01/01/2014
Mauvaise étoile, de R.J. Ellory (chronique 2)
Une chronique de Cassiopée
Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ? Ou alors si peu… Mais quand même ….un peu….
Il n’y a pas à dire, certains démarrent avec un sacré handicap au début de leur vie. C’est le cas de deux demi-frères qui sont les personnages principaux de ce roman.
La même mère mais deux pères différents. Et surtout un combat identique pour survivre lorsqu’ils se retrouvent orphelins et que les pires difficultés commencent.
Personne ne veut de ces garçons et de foyer en foyer, où ils vivent dans des conditions difficiles, ils vont finir dans la rue, chacun essayant de vivre ce qu’il imagine être bien pour lui, en utilisant au mieux les leçons du passé, pour tirer le meilleur de l’avenir, luttant chacun à leur manière, choisissant une voie plutôt qu’une autre et pas forcément la même.
« La vraie stupidité, c’est être incapable de tirer les leçons de l’expérience. »
La spirale du mal, de la violence, de la barbarie, de l’horreur, est présente, terriblement vivante (malgré la mort) entre les pages. Noirceur, horreur, comme si certains se nourrissaient du Mal (avec une majuscule) pour exister, pour se sentir vivant, pour être tout simplement. Tout va crescendo car une fois qu’un homme a atteint le point de non-retour, il n’a plus rien à perdre, rien à espérer et revenir en arrière n’est plus possible.
Les phrases sont brèves, plantant un décor en peu de mots, à l’économie, pour être encore plus percutant. L’auteur sonde les âmes, les esprits, ne prend pas parti, ne juge pas. Les faits s’enchainent avec une certaine forme de détachement, au lecteur de voir ce qu’il en est. On frisonne, on resserre les pans de sa veste encore plus près, on a froid, très froid, et pourtant on reste scotché aux pages.
Pourquoi ?
Parce qu’on est fasciné par tant de mauvais concours de circonstances. D’ailleurs, l’auteur signale plusieurs fois que « ici-là et maintenant » pourraient être différents : un restaurant qui semble moins agréable qu’un autre fait qu’une rencontre a lieu ou pas. Tout se joue à peu de choses. C’est le principe même de la vie : des coïncidences qui font et défont le destin qui alors, ne suit pas la route qu’on imagine
Parce qu’une minuscule, ténue, à peine visible mais réelle lueur d’espoir est là.
Parce qu’on s’attache aux pas de ceux qui souffrent et on souhaite que ce road movies cesse, que tout se calme, que l’étau se desserre dans notre poitrine.
Parce qu’Ellory sait s’y prendre pour nous entrainer à sillonner les routes à la suite des différents individus qu’on a l’impression de connaître.
Parce que Cassidy est là. Cassidy est un de ces hommes qui réfléchit :
« Il y avait une méthode derrière cette folie, une motivation un raisonnement derrière cet acte. »
Un homme qui aime sa femme, la vie, son métier et qui veut voir plus loin que les apparences malgré tout ce que les autres essaient de lui démontrer. Il est tenace, opiniâtre et son épouse lui apporte la part d’intuitivité qui manque parfois aux maris. Il veut comprendre et il ne lâche rien.
Pour ces raisons et certainement d’autres, ce livre qui porte la terreur comme une bannière, se lit et captive. C’est du pur, du dur, on pourrait se demander où R.J. Ellory va chercher tout ça.
Dans ses livres, il s’attache aux cheminements des êtres humains, libérant la part d’ombre, faite de totale noirceur de quelques uns, accompagnant les autres sur la route de l’incertitude, de la peur, fascinés par leur mauvaise étoile qu’il faudra éteindre ou neutraliser pour espérer un mieux…
Cassiopée
A lire également : la chronique d’Astrid sur ce roman.
Titre : Mauvaise étoile
Auteur : RJ Ellory
Editeur : Sonatine
Nombre de pages : 600
Prix France : 22 euros
11:11 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mauvaise étoile, r.j. ellory, sonatine | Facebook | |