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02/08/2011

L'homme inquiet, de Henning Mankell

lhommeinquiet.jpgUne chronique de Pierre

Mankell : L’homme inquiet

  Kurt, tu vas nous manquer. Depuis plus dix ans, tu étais comme notre oncle suédois, qui revenait chaque année nous narrer ses doutes, ses interrogations, ses inquiétudes ! Mankell l’a affirmé haut et fort : « L’homme inquiet » est le dernier de la série des « Wallander ».

Je dois dire que je suis resté dubitatif. L’intrigue n’a plus rien à voir avec les tueurs psychopathes du « guerrier solitaire » ou les fachos égarés de la « Lionne blanche ». Début 1983, Olof Palme, depuis peu à son poste de Premier ministre,  reçoit un rapport sur l'intrusion de sous-marins dans les eaux territoriales suédoises au moment des dernières élections législatives ; sous-marins que personne n'aurait réussi à forcer à faire surface. En cette période de guerre froide et compte tenu de la proximité, tout le monde pense aux Russes, mais aucune preuve ne peut être établie. Mankell n’a jamais caché son admiration pour John le Carré, et son intrigue a des parfums de « Smiley's People ». Soupçons d’espionnage au profit de la Russie, des Etats-Unis, se mêlent à la vie privée de Kurt, d’autant que les victimes (les coupables ?) sont les futurs beaux-parents de sa fille Linda. Mais, au-delà de l’intrigue, le personnage central du roman est bien notre oncle Kurt.

. Le roman démarre comme un conte de fée. Wallander a réalisé une partie de ses rêves. Il a acheté une maison à Löderup, il a un chien « Jussy » et comble de bonheur, Linda s’est stabilisée, elle est désormais en couple avec Hans et cadeau suprême, elle offre à Kurt une descendance aux Wallader, grâce à Klara, dont elle accouche en début du roman.  Las, la belle quiétude va bientôt être plus que troublée. Hakan, le père de Hans, un ancien capitaine de frégate spécialisé dans la lutte anti-sous-marine, se confie à Wallander et revient sur cet épisode du début des années quatre-vingts auquel il a directement participé. C'est devenu une obsession pour lui : comprendre pourquoi à l'époque on a laissé filer sciemment les intrus. Peu de temps après,  Hakan disparait. Kurt ne peut se retenir de s’en mêler, après tout, il fait presque partie de la famille. Mais, on est loin du déroulement des enquêtes habituelles au commissariat d’Ystat. Fini les briefings interminables avec Lisa Holgerson, Anne-Brit Holgrund, de cette fine équipe, il ne reste que Martinsson  qui s’interroge sur sa fin de carrière.  Kurt va quasiment enquêter seul !

L’intrigue revisite l’histoire ambiguë de la Suède au moment de la guerre froide, pays « neutre » à deux pas de l’URSS. C'était l'époque des espions, des secrets, du second mandat d'Olof Palme, lui-même considéré par certains comme un dangereux espion russe et dont on n'expliquera jamais l'assassinat. Wallander gratte, fouille, cherche, et en même temps qu'il fait remonter ses propres souvenirs, c'est une part de l'Histoire suédoise qui refait surface. Forcément en eaux troubles…

Mais la puissance du roman est bien ailleurs ! Wallander s’interroge beaucoup sur sa vie, sur lui-même. Il se remémore quelques une des horreurs qu'il a croisées dans sa vie de policier, comment il a tenté, à sa manière, de faire changer ce monde en bien, d'en éliminer quelques malfaisants. Il se rappelle aussi comment ce métier, qu'il devra bientôt abandonner, lui a pris son temps, ce temps qu'il ne pouvait plus offrir à ses proches. Il ne veut pas finir comme son père, aigri, et surtout pas se contenter de compter paisiblement les derniers grains qui filent dans son sablier. Wallander est inquiet, c'est sa propre mort qu'il sent s'approcher. Au fond, il vit dans la terreur de la mort qu’il a si souvent croisée. Malgré la présence de Linda, il est bien seul à l’aube de la vieillesse. Baïba, son dernier amour s’envole, son vieil ami Sten Widén est parti lui aussi depuis longtemps.

On ne reverra pas l'inspecteur Wallander. Il va finir sa vie là-bas, au loin, face à la mer. Mais avant de partir, c'est un sublime au revoir qu'il nous offre, émouvant, profond, qui clôt une des meilleures séries du polar scandinave

 Pierre Mazet

Présentation de l'éditeur

Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec son chien. Et il est devenu grand-père d’une petite Klara. Sa fille Linda vit avec le père de l’enfant, incroyable mais vrai, un financier aristocrate. Le beau-père de Linda, ancien officier de marine haut gradé, disparaît après avoir évoqué avec Wallander la guerre froide et les sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises. Puis la belle-mère est retrouvée morte. Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des Etats-Unis ? Wallander mène une enquête parallèle à celle de la police de Stockholm et des services secrets.

Commentaires

Un livre rempli d'émotions, de sentiments et d'amour.
Oui, une histoire d'amour qui se termine entre Kurt et ses lecteurs !!
Merci de nous rappeler cet excellent souvenir de lecture.

Écrit par : Richard | 02/08/2011

Ta chronique ,Pierre est pleine d'humanité.Ce livre n'est pas le meilleur de la série des Wallander mais on regrette ce personnage si attachant dont on est devenu peu à peu l'ami.

Écrit par : eric | 02/08/2011

très beau billet Pierre ! Chapeau bas !

Écrit par : Bruno | 02/08/2011

Les commentaires sont fermés.