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16/04/2021

Le rouge et le brun, de Maurice Attia

attia.jpgUne chronique de Cassiopée

Avant, Paco était flic. Malgré le danger il aimait ça, chercher, traquer ceux qui avaient fait du mal et ressentir la peur dans ses entrailles. C’est comme ça qu’il existait. Et puis, il a vécu des trucs tellement durs qu’il a pris du recul et le voilà journaliste, Il regarde des films et les commente, pas de quoi être emballé mais bon, de temps en temps il fait des chroniques judiciaires. Avec cette nouvelle activité, il reste plus à la maison. Et ça, ça ne lui va pas, son couple s’en ressent. Pourtant il l’aime sa belle Irène, ils ont survécu ensemble et avancent vaille que vaille. Mais le manque d’action est bien réel, rien pour pimenter le quotidien… Alors il propose à son journal de se rendre à Rome pour faire quelques articles sur Aldo Moro (membre de la démocratie chrétienne) qui vient d’être enlevé par les Brigades Rouges (on est en 1978). Le voilà parti, laissant femme et enfant en France. Sur place, il fait des rencontres, il observe et son ancien boulot le rattrape. Assistant à des faits de fuite après violence, il mène l’enquête et s’attarde en Italie. Une façon comme une autre de ne pas rentrer tout de suite, de faire le point, de vivre autre chose….

Pendant ce temps, Irène d’abord confiante, finit par se poser des questions. Elle a le sentiment que Paco s’éloigne, qu’il omet des détails, qu’il ne lui dit pas tout….et cela installe un malaise lors de leurs conversations au téléphone. Décidant de faire quelque chose, elle profite de cette absence pour se plonger dans un manuscrit écrit par son père (qui s’est suicidé). Dans cet écrit, il relate des événements de 1899 lorsque le siège du journal « L’Antijuif » a été assiégé. Y-a-t-il dans ce récit des informations liées à l’histoire de sa famille ? Ce qu’elle découvre, est-ce de la fiction ou la réalité, un mélange des deux ?

Ces deux aspects du roman auraient pu être séparés en deux livres mais il est intéressant de les avoir regroupés. Quelle que soit l’époque, les extrémistes en politique ont fait des dégâts, le dialogue a été difficile avec eux comme le démontre Maurice Attia et puis, on suit l’évolution du couple, chacun à la recherche de ses besoins et de la place qu’il veut donner à l’autre.

Ce recueil est rythmé (entre les chapitres sur Paco et Irène) par des courriers écrits par Aldo Moro qui sent, petit à petit, que tout le monde le lâche, ainsi que des réflexions d’Irène. Aldo est un  homme généreux qui voit une mort violente se profiler. L’auteur ne juge pas le gouvernement italien, les médias, la police, il relate des faits, les analyse avec minutie. Son approche est historique mais également très humaine à travers la vie de ses personnages qui sont confrontés à de forts questionnements intérieurs sur le sens de leur vie, de couple et autre.

Maurice Attia ferre le lecteur avec des individus attachants, qui nous ressemblent avec leur force et leurs faiblesses. Il nous rappelle que rien n’est jamais gagné, qu’il faut croire en la vie pour avancer. Une trame faite d’événements réels captivante complète cette présentation. J’aime son écriture teintée de désespérance, de poésie, agrémentée de nombreuses références (notamment aux films). J’apprécie son approche des caractères, des tourments qui animent ceux qu’il évoque. Il creuse dans leur personnalité pour nous offrir un panel complet de chacun. Mais quand on referme la dernière page, il vaut mieux éviter de se regarder dans un miroir car la question « qui suis-je vraiment » nous sauterait au visage….

Éditions : Jigal (20 Février 2021)
ISBN : 978-2377221059
297 pages

Quatrième de couverture

1978. Pour échapper à la routine, Paco Martinez, ancien flic, désormais chroniqueur judiciaire et critique de cinéma au Provençal, parvient à convaincre sa rédaction de l’envoyer à Rome pour couvrir l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades rouges. Simultanément, Irène, sa flamboyante compagne, va enquêter sur l’histoire de son père, après avoir découvert dans le grenier familial orléanais un manuscrit, rédigé par lui. Il y narre un épisode oublié de 1899, le siège du grand Occident de France, dirigé par Jules Guérin, patron de l’Antijuif, hebdomadaire vendu à 200 000 exemplaires, et accusé de sédition.