21/01/2012
Le mystère de la chambre 51, de Martha Grimes
Une chronique d'oncle Paul
Célébrité locale, Emma Graham, âgée d’à peine douze ans, rédige de petites chroniques pour le Conservative, journal de la région. Elle est attirée par les mystères qui jonchent ce coin retiré du Maryland, non loin de la Virginie Occidentale. Et si elle a acquis cette petite renommée c’est parce qu’elle a démêlé quelques affaires de meurtres qui ont eu lieu dans la région et dont elle a failli être victime. Mais en ce moment, ce qui la turlupine c’est l’enlèvement non résolu d’un bébé vingt ans auparavant dans une chambre de l’Hôtel Belle Rouen, surnommé depuis Belle ruine à cause de son aspect délabré, de ses décombres.
L’enfançon de quatre mois, appelé Fay par ses parents Imogene et Morris Slade, a disparu et Emma tente de remonter à la source, se renseignant à droite, à gauche, auprès de personnes qui ont eu un lien avec cette disparition. En premier lieu sa grand-tante Aurore Paradise, est une nonagénaire à la mémoire intacte et qui apprécie les cocktails fortement alcoolisés imaginés par Emma. Elle vit à l’hôtel Paradise, où travaille la mère d’Emma en tant que cuisinière, Emma comme serveuse pour les déjeuners, son frère Will à la réception, lorsqu’il disponible. Car Will et son ami Mill ont transformé le grand garage en théâtre où ils répètent des pièces qu’ils écrivent au fur et à mesure de leur inspiration, en compagnie du petit Paul toujours perché sur une poutre. Emma glane ses renseignements aussi auprès de monsieur Root qui passe son temps à éduquer les frères Wood qui ont de sérieux problèmes d’élocution. Elle importune sans en avoir l’air les piliers de bar du café local ainsi que l’adjoint du shérif, qui est le petit-fils de l’ancien shérif qui avait eu en charge ce mystère de disparition. Et aussi l’ancienne baby-sitter et son amie qui lui avait téléphoné juste au moment ou l’enfant avait disparu. Disparu vraiment ? Kidnappé ? Cette hypothèse n’est pas du goût de tous. D’ailleurs il existe des divergences entre certaines dépositions. Selon certains Fay aurait eu quatre semaines, selon d’autres quatre mois. Une différence de taille. Et puis les parents n’ont pas réellement emboîté le pas au postulat de l’enlèvement. D’ailleurs depuis ils ont disparu.
Emma parcourt la région, allant de La Porte où elle réside, à Spirit Lake, Hebrides, Crystal Spring, Cold Flat Junction et autres petites localités à bord d’un taxi qu’elle paie sur ses propres fonds. Elle se délecte de beignets au chocolat glacé recouvert de vermicelle qu’elle achète dans les bars qu’elle fréquente régulièrement ainsi que des milkshakes que lui offre généreusement la serveuse. Accessoirement elle aide sa mère à l’hôtel qui héberge deux vieilles dames à temps complet. Emma se défoule sur l’une d’elle en ajoutant par exemple des piments dans sa salade et autres ingrédients susceptibles d’enflammer la gorge de la vieille dame. Mais elle pense être en présence de l’enfant, devenue jeune fille, dans des photos de premières pages du journal, la représentant en silhouette se confondant dans le décor. Mais également derrière un stand où elle vend des sodas de sa composition.
Jusqu’au jour où un jeune adolescent fait irruption dans le village. Ralph Diggs, s’appelle-t-il, mais il préfère qu’on le nomme Raph. Il est embauché à l’hôtel Paradise comme réceptionniste. Emma est intriguée mais un nouveau fait agite la population. Morris Slade revient de nulle part, seul au volant d’une voiture de sport. Et le train-train quotidien est bousculé lorsqu’un meurtre est découvert.
Un roman qui m’a fait curieusement pensé à celui d’Alan Bradley, La mort n’est pas un jeu d’enfant, dans lequel une gamine enquête elle aussi sur des meurtres et des disparitions. Les similitudes sont nombreuses mais toutefois de grandes différences existent aussi. L’histoire se déroule dans les années cinquante et on est ébahi par l’intelligence vive d’Emma, son indépendance, mais aussi par son côté péronnelle, chipie, taquin, un peu pervers, impertinent, sûr d’elle et cachotier, insolent souvent. Des références à Perry Mason mais aussi aux acteurs des films de l’époque comme Gary Cooper et quelques autres parsèment ce roman déboussolant. Le lecteur entre dedans comme s’il entrait dans un théâtre au cours d’une représentation et en partait avant la fin.
Comme le pense Emma à la fin du récit, Moi-même, je connaissais une partie de celle-ci, mais il demeurait des zones d’ombres. Souvent, on peut reprocher au traducteur d’accumuler les notes en bas de pages. Ici c’est tout le contraire. On aurait aimé que ces notes, concernant les affaires précédentes vécues par Emma, fussent présentes, ce qui aurait facilité la lecture et surtout la compréhension.
Le mystère de la chambre 51.
Martha GRIMES
(Fadeaway girl – 2011. Traduction de Nathalie Serval). Collection Sang d’encre.
Presses de la Cité.
432 pages. 21€.
Présentation de l'éditeur
Le monde des adultes vu par les yeux d'une enfant : Emma Graham, douze ans, apprentie détective dans l'Amérique profonde des années 1950. Devenue une célébrité à Spirit Lake, la jeune Emma s'efforce de mener de front la rédaction du feuilleton relatant ses aventures - réclamées avec insistance par le directeur du journal local - et l'enquête sur l'enlèvement de la petite Fay Slade à l'hôtel Belle Rouen, vingt ans plus tôt. Deux événements vont compliquer la tâche d'Emma : le retour du très séduisant Morris Slade, le père du bébé enlevé, objet de tous les fantasmes et commérages, ainsi que l'embauche d'un nouveau groom à l'hôtel Paradise, Ralph Diggs, dont le visage d'ange pourrait cacher d'obscurs desseins...
10:08 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |