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13/09/2011

Un été grec, de André Fortin

unetegrec.jpgUne chronique de Christine

 

Et si nous prolongions un peu l’été avec un livre dont le titre sent bon le tsipouro, l’huile d’olive, et la féta ?
Partons au nord-est de la Grèce, en Thessalie.
Il va faire chaud, très chaud.
Mais pas question de « bronzer idiot » sous prétexte de canicule. Je suis sûre que vous avez encore beaucoup à apprendre sur ce pays.

Car, hormis citer Aristote, Hippocrate, ou de sombres histoires de dette, avouez qu’il y a quelques lacunes dans vos connaissances.

  Et si, en plus, il y a une enquête à mener…

    Or, puisque j’avais des doutes, il me fallait entendre ce que chacun avait à me dire, à me faire sentir, à me cacher aussi, qui sait ? …

Il est juge d’instruction (nous ne connaîtrons jamais son nom) et se prépare à quitter Marseille pour partir en vacances avec femme et enfants. Direction : Afissos, Grèce. Une décision de sa tendre et pétulante épouse, qu’il accepte avec un certain pragmatisme. Mais il apprend qu’on lui confie une affaire à régler rapidement : la noyade d’un adolescent. Accidentelle, très probablement, selon le médecin légiste qui pratique l’autopsie. Pour écarter tout doute, et parce que lui-même étant père de deux adolescents cet accident le touche, il décide de ne pas clore de suite. Il confie au commandant de police Juston la charge de poser quelques questions, de creuser un peu et de le tenir régulièrement informé. La victime était le petit-fils d’un riche armateur à la réputation un peu sulfureuse, et l’enquête de routine va s’avérer plus complexe que prévu.

Parallèlement, il sera question d’un jeune Grec, Apostolos. Nous sommes en 1967, il a 18 ans, il est issu d’une longue lignée de paysans, et il quitte son village pour aller à Athènes faire des études. Déjà sensibilisé à la politique par Spiros, un instituteur en disgrâce pour cause d’opinions divergentes, c’est la rencontre avec la belle Marina, militante et passionnée, qui changera le cours de sa vie.

1967-1968, une année sous le signe de l’amour.

Mais également une année sous le signe d’un coup d’état aux terribles conséquences…

  Nous sommes encore sauvages, nous autres Grecs, et ressentons des choses qui vous échappent…

Voilà un roman triplement intéressant.

D’une part pour la rencontre avec un juge, personnage central que j’ai trouvé très attachant avec ses aléas familiaux, son humour teinté de flegme, ses interrogations et sa démarche intellectuelle. Cet homme dans la cinquantaine s’exprime à la première personne, et nous fait part des petits détails du quotidien, de son travail, de ses réflexions, d’une manière qui ne manque ni de charme ni d’élégance. Il aime sa famille, son métier, concilie le tout avec un certain art de vivre et un bon sens redoutablement efficace. Humain, cultivé, bon vivant… Cet homme est un « honnête homme » actuel dans la plus pure tradition du XVIIe siècle !

Ensuite, il y a le personnage d’Apostolos, son histoire bouleversante, qui permet au lecteur de se plonger dans le contexte de ces dramatiques années de dictature, de résistance, et de coups d’état. Des faits peu ou mal connus, qui se sont déroulés il n’y a pas si longtemps, et aux séquelles actuelles. Instructif, poignant… et édifiant !

Puis enfin, l’enquête elle-même. Dont je ne parlerai pas car ce serait prendre le risque d’en dire trop. Mais les échanges entre le juge et le commandant ne manquent pas de piquant, et l’intrigue prend ainsi, au fur et à mesure, une belle épaisseur.

Il se dégage peu à peu de nombreuses interrogations, d’autres angles de vision.

  Là se pose le délicat problème du « comment juger en son âme et conscience ? »

  Une incitation à réfléchir sur le mode de fonctionnement de certaines démocraties, un livre bien construit, et qui mêle habilement histoire et Histoire.

Christine, (Blog : Bibliofractale )

Un été grec
André FORTIN
Éditions Jigal (polar)
286 pages ;
9 euros
(format poche, bonne prise en main, jolie première de couverture aux couleurs caractéristiques des Éditions Jigal, bref : aucune raison de vous en priver)

 

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