31/10/2013
Preuves d'amour, de Lisa Gardner.
Une chronique d'oncle Paul.
Des preuves marquantes...
Il n'est rien de plus frustrant pour un policier enquêtant sur un meurtre que de se retrouver sur une scène de crime saccagée. Surtout lorsque l'enquête qui se profile est délicate à gérer.
L'enquêtrice de la criminelle D.D. Warren qui appartient à la police municipale de Boston est alertée par Bobby Dodge, son ancien amant et enquêteur à la police d'état, pour se rendre immédiatement sur le lieu d'un crime concernant le meurtre d'un homme et la disparition d'une gamine. Mais elle ne comprend pas pourquoi cette insistance car en général les deux services ne se mélangent pas et reçoivent leurs ordres de leurs supérieurs hiérarchiques.
Le mort est un nommé Brian Darby, atteint de trois balles dans la poitrine. Seulement la coupable présumée n'est autre que sa femme Tessa Leoni, agent de la police d'état. Leur petite fille Sophie, six ans, a disparu.
Lorsque D.D. Warren et Bobby, à qui a été dévolu le rôle d'agent de liaison, arrivent sur place, les policiers piétinent le jardin enneigé allègrement. Shane Lyons, le collègue et ami de Tessa et représentant syndical, lui murmure à l'oreille des conseils. En attendant l'arrivée de l'avocat. D'ailleurs c'est Shane qui lui avait présenté Brian lors d'un repas en plein air chez lui. A l'époque Tessa avait déjà sa petite fille de trois ans, mais elle était célibataire. D'ailleurs personne ne sait qui est le père. Une alerte enlèvement est déclenchée.
D.D. Warren apprend par bribe la vie de Tessa. Brian, ingénieur sur un navire, partait en mer soixante jours, puis revenait à terre pour soixante jours, et ainsi défilait le temps. Sophie s'était entichée de celui qu'elle appelait papa. Tout le monde voyait ce couple d'un bon œil, mais il faut croire que tout n'allait pas forcément bien dans le ménage. Pour preuve les marques de coups que Tessa arbore sur le visage et une commotion cérébrale. Elle est emmenée d'urgence à l'hôpital. Mais en grattant dans le dossier de la jeune femme, D.D. Warren découvre qu'à l'âge de seize ans elle avait tué le frère de sa meilleure amie avec une arme à feu. Le mobile résidait dans une tentative de viol alors qu'elle couchait chez cette amie. Elle avait bénéficié de l'indulgence du juge lors du procès qui avait considéré que cette affaire relevait de la légitime défense. Ensuite elle était devenue alcoolique mais avait lâché la bouteille lorsque sa fille était née et avait travaillé d'arrache-pied afin de passer le concours d'entrée dans la police d'état.
D.D. Warren et Bobby se posent toutefois des questions, dont celle-ci primordiale et urgente à résoudre. S'il s'agit d'un banal (!) conflit dans un couple, qu'est devenue Sophie? D.D.Warren pense qu'il y a une entourloupe quelque part, mais laquelle. D'autant qu'en fouillant un peu plus, dans les comptes financiers du couple, de l'argent aurait transité entre banques, que Brian entretenait une addiction au casino qui lui aurait fait perdre des sommes d'argent dont sa femme n'était pas au courant. En fouillant encore un peu plus, un détournement aurait été effectué dans la caisse du syndicat au profit d'un compte opaque.
Dernière découverte par le médecin légiste, le corps de Brian aurait été congelé, ou enfoui dans la neige au moins durant une douzaine d'heures, ce qui modifie sensiblement l'heure du décès.
Durant les trois jours que se déroule l'enquête, D.D. Warren et Bobby vont tenter de remonter progressivement la piste de cet embrouillamini où tout se décante progressivement. Comme les multiples rideaux d'un théâtre qui s'entrouvriraient les uns après les autres pour enfin dévoiler une scène finale de toute beauté.
Tout tourne autour de Tessa, de cette jeune femme qui semble mener les enquêteurs où elle veut, pour des motivations dont ils ne comprennent que peu à peu le sens. Mais aussi autour de Sophie, la gamine dont D.D. Warren s'attache particulièrement à retrouver la trace, désirant plus que tout la retrouver vivante, car elle-même ressent dans son corps les débuts d'un changement auquel elle ne veut croire au début. Elle redoute d'être enceinte.
Le lecteur aura toujours un étage d'avance dans cette progression de l'intrigue par rapport aux policiers. Pour autant Lisa Gardner ne dévoile qu'avec parcimonie ce qui a précédé le meurtre puis la suite. Les chapitres se succèdent, écrits soit à la troisième personne, soit à la première personne le récit de Tessa étant en intercalé. Le lecteur devient obnubilé par cette intrigue parfaitement construite où tout s'emboite comme les pièces d'un puzzle qui se dévoile progressivement.
Il existe comme un mimétisme entre Lisa Gardner et Tessa car si l'on compare la photo de l'auteure qui figure sur le dos de la jaquette et cette phrase : Mes traits sont trop durs et même moi je me rends compte que je n'ai pas souri depuis longtemps, on ne peut que constater une grande similitude, physique entre la romancière et son héroïne.
A lire du même auteur : Les morsures du passé, La maison d'à côté et Derniers adieux.
Paul (Les lectures de l'oncle Paul)
Preuves d'amour
Lisa GARDNER
Collection Spécial Suspense,
éditions Albin Michel.
Parution le 3 octobre 2013.
448 pages. 20,90€.
10:37 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |