13/05/2011
Comme ton ombre, d’Elizabeth Haynes (chronique1)
Une chronique de Liliba
Chacun de nous a ses petites manies, ses lubies et ses gestes répétitifs qui rassurent. Mais chez Cathy, c'est bien plus que cela, quasiment des TOC et dès le début du roman on prend pitié de cette pauvre jeune femme empêtrée dans ses terreurs et qui n'arrive à juguler ses angoisses qu'en reproduisant maintes fois les mêmes gestes, les mêmes vérifications. On comprend assez vite que Cathy est terrorisée à l'idée qu'on puisse s'introduire chez elle et que, si parfois elle semble vraiment folle, ces manies ne sont en fait établies que pour qu'elle arrive à se calmer, avoir un semblant de vie normale. Plus que de la paranoïa, on sent que ses terreurs ont un véritable fondement, une raison secrète qu'elle même semble totalement occulter. Que lui est-il arrivé pour qu'elle soit ainsi, à vérifier 10 fois la fermeture de la porte de l'immeuble ou de l'appartement, ou bien la fenêtre déjà cadenassée des toilettes, à compter et recompter et ranger dans le bon ordre les couverts dans les tiroirs de la cuisine, à se tordre d'angoisse et dans les larmes dès qu'un évènement extérieur intervient dans sa vie bien réglée, comme ce nouveau voisin qui vient toquer à sa porte ?
Par comparaison, Catherine semble bien superficielle. Sa vie, une succession de sorties tardives dans les boites de nuit ou les bars, de rencontres avec des hommes de passage, de beuveries avec ses amies, parait bien creuse et futile. Elle est jeune, certes, et jolie également, mais on ne se prend pas d'amitié pour elle, on l'observe un peu de loin en pensant "toi, ma cocotte, si tu continues comme ça, tu finiras mal, ou bien il va t'arriver des histoires, tu vas faire de mauvaises rencontres..." Et on n'a pas tort.
Elizabeth Haynes, à travers ce roman, nous emmène dans un thriller psychologique haletant, qui ne vous laissera pas de répit tant que vous n'aurez pas eu le fin mot de l'histoire. Cathy et Catherine ont-elles un lien entre elles, seraient-elles une seule et même personne ? L'auteur nous ballade dans notre angoisse, qui monte au fil des pages pour finir en apothéose et en terreur pure. Car c'est dans l'horreur totale que nous sombrons bientôt, quand au fil des chapitres on comprend ce qui lie les deux jeunes femmes.
Le beau Lee, charmant, prévenant, amoureux, mais également mystérieux est-il bien l'homme de la vie de Catherine, celui avec lequel elle s'installera ? Sous le charme, elle succombe à la passion, mais ne peut cependant se retenir de se poser quelques questions. Un sixième sens lui indique que cet homme, dont ses amies sont jalouses tant il ressemble à l'homme idéal, n'est peut-être pas totalement celui dont il donne l'image. Mais jamais, jamais elle n'aurait pu imaginer ça...
J'ai dévoré ce roman en deux tous petits jours, tant j'ai été happée par l'histoire, bien que j'aie eu un peu de mal au début avec les dates et les deux personnages de femmes et que je n'ai compris les deux premiers chapitres qu'à la fin de ma lecture (mais c'est fait exprès, bien sûr). Le suspense va crescendo et l'angoisse monte, monte...
Sans trop vous dévoiler de l'histoire (mon Dieu, qu'il est difficile de chroniquer un polar, sans en dire trop !), je peux vous glisser qu'il s'agit ici de harcèlement, de violence psychologique portée à sa plus forte extrémité, sa folie totale. Cette ombre au dessus de Cathy-Catherine, c'est cette personne qui sans cesse la surveille, l'épie, la manipule, à tel point qu'elle en devient une marionnette et perd toute notion de sa propre personnalité. C'est terrible. D'autant plus qu'à mon avis, cela doit exister.
A lire !
Liliba : les lectures de Lili...
Vous pouvez lire une chronique de Wanda sur le même roman.
Comme ton ombre
Elizabeth Haynes
Presses de la Cité
330 pages
20,80 €
Présentation de l’éditeur
Imaginez qu'avant de pouvoir rentrer chez vous, vous soyez obligé de faire le tour du bâtiment afin de vérifier que tout est normal. Imaginez qu'une fois dans le hall de votre immeuble, vous deviez vous assurer six fois que la porte d'entrée est bien fermée. Un, deux, trois, quatre, cinq, six. Et que si vous êtes interrompu en plein rituel, il faille tout recommencer. Imaginez que, arrivé dans votre appartement, vous tourniez la poignée de votre porte six fois dans un sens, puis six fois dans l'autre pour vous sentir en sécurité. Que vous restiez plusieurs minutes derrière la porte, à l'affût du moindre bruit dans la cage d'escalier. Et que, tous ces contrôles effectués, vous commenciez une ronde chez vous. Fenêtres, rideaux, tiroirs, tout doit passer au crible de votre attention. Imaginez aussi que vous ne puissiez faire les courses que les jours pairs et pratiquer un sport les jours impairs, mais à condition que le ciel soit nuageux ou qu'il pleuve. Bienvenue dans l'univers paranoïaque de Cathy, une jeune Anglaise à qui la vie souriait jusqu'à ce qu'un soir elle fasse une mauvaise rencontre...
09:10 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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