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26/02/2014

Sans crier gare surgit la nuit, de Bernard Pasobrola

sans_crier_gare.gifUne chronique de Cassiopée 

 Travail, sciences et vérité….

 Tout fout le camp !

Il n'y a plus de saisons, mais pas que....

Plus de respect, de dialogue, d'écoute, de travail, et j'en passe...

Je vois tout en noir ? Euh, à bien y réfléchir, certains jours, on n'est pas si loin de ce constat, qui n’a jamais prononcé les mots du début de paragraphe, lève le doigt.

Personne ? Je vous le disais....

 Donc, du temps de ma grand mère (et de la vôtre sans doute aussi), ce n'est pas vraiment que les choses allaient mieux, mais la solidarité était plus présente (enfin c'est ce qu'ils disent) et les problèmes d’insécurité n'occupaient pas la moitié des conversations....

 Que faire face à une société qui perd pied, où les gens ne savent plus comment agir, réagir, se positionner ; où la peur est parfois trop présente ?

 Dans un futur qui ne semble pas loin (et c'est pour cela qu'on a peur en lisant ce roman), l'auteur nous parle d'un parti politique qui face à une certaine désillusion provoquée par les autres, va rallier les citoyens en masse.

 « Travail, science et vérité », le salut viendrait-il des scientifiques ?

La proposition de posséder et mettre en place des thérapies pour corriger les dysfonctionnements moraux, permettant d'effacer les souvenirs traumatisants, de ne garder que le beau et de « programmer » les êtres humains à l'entraide, à l’empathie, peut paraître une (bonne ?) issue….

 Stéphane Anglade, en clinique pour soigner ses troubles de mémoire, va être confronté à plusieurs situations dérivant de cette nouvelle approche médicale. Parallèlement, il veut comprendre ce qui s’est réellement passé lors de l’attentat qui a coûté la vie à sa fille.

 Moniz, Freeman et Delgado, neurologues connus, que l’auteur cite à juste titre, étaient déjà allés loin en pratiquant ce qui deviendra la lobotomie. Delgado était persuadé que des signaux électriques, envoyés au cerveau de l’homme, pouvaient permettre de contrôler les émotions, les mouvements, l’humeur…alors de là à penser qu’un jour, l’homme soit « conditionné » à la bonté, il n’y a qu’un pas.

 Ce récit fait passer l’enquête au second plan, elle reste présente comme un léger fil conducteur mais n’accapare pas le lecteur. Nous sommes pris par cette ambiance angoissante qu’a très bien exprimée Bernard Pasobrola. On étoufferait presque tant on sent la présence, non pas de « Big Brother » mais de beaux parleurs manipulateurs qui se veulent rassurants. De plus, face à des personnes désabusées, quoi de plus simple que de présenter « la solution » ou, devant les hésitations de proposer d’essayer et de voir. Et comme disait (à peu près) Coluche : « C’est pas plus mal que si c’était pire »

 Neuf titres de chapitre travaillés autant que celui de l’opus lui-même, permettent de développer les différentes rencontres de Stéphane, de l’accompagner, lui et ceux qu’ils rencontrent, vers la compréhension. La récurrence de ses soucis de mémorisation, le rend attachant, bien qu’on reste « à distance » avec un œil froid, comme si on ne voulait pas trop se « pencher » sur tout ça, sans doute de peur d’y entrevoir une part de vérité….

 Bernard Pasobrola, dans son précédent roman, « écorchait » du vécu, tout en mettant cela sous l’étiquette d’une œuvre de fiction. Il récidive de belle manière, car une fois encore, on se demande si le domaine qu’il explore ne finira pas par devenir, dans pas si longtemps, réel.

De plus, à travers son texte, il a l’intelligence de ne pas juger, de ne pas prendre parti. Il énonce des faits, obligeant ainsi celui qui cherche à se cacher derrière les pages, à se positionner et à se dire « Et moi ? »…..

 Un roman qui va plus loin qu’une simple détente, un roman qui amène à se poser des questions, et surtout à trouver les réponses…..et à (se) bouger ….car….« L'inertie détruit la Vie. » Daniel Desbiens

 

 Titre : Sans crier gare surgit la nuit
Auteur : Bernard Pasobrola
Éditions : La vie du Rail (23 Janvier 2014)
Collection : Rail noir
Nombre de pages : 255
ISBN : 9782918758389

 

Quatrième de couverture 

 Le narrateur, un homme souffrant de troubles de la mémoire à la suite d'un accident cérébral, suit un traitement dans un luxueux Institut de neurothérapie aux environs de Grenoble. Sa fille a perdu la vie, six mois plus tôt, au cours de l'incendie criminel d'une galerie marchande, en plein centre de Montpellier. Attentat qui est loin d'être un acte isolé car la crise sociale s'aggrave et une vague de violence secoue le pays. Un nouveau parti s'engage à ramener le calme.

Ce projet présente-t-il un lien avec l'attentat de Montpellier ? L'Institut applique-t-il la fameuse thérapie ? Ce questionnement, allié à une série de troublantes rencontres, lance le narrateur sur la trace des assassins de sa fille. Périple haletant à travers des villes en pleine effervescence, son enquête s'avérera un véritable guêpier.

 

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