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03/08/2014

Diables au paradis, de Franco Di Mare

 diables_au_paradis.pngUne chronique de Cassiopée.

  « Chacun doit supporter son destin avec patience… » Marcus Manilius

  Bien que le latin soit une langue morte, je l’apprécie beaucoup. Non seulement parce qu’il me permet de comprendre l’origine de certains mots mais aussi pour ces nombreuses citations.

 Le roman de Franco Di Mare, que l’on pourrait appeler « un polar érudit » mais ce serait un raccourci trop facile, est remarquable, par ce qu’il nous apporte de références littéraires (latines ou contemporaines) merveilleusement intégrées à l’intrigue. De plus, elles sont parfaitement adaptées aux situations décrites et donnent, en quelque sorte, une dimension supplémentaire au contenu. De ce fait, l’histoire qui aurait pu sembler banale, ne l’est plus du tout.

 Naples, « città bella », ensoleillée et ensorceleuse, va servir de décor à ce roman. Naples colorée, aux terrasses de café attrayantes (avec des suppli à déguster, miam), aux touristes qui se régalent mais également Naples, corrompue, aux camorristes (la Camorra est un système mafieux urbain) sans pitié (« Et n’oublie pas : une balle dans la tête pour être sûr qu’il soit mort… »), ne reculant devant rien et n’hésitant pas à faire table rase de tout…

 « Corrompus, les meilleurs deviennent les pires… »

 Le personnage principal est un jeune tueur à gages, diplômé d’un doctorat de philologie (étude d’une langue) romane, amoureux de sa copine (qui est professeur) et à qui il cache tout de ses activités. Comment un jeune docteur universitaire peut-il devenir un assassin et en vivre sans avoir mauvaise conscience ? Pourquoi Carmine a-t-il basculé de l’autre côté ? Ne comptez pas sur moi pour donner des détails et tout vous dévoiler. Un mauvais concours de circonstances et le fait de se sentir redevable ensuite. Le code d’honneur des personnes appartenant à un même groupe ou se sentant liées par un même secret. Tout cela le hante mais il se sent « coincé », il ne peut plus faire machine arrière. Heureusement, Lena, son amoureuse vive et dynamique, lui offre le « soleil » et quand il est avec elle, il oublie sa part d’ombre et profite de la lumière et de la légèreté du moment.

 Cloisonnant sa vie, Carmine pourrait continuer comme ça longtemps.

 Sa route croisera celle d’un rédacteur pour un quotidien local, Marco de Matteo, un homme épris de justice. Suite à un nouvel homicide, il cherche à comprendre le raisonnement du meurtrier. Il lui semble qu’au-delà du règlement de comptes spécifique à la Camorra, il y a un petit quelque chose de différent dans l’organisation de ce crime horrible.

 Le meurtrier et le journaliste vont tisser des liens improbables, un étrange dialogue :

 - D’après vous, que faut-il à un homme pour devenir un assassin ?

 - Les offenses qu’on lui a infligées, par exemple.

 Cette relation sera celle de deux hommes, capables de parler de la vie, de la mort, de la peur, peut-être capables de se comprendre ? Cette partie est un régal car on voit la progression du rapport humain et elle est accompagnée de beaucoup de citations qui aident le lecteur à mieux cerner les pensées de Carmine.

 L’écriture de Franco Di Mare est alerte et fluide, les dialogues ciblés et précis. Le parcours de chaque protagoniste est habilement mis en place. On peut éventuellement émettre un petit bémol sur ce qui se passe juste avant la fin à l’université (je n’en dirai pas plus pour ne pas raconter) mais cela ne gâche en rien la lecture ou l’intrigue et c’est un livre que j’ai beaucoup aimé.

 Sur la couverture, le pistolet côtoie la casserole aux douceurs culinaires et c’est bien de cela qu’il s’agit : les deux faces d’une ville …. ou d’une vie …..

  

Titre : Diables au paradis
Auteur : Franco Di Mare
Traduit par Marianne Faurobert
Éditions : Liana Levi (Mai 2014)
Collection : Policiers
Nombre de pages : 304
ISBN : 978-2867467264

 

 Quatrième de couverture

 Naples. Magique et terrifiante. Côté face, une des baies les plus spectaculaires au monde. Côté pile, des quartiers en décomposition. Le bien et le mal, indissolublement liés. Chacun, quel qu’il soit, participe à la corruption ou subit l’impitoyable machine à broyer du système mafieux.