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11/10/2020

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi de Maurizio de Giovanni(Anime di vetro, Falene per il commissario Ricciardi)

9782743651312-xs.jpgUne chronique de Cassiopée

C’est dans la ville de Naples des années 30 que se déroule ce roman. Le commissaire Ricciardi se remet difficilement de la mort de sa fidèle Rosa, qui lui servait d’intendante, de maîtresse de maison. Elle le connaissait depuis toujours et il lui était attaché comme à une mère. Il se sent seul, perdu, et ne sait plus comment continuer à avancer. Même son métier qu’il exerce avec talent, malgré des méthodes bien à lui, semble l’ennuyer.

La visite soudaine, surprenante, de la comtesse de Roccaspina va le remettre sur les rails. Elle lui demande rouvrir un dossier classé depuis plusieurs mois, qui la concerne de près. En effet, son époux s’est accusé du meurtre d’un usurier qui lui prêtait de l’argent et est en prison dans l’attente de son procès. Mais elle, sa femme, Bianca, est sûre d’un fait : il n’a pas quitté la maison la nuit de l’assassinat donc ça ne peut pas être lui ! Elle veut donc que le commissaire aidé de son fidèle adjoint, le brigadier Maione mène une nouvelle enquête. La difficulté principale est que tout cela ne peut pas être officiel, il va falloir agir en sous-main, discrètement, d’autant plus que les surveillances des fascistes sur les policiers sont importantes.

Après avoir hésité, Ricciardi accepte l’affaire, c’est sans doute ce qu’il lui fallait pour repartir de l’avant. Il est bien conscient de mettre sa carrière en danger mais il passe outre. Pourquoi le compagnon de Bianca ne réfute-t-il pas ses aveux ? Quel est l’enjeu pour lui de camper sur ses positions ? Comment le commissaire peut-il le faire parler ?

Ricciardi et Maione vont essayer d’interroger en catimini diverses personnes, toutes liées de près ou de loin au prêteur décédé. Sa femme, sa fille, les religieuses dont il faisait les comptes …. Avec tous ces éléments, la personnalité du mort se précise mais est-ce que ce sera suffisant pour élucider l’énigme de sa disparition ?

Je ne connaissais pas cet auteur et je suis sous le charme de son style et de son écriture (merci à la traductrice !). Il y a des passages emplis de poésie, de lyrisme.
« La peur du dehors rendra meilleure la chaleur du dedans, entretenue par les douces couvertures et l’odeur du bois brûlé diffusé par les poêles. »
La musique est présente comme un fil conducteur, avec une chanson qui peut expliquer les réactions du commissaire face aux femmes. Elles sont plusieurs à graviter autour de lui et chacune à une place particulière et des liens avec cet homme. Les rêves, les pensées de quelques-uns des protagonistes ont également une importance capitale et sont retranscrits avec beaucoup de verve.

J’ai aimé l’atmosphère de cette intrigue, cette espèce de nostalgie qui vibre entre les lignes. J’ai admiré les déductions du commissaire, comment il s’empare d’un regard, d’une phrase banale, d’un fait pour tirer des conclusions. Il est « pointu » dans sa façon de mener un entretien, de pousser plus loin la réflexion. L’ambiance des années 30 en Italie, avec la suspicion, les surveillances, les dénonciations, a aussi son importance. Ricciardi est un homme atypique, qui a du charme et qui a un petit quelque chose de caché, de secret, qui donne envie de mieux le comprendre. C’est pour moi une première lecture de Maurizio De Giovanni et de son personnage récurrent mais c’est certain, j’y reviendrai !

Traduit de l’italien par Odile Rousseau
Éditions : Payot & Rivages (7 Octobre 2020)
ISBN : 978-2743651312
402 pages

Quatrième de couverture

Traversé par une crise existentielle, le commissaire Ricciardi se sent incapable de s’ouvrir à la vie. La belle et hautaine Bianca, comtesse de Roccaspina, implore Ricciardi de rouvrir une affaire classée. Dans l'atmosphère tendue de l'Italie des années 1930, où Mussolini et ses voyous fascistes surveillent la police de près, une enquête non autorisée est un motif de licenciement immédiat. Mais la soif de justice de Ricciardi ne connaît pas d’apaisement.