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16/07/2016

Rien ne se perd, de Cloé Mehdi

rien_ne_se_perd.jpgUne chronique de Cassiopée.

Sans toi, il ne reste que le silence….

 C’est avec une écriture emplie de désespérance, de pudeur et de silences que l’auteur nous emmène dans le monde de l’injustice, des injustices. Celles, toute simples, qui, pourtant, changent le cours d’une vie…. Celles de la faute à pas de chance, de la mauvaise coïncidence…. C’est à cause de ce type de situations que Saïd est mort il y a quinze ans, que Mattia n’a plus de père et une mère aux abonnés absents…. Alors, il devient quoi Mattia ? Il est sous la tutelle de Zé qui vit avec Gabrielle…. Gab, sa compagne, c’est la solitude qui la nourrit, elle aime le silence, elle n’aime pas la vie, il faudra bien un jour qu’elle « parte » sans doute pour être elle-même, se sentir heureuse…. Zé, il déclame Lamartine et quand il devient poète, on sent que c’est un autre homme…. Tous les trois plus les autres individus croisés dans ce roman, ont une part d’ombre, de celles qui font tâche, qui collent à la peau, dont on ne se vante pas et qu’on essaie d’oublier…. Mais à essayer d’oublier, on se perd soi-même, sur d’autres routes, pas forcément les bonnes….

 Cloé Mehdi donne la parole aux cabossés de la vie, que certains appelleraient « les cas soc ». Si la vie s’était comportée mieux, ils ne seraient pas « ici et maintenant » à survivre plus qu’à vivre avec ces béances dans le cœur et l’âme….Mais c’est ainsi, alors Mattia,  Zé, Gab et tous les autres s’accommodent de leur présent, et on sent qu’il est tellement lourd qu’ils ne peuvent rien faire pour le changer… Non pas qu’ils soient résignés, des éclairs de « je veux autre chose, je lutte », viennent apporter une lueur ça et là. Mais le poids de la société, des événements passés, est important et « il gouverne » le présent. Comme une seconde peau dont personne ne peut (ne veut ?) se débarrasser…. Il est mort il y a quinze ans Saïd et même s’il y a eu une erreur judiciaire, l’histoire devrait être close… mais... il y a ses tags qui fleurissent « justice pour Saïd » qui rappellent que tout n’a pas été réglo… Il n’était pas né Mattia, il ne devrait pas se préoccuper de tout cela mais sa destinée et celles de ceux qu’ils aiment (pardon, il le sait, il ne faut pas aimer, pas s’attacher car on prend le risque de souffrir…), sont étroitement liées à celle de Saïd….

 Cloé Mehdi met en place un réseau fait de silences et d’économie de paroles, chaque mot a donc une résonnance très forte puisqu’il est choisi pour dire ce qui est juste, vrai sans jugement, sans apitoiement. Des faits, des actes, quelques phrases bien pensées, bien ciblées que vous prenez en pleine face, en plein cœur aussi et qui vous laissent en vrac dans votre canapé…. L’auteur flirte avec la « vraie vie », celle qu’on nous cache, qu’on ignore (ou on fait comme si), celle qui n’est pas la plus jolie à voir, celle qui dérange, interpelle, pose question… C’est du lourd, du beau comme on aime et cette jeune auteur a tout d’une grande… Pour le lecteur, c’est un récit puissant, d’une grande sobriété, qui laisse une trace, de celles, durable, que l’on n’est pas prêt d’oublier…

Rien ne se perd
Auteur : Cloé Mehdi
Éditions : Jigal (Mai 2016)
Collection : Polar
272 pages
ISBN : 979-1092016703
 

Quatrième de couverture

 Une petite ville semblable à tant d'autres... Et puis un jour, la bavure... Un contrôle d'identité qui dégénère... Il s'appelait Saïd. Il avait quinze ans. Et il est mort... Moi, Mattia, onze ans, je ne l'ai pas connu, mais après, j'ai vu la haine, la tristesse et la folie ronger ma famille jusqu'à la dislocation... Plus tard, alors que d'étranges individus qui ressemblent à des flics rôdent autour de moi, j'ai reconnu son visage tagué sur les murs du quartier. Des tags à la peinture rouge, accompagnés de mots réclamant justice ! C'est à ce moment-là que pour faire exploser le silence, les gens du quartier vont s'en mêler, les mères, les sœurs, les amis... Alors moi, Mattia, onze ans, je ramasse les pièces du puzzle, j'essaie de comprendre et je vois que même mort, le passé n'est jamais vraiment enterré ! Et personne n'a dit que c'était juste...