09/07/2023
Fous de couleur opposée, de Jacques Teissier
Une chronique de Cassiopée
Les artistes sont des « personnages » à part entière avec leur bizarreries et Julia ne déroge pas à la règle. Elle s’est isolée dans les Cévennes où elle vit seule à Clairbrume, dans un coin loin de toi, sans contact. Elle se consacre à ses œuvres de sculpture et aux araignées qui ont un rôle important dans son art. Miguel, un joueur d’échecs en fuite, recherché par la police, est allé chez elle. Pourquoi ? La connaissait-il ? Comme il ne donne plus de nouvelles, son ex-compagne, Ana, se rend chez Julia. Elle trouve la maison ouverte et déserte. Elle décide de s’installer en attendant le retour de la propriétaire qui ne doit pas être bien loin….
Dès les premiers instants, Ana a une étrange impression. Comme si l’atmosphère était lourde de non-dits, de troubles divers. Il y a les créations de Julia, étranges, particulières, mettant presque mal à l’aise et encore Ana n’a pas accès à tout. Elle ne sait comment interpréter ce qu’elle découvre. Et puis, des bruits laissant supposer que quelqu’un est là alors qu’elle ne rencontre personne…
La jeune femme est troublée mais elle ne repart pas pour autant. Elle a besoin de comprendre. Et voici que des éléments apparaissent au fil des jours…. Elle décide de rester afin d’avoir toutes les pièces du puzzle mais en agissant ainsi, ne va-t-elle pas de se mettre en danger ? Elle prend des risques énormes, qu’elle ne mesure pas.
Ce roman est presque un huis clos car l’essentiel est mis en place avec peu d’individus dont certains qu’on ne verra pas mais dont on parlera. Le lecteur est pris dans cette ambiance troublante, quelques doutes apparaissent, on n’ose croire au pire…. Au fur et à mesure, la situation se tend, Ana ne sait pas comment agir mais elle est opiniâtre, volontaire et décide d’aller au fond des choses.
Jacques Teissier tisse une intrigue de qualité avec plusieurs entrées. On a d’autres approches des événements que celle d’Ana, par l’intermédiaire de documents qu’elle trouve dans la maison et auxquels nous avons accès. Pour le lecteur, différentes pistes de réflexion sur le devenir des protagonistes, les liens qui les unissent ou pas, ce qu’ils recherchent, se dessinent. On s’interroge. On se penche également sur les limites de l’art, sur la passion qui peut devenir destructrice, sur les joueurs de haut niveau qui consacrent leur vie à gagner, ne vivant que pour ça.
Son écriture est posée, précise dans le vocabulaire bien choisi et la formulation. On comprend aisément qu’il s’est documenté sur « les filles » de Julia avant d’écrire. Il n’y a pas pléthore d’actions, ni de rebondissements, mais on ressent la suspicion, la défiance des uns et des autres. Des indications sur le passé permettent de comprendre ce qu’il s’est passé et d’avoir une vision d’ensemble.
Ce roman original m’a beaucoup plu. J’ai apprécié les différents thèmes abordés et la façon dont ils sont traités. Pour moi la grande force de ce récit réside dans l’atmosphère presque étouffante, collante comme une toile d’araignée qui nous recouvrirait et dont il serait nécessaire de s’extirper ….
Éditions : BOD (29 Mars 2023)
ISBN : 9782322146543
240 pages
Quatrième de couverture
Julia, artiste plasticienne renommée, vit en recluse depuis douze ans en recluse à Clairbrume, au cœur des Cévennes, et partage sa vie entre ses deux passions, la sculpture et les araignées. Miguel est meilleur joueur d'échecs de sa génération. Ancien Champion du monde, il est recherché par toutes les polices, que vient-il faire chez Julia ? Ana, journaliste échiquéenne et ex-compagne de Miguel, rejoint elle aussi Clairbrume. Pourquoi trouve-t-elle la maison déserte ? Alors qu'elle commence à percer les secrets du passé, le danger rôde autour d'elle.
22:56 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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