Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/07/2011

La position du tireur couché, de Manchette et Tardy

lapositiondutireurcouche.jpgUne chronique d'Eric Furter

Non quoique qu’on en dise, Martin Terrier n’est pas un imbécile et encore moins un pauvre type ;c’est un homme emporté comme vous et moi par une histoire violente ,sans morale ni sens. Evidemment son histoire personnelle ne lui permet pas d’avoir- c’est le moins qu’on puisse dire- une assise sociale ;tueur professionnel, il essaie de sortir du système qui le broie et le déshumanise. Après un contrat ordinaire-il a tué deux personnes sur commande (Martin a vissé son silencieux. Il fume un clope dans son camion. Le couple à sa hauteur, il loge une balle dans la tête de Monsieur, fait voler son cerveau sur Madame, qui crie)- il décide d’arrêter et « de se ranger des voitures ».Mais son « employeur »,Cox, l’américain  ne l’entend pas ainsi ;isolé, solitaire,  toujours sur le qui-vive, il va tenter d’éviter l’univers piégé que lui vaut cette demande de liberté. En quête de son amour d’enfance ,Alice Freux, il va tout tenter pour se réhabiliter et suivre une voie plus conforme aux us et coutumes de la société.Mais à chaque instant, comme une piqûre de rappel, un coup de feu, une poursuite en voiture, une explosion viennent tour à tour lui rappeler qu’il n’est pas fait pour être un quidam sans aspérité dans un monde normal. Le behavourisme cher à J.P Manchette est parfaitement adapté à l’étude d’un être en quête d’une rédemption impossible. La solitude sert de pain quotidien à cet anti-héros en quête de rachat et de tranquillité.

tardy1.jpg

 La question centrale posée dans "la position du tireur couché" est la suivante : est-il possible d'échapper à son milieu social? Est-il possible de trouver également  cette île perdue qui est à l’horizon de tous nos rêves ?

Tardi et Manchette nous présentent à l’encre noire et sèche une réponse sans concession et nous laissent sur le quai plein de nostalgie à l’heure où ses questionnements étaient permanents dans la littérature contemporaine, si désillusionnée aujourd’hui que son unique perspective réside dans un cynisme grinçant.

Eric Furter

 

La position du tireur couché
Manchette&Tardy
Editions Futuropolis (BD adultes)
19 €

Présentation de l'éditeur

La Position du tireur couché est sans doute le plus célèbre des romans de Manchette. Tardi l'adapte et c'est un événement dont Libération a rempli ses pages cet été. Avec quelque 100 pages, c'est aussi une de ses adaptations les plus ambitieuses.

À 20 ans, Martin Terrier était pauvre, esseulé, inculte et crétin. Mais pour changer tout cela, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite. À 30 ans, Christian Terrier, tueur à gages, sa dernière mission accomplie, impeccablement ou presque, il décide de se retirer, de congédier sa régulière en cinq minutes, lui faisant cadeau de son chat Soudan, de récupérer son fric bien placé, et de rentrer au pays pour couler des jours tranquilles avec sa promise, en tout cas celle qui lui avait promis de l'attendre... Mais pour se baigner deux fois dans le même fleuve, il faut que beaucoup de sang passe sous les ponts!
Rien ne se déroule donc comme prévu. À commencer par Alice Freux, qui est devenue Madame Schrader. Et puis, Cox, l'Américain, son donneur d'ordres depuis 10 ans, n'accepte pas son départ à la retraite décidé unilatéralement, et entend bien l'obliger à un dernier contrat. Quand il retrouve Faulques, son conseiller financier, pendu, suicidé sous le poids des mauvais placements, les carottes sont cuites pour lui. Alors autant accepter la proposition de Cox, dont il semble de toute façon bien impossible de semer les sbires. Mais ce sera un coup à 150 000 et non plus à 200 000 ; quand on est acculé... Après tout qu'a-t-il encore à perdre? Sans doute bien plus qu'il ne le pense. Martin Terrier deviendra ce qu'il avait toujours cherché à fuir depuis son enfance, l'ombre de son père, la copie d'un médiocre.
Comme toujours Manchette a volontairement choisi une histoire gorgée de référence au polar pour mieux la dynamiter de l'intérieur, et Tardi se régale!

 

 

 

Les commentaires sont fermés.