10/07/2022
Le dernier vol, de Julie Clark (The Last Flight)
Une chronique de Cassiopée
Claire est mariée à Rory, l’homme idéal, beau, connu et reconnu que beaucoup de femmes lui envient. Ça c’est « sur le papier » car en vérité, Rory est un tyran, qui veut tout régenter, qui terrorise son épouse et l’a coupée de toutes ces connaissances pour mieux la dominer. Surveillée, « sous coupe », Claire étouffe mais ne sait pas comment sortir de cette situation inextricable. Rory est tellement puissant, influent, qu’il a le don de manipuler les faits, les personnes. Si elle se rebelle, il fera tout pour la détruire. Pourtant, depuis de longs mois, Claire prépare son envol. Aidée par Petra, une amie discrète et efficace, elle a tout planifié. Pour la fondation de son conjoint, elle participe à de nombreux événements pour des causes humanitaires, seule ou avec lui. Pour le prochain qui est programmé, elle ira seule en avion à Detroit et profitera de cette occasion pour disparaître. Malheureusement, le jour du départ, l’adjoint, le bras droit plutôt (et même le bras armé) de son compagnon la prévient que ce sera Porto Rico à la place de Detroit. Tout ce qu’elle avait mis en place, prévu, tombe à l’eau. C’est la panique complète. Que faire, comment se sortir de l’emprise de son compagnon ?
À l’aéroport, elle croise une jeune femme, Eva, et elles finissent par discuter. A demi-mots, elles se comprennent et décident de tenter un truc de fou. Échanger leurs identités et leurs vols respectifs. Chacune y gagnera et aura l’occasion de recommencer une nouvelle vie ailleurs. Est-ce que c’est si simple que ça ? Peut-être pas mais elles sont toutes les deux acculées, et c’est le moment ou jamais de prendre une autre direction. Alors elles foncent. Catastrophe ! L’avion d’Eva disparaît et Claire est seule désormais dans la peau et la vie d’Eva.
Ce roman se décline à travers les yeux des deux femmes. Les chapitres s’appellent « Eva » ou « Claire ». Pour la première il y a un narrateur extérieur, pour la seconde, le récit est à la première personne. Quand il s’agit d’Eva, on découvre son passé et on comprend pourquoi, elle aussi, avait ce désir de devenir une autre. Pour Claire, on est dans le présent le plus souvent.
L’écriture est très addictive (merci à la traductrice), le style vif, le phrasé fluide. Comme on passe de l’une à l’autre, le rythme est soutenu et l’intérêt va crescendo. Ce n’est pas aussi léger qu’on pourrait le croire en lisant le début. De nombreux sujets sont évoqués et certains événements (je pense à l’assistante) ont été soigneusement pensés pour que l’histoire se tienne. Ce qui fait, qu’à la fin toutes les pièces du puzzle s’emboîtent.
J’ai plongé tête première dans ce récit, et je n’avais pas envie de poser le livre. Je n’ai pas vu le temps passer. Les deux femmes, très différentes, sont attachantes dans leur détresse, leur désir de passer réellement à autre chose. On les sent fortes et fragiles à la fois, parfois démunies, hésitantes. Leurs personnalités sont bien décrites, tout à fait réalistes. Les hommes qui les manipulent se servent d’elles dans les deux cas. Et il leur faudra beaucoup de ténacité pour espérer trouver une solution. Un roman sans temps mort comme je les aime !
Traduit de l’américain par Penny Lewis
Éditions : L’Archipel (7 Juillet 2022)
ISBN : 978-2809841565
338 pages
Quatrième de couverture
Claire avait tout planifié pour fuir Rory, homme politique charismatique doublé d'un mari tyrannique. Mais, à la dernière minute, la mécanique s'enraye. Son chemin croise alors celui d'Eva à l'aéroport JFK. Elle aussi a de bonnes raisons de vouloir changer de vie. Et si chacune prenait la place de l'autre ? Claire s'envole donc pour Oakland au lieu de Porto Rico, où elle apprend, horrifiée, que le vol qu'elle aurait dû prendre s'est abîmé en mer. Claire est désormais Eva aux yeux de tous. Mais la nouvelle vie dont elle rêvait pourrait se révéler pire que celle qu'elle a laissée derrière elle.
22:57 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |