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19/02/2019

La prière du Maure d'Adlène Meddi

 

216_photo_prod.jpgUne chronique de Cassiopée

Uppercut !

On est au début des années 2000, à Alger, après dix ans de lutte sanglante, la « décennie noire » qui mit la ville et le pays à feu et à sang. On pourrait se dire que les gens sont tournés vers l’avenir, heureux que tout cela soit derrière eux mais il n’est en rien. L’auteur nous entraîne de l’autre côté du décor, loin des clichés d’Alger la Blanche, calme et ensoleillée.

Djo est un commissaire à la retraite. Il a donné comme on dit et maintenant il tente d’oublier, de se faire oublier et voilà qu’un appel le remet en route. Un jeune homme a disparu et on lui demande d’activer ses réseaux pour le retrouver au plus vite. Lui, il voudrait qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse tranquille, vivre sa vie mais c’est impossible. Djo doit enquêter car il a une « dette » et il veut rester fidèle à sa parole. En faisant cela, c’est comme s’il mettait le pied dans un nid de guêpes qui toutes vont se mettre à tourner autour de lui, prêtes à piquer et plusieurs fois s’il le faut. Les flics sont surveillés, corrompus, personne n’a confiance en personne et on ne sait à qui se confier, qui croire ou écouter. C’est une course contre la montre, pour gagner la vie, qu’engage Djo. Mais les temps sont durs, très durs…. Le pays est encore sous le coup du chaos, rien n’est résolu.

« Puisque tout le pays s’était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire de police à la retraite, qu’à se hisser vers le haut ? En criant. Criant plus fort que sa chute. »

Les services secrets, politiques, policiers, tous sont « contrôlés » soit en introduisant des hommes qui, sous le couvert, de leur mission, surveillent les autres, soit en persuadant les plus faibles qu’ils n’ont pas le choix et qu’il faut obéir et faire ce qu’on leur dit. Violence, trahison, complot, dénonciation, cabale etc … tout est là et nous fait frissonner …

La langue sèche, âpre, vibrante d’émotion contenue d’Adlène Meddi est tour à tour poétique, claquant presque des rimes et puis grondante, comme un orage quand le tonnerre se fait entendre avant de monter en puissance….jusqu’à ce que la pluie vous tombe dessus, vous laissant pantois et presque dans l’impossibilité de réagir devant ce tumulte. Il nous frappe en plein cœur, nous laissant à peine souffler car en peu de pages, tout est dit …. même l’indicible, l’inconcevable…..

Ce roman m’a scotchée,  il est pour moi, presque un témoignage tant il parle « vrai », d’ailleurs l’auteur est journaliste alors … de la fiction à la réalité de terrain….il n’y a que quelques pages …..

 

Éditions : Jigal (15 Février 2019)
192 pages

Quatrième de couverture

" Le cortège des berlines blindées serpentait dans la nuit et le brouillard. A travers les roseaux muets, suintaient les lumières des phares. Faisceaux jaunes mordant l'obscure vapeur des enfers... Et Dieu lui-même semblait avoir déserté... " Alger, les années 2000. Un jeune homme disparaît. Pour régler une dette, Djo, commissaire à la retraite – entêté, solitaire et amoureux – reprend du service et réactive ses réseaux. L'enquête devient une inquiétante course contre la mort, les fantômes d'une époque que tous croyaient révolue ressurgissent.