26/04/2015
Le commissaire Bordelli, de Marco Vichi
Pour celles et ceux qui aiment l’Italie.
Florence, 1963, mort suspecte à la villa.
Et dîner entre amis mercredi soir.
Poursuivons notre exploration régionale (et temporelle) des polars italiens.
Après la région des Pouilles visitée avec Gianrico Carofiglio, remontons vers le nord.
Entre Naples et Venise, entre les années 30 et celles d’aujourd’hui, entre le commissaire Ricciardi et le commissaire Brunetti, entre Maurizio de Giovanni et Donna Leon, il y a Florence, les années 60, le commissaire Bordelli et Marco Vichi.
« […] – Au cours de l’opération de vendredi, vous avez laissé échapper un certain nombre de criminels.
– On ne peut pas toujours être parfait.
– Non, non, Bordelli, vous n’avez pas compris, ou plutôt vous avez très bien compris. Vous ne les avez pas laissés filer, vous les avez relâchés après les avoir arrêtés.
– Ce doit être l’âge…
[…] – Je le comprends. Mais vous ne pouvez pas prendre la décision de laisser s’échapper des voleurs !
– Je n’ai pas laissé s’échapper des voleurs, j’ai juste relâché des pauvres types. »
Malgré toutes ces références à la Botte italienne, le commissaire Bordelli pourrait bien loger pas très loin du XIII° arrondissement d’Adamsberg : même si son côté fantasque ne vient pas tant du personnage lui-même que de ses fréquentations.
Une ex-prostituée comme bonne amie (un peu à la Pepe Carvalho), un chef cuistot qui a appris la cuisine internationale dans les geôles de différents pays, un inventeur fou amoureux des rats, un cousin qui préfère s’enfermer chez lui plutôt que de succomber au bonheur et se précipiter chez son amoureuse …
À 53 ans (en 1963) le commissaire Bordelli roule en coccinelle et pas en Fiat 1100 comme tous les italiens emballés, enthousiasmés et aveuglés par le miracle économique des années glorieuses de l’après-guerre, oubliant un peu vite les années noires du fascisme.
« [...]– Tu es fou !
– Bien sûr. Je suis fou parce que je refuse de condamner les pauvres gens et parce que je déteste ce pays ivre de rêves qui croit en la Fiat 1100.
– Quoi ? Tu es communiste ? » Bordelli secoua la tête. « Pour le moment, j’ai plus de facilité à déterminer ce que je ne suis pas. »
L’intrigue policière possède le charme délicieusement rétro des histoires d’Agatha Christie mais on s’y intéresse assez peu : l’enquête avance lentement au rythme nonchalant du commissaire qui se laisse porter par les événements et les rencontres.
Et tout comme l’auteur sans doute, on préfère s’intéresser aux amis du commissaire et au dîner qu’il leur fait préparer avec l’aide de son ami ex-taulard.
[…] « Toujours les mêmes questions : pourquoi Dieu permet-il le mal ? L’histoire est-elle l’œuvre de l’homme ou possède-t-elle une force autonome ? Et le temps ? Qu’est-ce que le temps ?
– Avant que j’oublie, voulez-vous venir dîner chez moi mercredi ? »
Pas mal d’humour, une écriture fluide et agréable finiront de nous convaincre que l’on tient là un excellent bouquin, à lire dès que les températures vont remonter.
« […] La chaleur s’était accrue et un air humide stagnait partout en ville. Désormais une odeur de spirales antimoustiques et de DDT imprégnait toutes les habitations. »
Comme il est souvent d’usage ici, on attendra la suite avant de décerner notre coup de cœur, mais nul doute que l’on reviendra visiter la Florence des années 60 en la charmante compagnie du commissaire Bordelli (cet épisode est le premier traduit en français d’une déjà longue série).
Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR
14:34 Publié dans 04. autres polars | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commissaire bordelli, marco vechi | Facebook | |
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