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09/01/2020

Aux armes, de Boris Marme

Aux armes.jpgUne chronique de Cassiopée

Coupable ou non-coupable ?

Boris Marme est français mais il situe l’action de son roman aux Etats-Unis. Sans doute, parce que tout enfle plus vite dans ce pays de la démesure…. Avec une écriture choc, des phrases courtes, parfois sans verbe, il nous fait rentrer au cœur de l’action dès les premières pages.

Wayne Chambers est un officier de police affecté à la surveillance d’un grand établissement scolaire américain. Dans ce lycée, il lui arrive d’être appelé dans le bureau du directeur pour faire la « leçon » à des jeunes ayant fait une bêtise. Il s’acquitte de son rôle, prend sa grosse voix et les renvoie dans le droit chemin. Son quotidien est assez tranquille jusqu’au jour où…..

Nicholas, son collègue l’appelle. Des bruits de pétards viennent d’éclater dans un des bâtiments. Pétards ou tirs ? Et si c’était une fusillade ? L’alarme résonne, ne cesse pas, on entend des coups de feu ou du moins ça y ressemble fort, il faut lancer le « Code Red »….. Le code rouge d’habitude, c’est pour de faux, pour s’entraîner. Le genre d’exercices qui fait sourire les lycéens… Mais là, Wayne doit l’annoncer, le mettre en place. Il court, il dit à Nicholas de ne pas bouger, qu’il va aller voir ce qu’il se passe, il se précipite vers le bâtiment, près à rentrer et là …..

Plus rien, un blanc, le vide………… Un homme immobile, l’arme à la main, un officier inutile ? Il ne sait plus, le bruit est trop fort, le choc le paralyse…et il reste à l’extérieur, en dehors du drame qui s’est joué dans les couloirs, dans les classes ….

Au début les yeux sont rivés sur la tragédie, les morts, les blessés puis la question se pose. Qu’a fait l’officier de surveillance ? A partir de ce moment-là, les médias, les réseaux sociaux, les gens se déchaînent, Wayne peut devenir le bouc émissaire, celui qui a « failli », qui n’a pas agi comme il aurait dû. Cacher sa honte, faire face, essayer de se justifier ? Quelle que soit la position adoptée il sera lynché par la vindicte populaire et comme il se doit, ce que les personnes ne savent pas, elles l’inventeront, quitte à transformer la vérité…. Alors ? Coupable ou non coupable ? 

Habilement, l’auteur par quelques retours en arrières, nous explique comment Wayne est arrivée à ce poste, qui est sa mère, qui était son père. Boris Marme offre également des regards croisés sur cet homme. Sa mère, l’avocat qu’elle embauche, les collègues, le maire, la presse, la radio, la télé…tous s’en mêlent, s’expriment  …. On voit combien les paroles des uns et des autres peuvent inverser une tendance, modifier un jugement, un ressenti…La médiatisation des événements est un engrenage violent, dangereux, non maîtrisé…. C’est très bien présenté sans fioritures et on ressent vraiment la détresse de Wayne face à ce déferlement de brutalité.

J’ai trouvé ce recueil parfaitement maîtrisé et d’une justesse étonnante pour un premier récit. Le poids des mots est comme autant d’uppercuts que le lecteur prend en pleine face car difficile de ne pas se poser la question : « Et moi ? Qu’aurais-je fait à sa place ? »

« Il reste là de longs instants, à tenter de s’apaiser, de se délester de tout ça, mais il ne peut échapper à lui-même, cette chose s’est emparée de ses remords et les attise. »

Éditions : Liana Levi (9 Janvier 2020)
270 pages

Quatrième de couverture

Dans les couloirs d’un établissement scolaire américain, des bruits semblables à des tirs d’arme à feu résonnent subitement. Alerté, l’officier responsable de la surveillance, Wayne Chambers, accourt sur les lieux, mais demeure figé à proximité du bâtiment. Tétanisé, il hésite à en franchir le seuil. Quand la fusillade prend fin, il n’est pas entré dans les classes où sont étendus les corps de quatorze jeunes élèves, mais déjà réseaux sociaux et chaînes d’info s’emballent : la machine médiatique affûte ses armes.