapitres, le rythme ne faiblit pas, à l’image du personnage principal qui ne se pose jamais et qui ne trouvera peut-être jamais la paix.
Une lecture qui fait mal, comme un coup de poing, tant le mal-être de Camerone est présent dans le récit mais un roman à découvrir.
Éditions : du Caïman (23 février 2021)
ISBN : 978-2919066872
272 pages
Quatrième de couverture
La nuit tombe sur Creil, frigorifiée par l'hiver, lorsque, le chef de l'antenne PJ trouve la trace du Blond. Cela fait des années que ce flic mystérieux à la main de résine surnommé Camerone par ses hommes traque le manouche, prince des casseurs. Il réunit au coup de sifflet son groupe. Les flics s'enfoncent dans la nuit à sa recherche.
12:10 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |