28/09/2022
La mort est parfois préférable de Sacha Erbel
Une chronique de Cassiopée
Sacha Erbel est diplômée en Criminologie appliquée à l’expertise mentale, et fonctionnaire de police depuis plus de vingt ans. Cela explique, sans aucun doute, que son récit est très réaliste, notamment dans l’approche psychologique et les ressentis des personnages.
Le roman commence avec des scènes particulièrement difficiles. Un journaliste tué après avoir été sauvagement attaqué chez lui et des suicides à la mise en scène sordide. Yan et son équipe doivent enquêter. Mais Yan n’est pas en forme, elle souffre physiquement, abuse des anti douleurs pour tenir le coup et n’est pas toujours à prendre avec des pincettes. La description de sa souffrance, des crises qu’elle subit, est très fine, bien présentée et on comprend que cela joue sur son moral, ses compétences au travail. Pourtant, être sur le terrain est un moyen pour elle de ne pas s’écouter, de tenir le coup, de se changer les idées. Elle galère mais continue de se rendre sur les lieux, d’observer, de « sentir » ce qui a pu se passer. Elle est intuitive et douée pour ce qu’elle examine.
Les différents protagonistes ont des personnalités étoffées et on peut suivre les liens qu’ils ont tissé, comment ils évoluent. Ce qui est dit sur le journalisme et éventuellement ses dérives pose question. Quelles sont les limites pour avoir un bon article, être le plus performant dans le domaine de l’information ? L’intrigue principale, qui met en exergue des faits très graves, est intéressante. La vengeance n’est jamais une bonne solution mais on peut comprendre que certaines personnes aient besoin d’agir pour évacuer ce qu’ils ont vécu de dramatique.
Yan et ses collègues mènent des investigations qui leur font découvrir la face cachée de certaines personnes. Manipulation, soif de pouvoir, quelques-uns n’ont pas de scrupules et sont sans foi ni loi. C’est vite fait de déraper, de se laisser entraîner, de ne plus rien maîtriser … même Yan est concernée avec son traitement médical….
J’ai trouvé ce récit bien construit, prenant. Les thèmes abordés sont graves et bouleversants. L’auteur en parle de façon intelligente, sans trop en faire mais en nous mettant face à certaines réalités pas forcément belles à voir. Il y a plusieurs angles de vue, de nombreuses façons d’aborder les situations.
L’écriture est percutante, fluide, il n’y a pas de temps mort. Tout s’enchaîne, avec de nouvelles pistes ou des rebondissements, on essaie de cerner les événements, de comprendre. L’auteur analyse avec finesse le caractère des individus donnant ainsi les raisons de leurs agissements.
Cette lecture, parfois difficile, est parfaitement réussie.
Éditions : Taurnada (8 Septembre 2022)
ISBN : 978-2372581066
248 pages
Quatrième de couverture
Yan est flic à la police judiciaire de Lille. Depuis quelque temps, un « passager clandestin » s'est invité dans sa vie : « l'Araignée », c'est le surnom qu'elle lui a donné. Alors que Yan traque l'auteur du meurtre d'un journaliste connu pour ses reportages à sensation, elle n'a pas d'autre choix que de composer avec son « invisible ennemie » … En parallèle, Brath, son collègue, enquête sur la mort étrange d'un homme retrouvé décapité, assis au volant de sa voiture, la tête reposant sur la banquette arrière.
22:06 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |